La sœur de Kim Jong-un a disparu de la liste des Nord-coréens les plus influents: que lui est-il arrivé ?


Lancée dans une folle ascension depuis plusieurs années, Kim Yo-jong faisait-elle trop d’ombre à Kim Jong-un ? Le mystère reste épais, mais les analystes estiment que sa grandissante aura aurait pu effrayer son frère. Toujours est-il qu’elle n’apparaît plus dans la liste des membres du Politburo nord-coréen.

Longtemps restée relativement méconnue, Kim Yo-jong a vu sa cote de popularité grimper en quelques années. Lorsque Kim Jong-un, s’est lancé dans une série de rencontres avec des leaders mondiaux – dont Donald Trump – au sujet de l’arme nucléaire, celle-ci s’est montrée très proche de son frère. Au point que de nombreux experts voyaient en elle l’une des personnes les plus influentes de Corée du Nord auprès de Kim Jong-un. L’agence d’espionnage sud-coréen avait même affirmé qu’elle était de facto devenue la numérodeux du pays.

En 2018, en assistant à la cérémonie d’ouverture des JO d’hiver de Pyeongchang, elle était devenue le premier membre de la famille nord-coréenne régnante à se rendre en Corée du Sud depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953). Cela lui avait valu d’acquérir la réputation de ‘messagère de la paix’ au Sud, bien que son discours soit devenu bien plus radical vis-à-vis de son voisin à partir de l’an dernier.

Au printemps dernier, Kim Jong-un a été victimes d’importants problèmes de santé. Plusieurs analystes avaient émis l’hypothèse que sa sœur prendrait la tête du pays si le Dirigeant suprême venait à en être empêché ou à décéder. Mais voilà que cette folle ascension subit un net coup d’arrêt.

Grosse surprise

La semaine dernière, le Parti du travail de Corée a ouvert un grand Congrès, le plus important du genre depuis cinq ans. A son terme, la nouvelle liste des membres du Politburo a été publiée. Le Bureau politique du Comité central du Parti des travailleurs de Corée, de son nom complet, est l’organe décisionnel suprême du parti. Comme l’explique AP, en faire partie est presque indispensable pour entrer au gouvernement et devenir un proche conseiller du Dirigeant suprême.

Devenue membre suppléante du Politburo l’an dernier, Kim Yo-jong n’était que la deuxième femme à y parvenir. Seule sa tante Kim Kyong-hui y avait eu droit précédemment. La sœur de Kim Jong-un devait, selon les spécialistes, devenir un membre titulaire du bureau cette année. Or, ce n’est pas le cas. Elle n’apparaît plus du tout dans la liste des 30 membres du Politburo.

Ce mercredi, Kim Yo-jong a prononcé un discours contre la Corée du Sud. Les médias étatiques l’ont nommée comme ‘vice-directrice de département’ du parti, un rang inférieur à son précédent titre de ‘première vice-directrice de département’. Elle reste membre de la Commission centrale, mais apparaît comme rétrogradée.

Kim Jong-un a-t-il pris peur ?

En charge des relations avec la Corée du Sud, Kim Yo-jong aurait pu également devenir la principale responsable des relations avec les Etats-Unis. Il n’en sera rien. Si certains analystes estiment que cette exclusion du Politburo est liée à des échecs politiques, d’autres pensent qu’il s’agit surtout d’une stratégie permettant de ralentir son ascension.

‘L’objectif du congrès est de consolider le leadership de Kim Jong-un. Si Kim Yo-jong était devenue membre à part entière du Politburo, tous les yeux auraient été tournés vers elle… et Kim Jong-un a probablement ressenti cela comme un fardeau’, a déclaré Ko Young-hwan, ancien directeur adjoint de l’Institut pour la stratégie de sécurité nationale, un groupe de réflexion dirigé par l’agence d’espionnage sud-coréenne.

Notons que le congrès du PTC avait pour but de dresser les contours des prochaines politiques du parti. La Corée du Nord a connu une année 2020 difficile, marquée par les conséquences économiques de la pandémie de coronavirus et par une série de catastrophes naturelles. Le pays a aussi dû faire face aux sanctions américaines suite à la poursuite de ses recherches dans l’armement nucléaire illicite. Kim Jong-un a annoncé que la Corée du Nord allait poursuivre l’élargissement de son arsenal nucléaire et qu’elle devait renforcer l’autonomie de son économie.

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