Le Parlement européen a scellé le jour de la Saint-Valentin l’interdiction de la vente de nouvelles voitures à essence et diesel en 2035. Mais cela suscite des protestations en Bavière.
La Bavière, fief de BMW et d’Audi, s’oppose à la fin des voitures à moteur thermique dès 2035 : « Une incroyable stupidité »
Pourquoi est-ce important ?
La Bavière est le plus grand Land d'Allemagne et l'un de ses moteurs économiques. Mais surtout, c'est là que se trouvent les constructeurs automobiles haut de gamme BMW (Munich) et Audi (Ingolstadt).Dans l’actu : Markus Söder (CSU), le ministre-président de Bavière, n’y est pas allé par quatre chemins sur Twitter. Son Land ne voit pas d’un bon œil l’élimination rapide des voitures à essence et diesel.
Ce qui a précédé :
- Le 14 février, les députés européens ont soutenu l’accord des États membres visant à arrêter la vente de nouvelles voitures émettant du CO2 d’ici 2035.
- L’âge moyen d’une voiture étant de 15 ans, cette mesure vise à garantir que seules des voitures sans émissions circuleront sur les routes européennes d’ici 2050.
La réaction du ministre-président bavarois :
- Söder affirme que les nouvelles règles européennes sont préjudiciables à la Bavière en tant que région industrielle et aux travailleurs de l’industrie automobile.
- Il pense également que l’Europe pousse vers les voitures 100% électriques avec trop d’insistance. « Réduire les combustibles fossiles est une bonne chose, mais en plus de l’électromobilité, les e-carburants et l’hydrogène offrent également de grandes opportunités pour une mobilité climatiquement neutre », a-t-il fait valoir.
- Les Verts allemands accusent Söder de « populisme » et soulignent que dans une vie antérieure – en 2007 – il avait lui-même préconisé une élimination encore plus précoce des moteurs à combustion interne.
« Bientôt des conditions cubaines sur la route »
D’autres politiciens bavarois font de la résistance : cela ressemble à une offensive médiatique orchestrée.
- Le ministre bavarois de l’Économie Hubert Aiwanger (Freie Wähler) voit dans l’interdiction des voitures à moteur thermique dès 2035 une manœuvre politique de gauche.
- « C’est une attaque contre l’espace économique européen et cela conduira à la migration de la production et de la création de valeur dans ce secteur vers la Chine », a-t-il déclaré, faisant référence à l’essor des voitures électriques chinoises, dont BYD, en Europe.
- Aiwanger pense également que les vieilles voitures à moteur à combustion rouleront encore pendant de nombreuses années après 2035.
- « C’est une attaque contre l’espace économique européen et cela conduira à la migration de la production et de la création de valeur dans ce secteur vers la Chine », a-t-il déclaré, faisant référence à l’essor des voitures électriques chinoises, dont BYD, en Europe.
- Le ministre bavarois des Transports Christian Bernreither (CSU) est d’accord avec lui et a même annoncé des « conditions cubaines », en référence aux nombreuses voitures anciennes qui circulent à Cuba.
- Il s’attend à ce que les propriétaires veuillent conduire leurs vieilles voitures à essence et diesel aussi longtemps que possible, car ils ne veulent pas être contraints de passer à une voiture électrique.
- Alexander Dobrindt, un autre haut responsable politique bavarois de la CSU, a parlé de « stupidité incroyable ».
La vue d’ensemble : plus tôt, il y a aussi eu des protestations en France contre cette échéance de 2035. Il faudra donc attendre de voir comment les États membres transposeront le règlement européen dans leur législation nationale.
(OD)