La fin des voitures thermiques pour 2035, vraiment ? Rien n’est encore acté, et l’Allemagne est en bonne voie pour faire modifier le texte

Il y a un mois, les députés européens votaient pour l’interdiction de la vente de véhicules à combustion interne au sein de l’UE à partir de 2035. En réalité, la loi n’a pas été totalement entérinée. L’Allemagne est en train d’œuvrer pour faire modifier le texte, et elle n’est pas seule.

Pourquoi est-ce important ?

Cela fait plusieurs mois que des responsables du gouvernement allemand (pas ceux issus des Verts) font part de leur désapprobation à l'égard de la fin des voitures thermiques pour 2035. Un rejet surtout lié au fait que le pays abrite plusieurs géants automobiles qui sont, eux aussi, opposés au texte. Et quand la plus grande économie du bloc se manifeste, en général, on l'écoute.

Dans l’actu : l’Allemagne est en train d’obtenir ce qu’elle désire.

  • Selon les informations du Handelsblatt, l’Allemagne est en passe de réussir à faire amender le texte de l’UE sur la fin des véhicules thermiques pour 2035.
  • On ajouterait au texte quelques éléments permettant d’autoriser la vente de véhicules fonctionnant avec du carburant neutre en carbone.

Le contexte : vote reporté.

  • Après un vote du parlement européen en février, on aurait pu croire que l’interdiction de la vente de véhicules thermiques à partir de 2035 était actée. Il suffisait alors que le Conseil de l’UE ajoute son feu vert à son tour, ce qui est habituellement une formalité. Mais pas ici.
  • Le vote du Conseil de l’UE devait se dérouler mardi dernier. Pour que le texte soit approuvé, il fallait l’accord d’au moins 15 États membres représentant au moins 65 % de la population de l’UE.
  • Or, le ministre allemand des Transports, Volker Wissing (FDP), avait fait savoir qu’il voterait contre. L’Allemagne s’est ainsi rangée dans le camp des quelques autres pays (Italie, Pologne, Bulgarie) opposés au texte. Ensemble, ces pays représentant 34% de la population européenne, cela a suffi à faire reporter le vote du Conseil de l’UE.

Les détails de l’actu : un amendement pour les e-carburants ?

  • Le Handelsblatt indique que Wissing a récemment reçu un coup de téléphone de la part de Frans Timmermans, le vice-président de la Commission. L’objectif était d’écouter ses arguments et de voir ce qui pouvait être fait pour réussir à obtenir l’accord du ministre allemand.
  • La solution souhaitée par Wissing est un amendement excluant de l’interdiction les véhicules à moteur thermique fonctionnant avec un carburant neutre en carbone.
  • À de rares exceptions près, ces « e-fuels » ne sont pas encore au point. Et ils coûtent très cher. Raisons pour lesquelles la Commission y était très réticente jusqu’il y a peu.
    • « Nous ne devons pas forcer notre industrie automobile à développer différentes technologies en même temps. Car ensuite, tout deviendrait plus cher », avait notamment argumenté Timmermans le mois dernier. « Les États-Unis et la Chine ne fabriquent pas non plus d’e-carburants – ils ne sont pas stupides. »
  • Force est de constater que la Commission est désormais contrainte de lâcher du lest. Pour obtenir le feu vert du Conseil de l’UE, elle a tout intérêt à convaincre l’Allemagne.
  • « Il n’est pas nécessaire d’interdire les technologies respectueuses du climat uniquement parce qu’elles sont peut-être chères à l’heure actuelle. La technologie, l’innovation et l’utilisation pourraient changer les choses. Ce qui ne s’est pas encore imposé ne doit pas être interdit. Ce n’est simplement pas encore utilisé », a tweeté jeudi le ministre allemand, visiblement optimiste quant à l’aboutissement de sa manœuvre.
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