La crise du transport maritime paralyse maintenant le rail américain

La hausse de la demande de conteneurs venus d’Asie a créé un immense embouteillage. D’abord maritime, il remonte à l’intérieur des terres en suivant les voies de chemin de fer. Chicago est paralysé, et Memphis pourrait suivre.

La pandémie aura eu, jusqu’au bout, des effets inattendus qui se bousculent et s’entrainent comme des dominos. En faisant exploser les achats en ligne, elle a indirectement accru le volume de fret acheminé d’Asie vers le reste du monde. Une hausse qui se combine avec la reprise économique pour faire monter en flèche le prix du transport par conteneur à l’échelle internationale. Le prix moyen de l’expédition d’un conteneur de douze mètres par bateau a plus que quadruplé, et les effets de cet engorgement commencent à se faire sentir ailleurs dans le monde. Jusqu’à, parfois, très loin des côtes.

C’est le cas aux États-Unis, où le port de Longbeach, dans le comté de Los Angeles, a vécu le plus grand embouteillage de son histoire en mars dernier. Les navires s’accumulaient, parfois par dizaines, attendant tous d’être déchargés de leurs conteneurs. Des centaines de conteneurs pour chaque cargo. Sauf que ces cubes de métal, il faut ensuite les acheminer vers leur destination finale. Et c’est là que ça se complique, car l’embouteillage ne se dilue pas à la sortie du goulot d’étranglement que forme un port, bien au contraire.

Un pays bâti sur le rail

On peut dire que les États-Unis d’Amérique ont été construits grâce au chemin de fer, qui a permis de traverser les immenses étendues de l’ouest américain et de relier l’Atlantique au Pacifique. C’est d’autant plus vrai pour Chicago, la grande cité industrielle qui se dresse au nord des grandes plaines agricoles du Midwest. Car c’est là que convergent les sept voies de classe I des USA, les itinéraires de marchandises les plus utilisés et les plus rentables du pays.

Une situation qui n’est pas neuve, la ville a quasiment été construite en ce sens, selon John Russick, du musée du rail de Chicago: « Si vous vivez dans le New Jersey, ou en Californie, vous n’y pensez probablement pas, mais il y a de fortes chances que les objets ou les matériaux qu’on trouve dans votre maison soient passés par les rails de Chicago. »

Dans la crainte des fêtes

La situation est donc fort chaotique dans les gares de la ville : ce sont des milliers de conteneurs qui s’accumulent, attendant qu’on les charge sur des camions pour continuer leur voyage d’un bout à l’autre du pays. Et le calendrier n’est pas près d’annoncer une accalmie car, les vacances terminées, ce sont les commandes des magasins pour les fêtes, Halloween puis Noël, qui vont s’ajouter au trafic habituel des marchandises. L’Association ferroviaire américaine ne s’attend pas à voir les flux retomber avant la fin de l’année. Un problème qui pourrait encore s’étendre : l’autre grand nœud ferroviaire américain, Memphis, commence aussi à accuser des signes de surrégime. Au risque que les retards continuent à s’accumuler, voire que des pénuries se manifestent pour certains produits dont la demande mondiale est forte.

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