Dans le sillage du coronavirus, la déforestation explose sous les tropiques

En mars dernier, alors que le coronavirus se propageait à travers le monde, la destruction des forêts tropicales a discrètement augmenté de 150%, s’alarme le WWF ce vendredi, Journée mondiale de l’environnement. Durant ce seul mois, 645.000 hectares de forêts ont été détruits, selon une nouvelle étude de l’ONG.

Pour élaborer cette étude, le WWF a analysé les données satellites de 18 pays. Il en est ressorti qu’une surface de forêts tropicales équivalente à quarante fois celle de la ville de Bruxelles avait été détruite sur le seul mois de mars.

Les plus gros dégâts ont été constatés en Indonésie, où 130.000 hectares de forêt ont été détruits, en République démocratique du Congo (100.000 hectares) et au Brésil (95.000 hectares).

Conséquences économiques de la crise sanitaire

Selon le WWF, de nombreux éléments indiquent que la pandémie de coronavirus aggrave la destruction des forêts. ‘En Asie du Sud-Est, la période de lockdown a contraint les gouvernements de nombreux pays à être moins actifs à la surveillance et la gestion des forêts. La présence de la police et des éco-gardes a diminué sur le terrain, ce qui encourage l’abattage illégal et le pillage d’autres ressources’, explique Thibault Ledecq, Forest Regional Coordinator pour le WWF dans la Région du Mékong.

Les conséquences économiques de la crise sanitaire sur les populations de nombreux pays ont également participé à cette pression accrue sur les zones forestières.

Par exemple, le commerce international du bois ayant été fortement perturbé par la crise, les forêts ont soudainement perdu de leur valeur aux yeux des populations locales, avec comme conséquence un risque de conversion des forêts en hausse.

Chey Koulang, Manager au WWF-Cambodge explique pour sa part que ‘les revenus des populations locales provenant du tourisme et de la vente de produits forestiers (miel, noix, baies…) ont baissé.’ Cela a contraint une partie d’entre elles à chercher d’autres sources de revenus dans les forêts.

L’Europe et la Belgique responsables

Le WWF souligne que l’Union européenne a une responsabilité particulière au sujet de la destruction de forêts car elle est le plus grand importateur mondial de denrées liées à la déforestation.

Et selon une autre étude de l’ONG, publiée l’an dernier, la Belgique est également fortement impliquée dans la destruction des forêts tropicales. Pour satisfaire sa demande annuelle en bois, soja, cacao, bœuf et cuir, huile de palme, café et caoutchouc, une surface agricole équivalente à plus de trois fois sa taille serait nécessaire à l’étranger. Or 40% de ces 10,4 millions d’hectares se situe dans des pays où le risque de déforestation est classé d’élevé à très élevé.

Dans le cadre de sa stratégie ‘Biodiversité 2030’, présentée le 20 mai dernier, l’UE étudie des mesures pour garantir que les produits sur le marché européen soient exempts de déforestation. A cet effet, la Commission proposera une loi au début de l’année prochaine.

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