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2023 ne devrait pas être une meilleure année pour le gaz, selon les experts

2023 ne devrait pas être une meilleure année pour le gaz, selon les experts
Photo by ANDER GILLENEA / AFP via Getty Images

Alors que les fournisseurs s’efforcent de garantir une quantité suffisante de gaz et d’électricité pour alimenter les ménages au cours des prochains mois, les experts craignent déjà que les mêmes problèmes ne se répètent l’hiver prochain, voire qu’ils s’aggravent.

Pourquoi est-ce important ?

La guerre en Ukraine et le boycott sur le gaz russe qui a suivi ont provoqué la crise énergétique que nous connaissons, dont les conséquences pourraient durer encore longtemps. En décembre, l'un des cabinets de conseil en énergie les plus respectés du Royaume-Uni a averti que les prix du gaz pourraient rester élevés jusqu'à la fin de la décennie.

L’actualité : Selon les experts, la situation du continent l’hiver prochain dépendra dans une large mesure des températures en janvier, février et mars, rapporte Bloomberg.

  • Martin Young, analyste principal chez Investec, a déclaré qu’il y aura également un peu plus d’énergie éolienne mise en ligne avant l’hiver prochain, ce qui contribuera à l’approvisionnement en électricité. Cependant, l’incertitude demeure quant au charbon et au nucléaire.
  • Si le temps est anormalement chaud, il est peu probable que les gens aient besoin d’autant de gaz se chauffer, ce qui laisserait les sites de stockage de gaz européens avec des réserves à la fin de l’hiver. Il serait alors plus facile pour le continent de reconstituer ses stocks au cours de l’été, même sans le gaz russe.

Le contexte : Bien que les approvisionnements en provenance de Russie se soient taris l’été dernier, une partie du gaz continuait d’arriver. Cela nous permettait d’en mettre de côté.

  • Afin de pouvoir acheminer une plus grande quantité de ce gaz, ce dernier est refroidi à environ -160 °C pour le rendre liquide afin qu’il puisse être stocké et transporté plus facilement. Pour aider au transport de ce GNL, des projets de nouveaux terminaux ont vu le jour sur les côtes européennes.
  • Début décembre, l’Allemagne a inauguré son tout premier terminal GNL, marquant ainsi un changement radical dans la politique énergétique du pays qui, par le passé, était fortement lié aux importations de gaz russe.
  • Le Royaume-Uni, l’Espagne et le Portugal disposent des plus grandes capacités d’importation de GNL en Europe, ce qui leur permet d’accéder aux marchés mondiaux. Mais la péninsule ibérique ne dispose pas de nombreux gazoducs qui la relient au reste de l’Europe. D’où des projets comme BarMar, consistant à relier Barcelone à Marseille.
  • Le gaz provenant de Norvège et des champs gaziers britanniques servira également à reconstituer les stocks européens pendant les mois les plus chauds, lorsque la demande est basse.

L’enjeu : L’été prochain, les gazoducs qui relient la Russie à l’Europe seront probablement presque tous fermés.

  • Il existe un nombre limité de méthaniers dans le monde, et un nombre limité d’endroits où ils peuvent accoster en Europe. Mais tous les pays ont besoin de gaz.
    • L’Europe devra surenchérir sur ce que les autres acheteurs du monde entier sont prêts à payer.
    • En conséquence, en s’appuyant de plus en plus sur les transporteurs de GNL pour ses besoins en gaz, l’Europe verra des prix élevés durant des années.
  • « Les scénarios plausibles sont que les flux de gaz russe par gazoduc seront encore plus réduits qu’à l’été 2022, et que les prix du gaz resteront au-dessus des niveaux antérieurs à la pandémie au moins jusqu’en 2030, car le marché a besoin de temps pour s’adapter à ce changement dans la dynamique de l’offre et de la demande en Europe », estime l’analyste principal de la recherche, le Dr Matthew Chadwick auprès de Bloomberg.
  • En outre, le manque de conduites de gaz entre l’Espagne et le reste de l’Europe impose à celle-ci d’importer une partie de son GNL depuis le Royaume-Uni via les Pays-Bas.
  • Même si le GNL peut offrir une solution partielle à l’approvisionnement en gaz de l’Europe, il ne peut pas ramener les prix à leur niveau antérieur. Le GNL est déjà un moyen coûteux de transporter le gaz : il faut beaucoup d’énergie et des équipements adaptés pour obtenir et maintenir un froid suffisant à bord des navires-citernes.
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