L’adversaire de ces élections n’est pas Donald Trump, mais bien Facebook

À 32 jours de l’élection présidentielle, l’Amérique se réveille avec une énorme ‘gueule de bois’ au lendemain d’un premier débat, qui restera gravé dans l’histoire américaine comme un rare moment de ‘honte nationale’.

‘Les gens ont les dirigeants qu’ils méritent’, disait Joseph de Maistre, avant même que l’Amérique ne soit un pays. Si c’est vrai, l’état de la nation est loin d’être optimal. Le spectacle qui s’est tenu mardi à Cleveland n’était autre qu’une claque pour la nouvelle génération d’hommes politiques. Une génération qui – contrairement à la génération actuelle – est prête à écouter les autres et à apprendre des autres. 

La politique américaine a outrepassé ses frontières. Le débat n’a pas été qu’une insulte pour l’ensemble de l’Amérique. Il a aussi dégradé publiquement la plus grande économie et la plus grande puissance militaire de la planète.

Critiquer le système des votes

Les attaques du président actuel contre le système de votes sont d’autant plus inquiétantes. Ce n’est pas Biden qui semble être l’adversaire de Trump, mais l’élection elle-même. Et en répétant sans cesse que les votes à distance ne sont pas fiables, la moitié de l’Amérique finira par être convaincue qu’une grande supercherie se prépare.

Une série de questions reste pour l’heure sans réponse: 

  • Combien de téléspectateurs ont regardé le débat plus d’un quart d’heure ?
  • Combien de personnes ont décidé de changer de camp en fonction de ce qu’elles ont vu et entendu ?
  • Les femmes ‘blanches’ qui ont donné une ‘chance’ à Trump en 2016 sont-elles prêtes à en faire de même?
  • Quel est l’effet d’un tel déballage de mensonges et d’obscénités sur les jeunes qui ont visionné un débat présidentiel pour la première fois ?
  • Les États-Unis ont-ils encore besoin de deux rediffusions?
  • Une rumeur sur Facebook a massivement été diffusée au sujet de Joe Biden. Le candidat aurait porté une oreillette pendant le débat pour obtenir l’aide de conseillers en coulisses. La question n’est dès lors plus de savoir si Biden peut vaincre Trump, mais plutôt de savoir si Biden peut vaincre Facebook.

Aussi…

  • Si les deux candidats ont tous les deux leur part de responsabilité dans le désastre de ce débat, le président des États-Unis a lui-même terni l’image de sa propre fonction, des débats présidentiels et du processus électoral. Choquant certainement, étonnamment pas du tout
  • Trump semble aujourd’hui aigri et dépourvu de tout optimisme 
  • Conclusion: une personne qui remporte les élections de justesse peut exercer un impact lourd sur la politique d’un pays durant 4 ans, et il serait peut-être temps que ce système soit revu. Seul problème, 49% des Américains ne votent pas. 

Pour reprendre Bill Clinton qui s’est récemment exprimé sur le sujet: ‘(…) Si quelques dizaines de milliers de personnes, parmi ces 49%, ont saisi l’ampleur de la menace qui pèse sur les générations futures, le débat de mardi soir n’aura pas été vain’.

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