Conquête spatiale: ce que nous réserve 2022

Depuis quelques années, les plus lointains des astres de notre système solaire semblent à portée de main, tant chaque semaine une nouvelle mission ou un nouveau but trouve sa place dans l’actualité. Entre le retour de la rivalité entre nations pour gravir les échelons de la conquête spatiale et l’irruption en fanfare d’acteurs privés qui comptent bien rendre l’espace rentable, on n’a pas fini d’avoir le vertige. Bien sûr, difficile d’établir un calendrier strict alors que les lancements spatiaux peuvent être victimes de bien des aléas, mais voici quelques-unes des grandes étapes à venir là-haut, bien au-dessus de nos têtes.

Première semaine de janvier : James Webb va déployer ses panneaux solaires

C’était le grand événement spatial de Noël : le lancement du gigantesque télescope James Webb de la NASA. Un engin susceptible de changer notre vision de l’univers… Si tout se passe bien, car celui-ci se trouve maintenant plus loin que la lune, et il est à peu près inconcevable d’aller sur place resserrer un boulon entre deux étapes de la mise en place de ce puzzle géant en 3D. La situation doit donc être assez tendue. Littéralement : le télescope va procéder au déploiement et à la mise sous tension des grands panneaux solaires qui devront l’alimenter en énergie. Une manœuvre qui devrait prendre pas moins de trois jours pour être menée à bien. Les ingénieurs de la NASA ont d’ailleurs pris un temps de repos ce Jour de l’An avant de se lancer dans cette tâche.

Février : départ de la mission lunaire Artemis 1

C’est la première étape dans le programme Artemis de la NASA, qui vise à ramener l’humanité sur la Lune dans les années à venir. Ce lancement ne sera pas habité : il s’agit de tester la nouvelle fusée lourde Space Launch System (SLS), puis à effectuer un tour de notre satellite avec la capsule Orion avant de la faire revenir sur Terre. Une répétition générale et un test pour le matériel, en somme.

Juin/juillet 2022 : récupération des premières données de James Webb

Si tout se passe bien durant le déploiement de cet immense mobile que l’on vient d’envoyer aux confins de l’espace, le télescope spatial devrait être en mesure de nous renvoyer ses premières données pour le début de l’été. Les phases préparatoires doivent donc durer six mois, mais cela permettra aux astronomes de capter des images issues des confins observables de l’univers, et même de remonter le temps, grâce au fond diffus cosmologique, et de rechercher les premières étoiles et galaxies de l’univers, tout en fournissant assez de données sur les exoplanètes pour trouver de potentielles candidates au développement de la vie.

3e trimestre 2022 : vol inaugural de la fusée européenne Ariane 6

La nouvelle génération du lanceur lourd européen doit aussi procéder en 2022 à son vol inaugural, toujours depuis le port spatial européen de Kourou, en Guyane. Elle sera capable d’emporter 5 à 11,5 tonnes en orbite de transfert géostationnaire, pour 530 à 860 tonnes au décollage selon les modèles. Cette fusée devrait à la fois remplacer la trop chère à déployer Ariane 5 et la version du lanceur russe Soyouz utilisée par les pays européens.

Fin du montage de la station spatiale chinoise du programme Tiangong

Alors que l’ISS se fait vieillissante, mais que la NASA compte encore l’exploiter jusqu’en 2030, la Chine veut achever sa propre véritable station spatiale durable, nommée habituellement Tiangong, même si c’est déjà le troisième vaisseau à porter ce nom. Les Chinois préfèrent Zhōngguó kōngjiānzhàn, et les occidentaux l’appellent CSS, pour Chinese Space Station. Celle-ci se composera à terme de trois modules qui réuniront une soixantaine de tonnes à une orbite comprise entre 300 et 400 km d’altitude. Le module central Tianhe a été mis sur orbite le 29 avril dernier par une fusée Longue Marche 5B, et il devrait rester opérationnel pendant 10 ans. Les deux modules suivants, Mentian et Wengtian, devraient décoller courant 2022.

Vol inaugural de la fusée lourde New Glenn

Le nouveau lanceur lourd de Blue Origin, la fusée New Glenn, devrait décoller dans le courant de l’année pour un vol-test, non habité. Celle-ci devrait permettre de placer 13 tonnes de charges en orbite géostationnaire. L’engin sera aussi partiellement réutilisable. Cette fusée intéresse beaucoup l’armée américaine, pour placer ses satellites, mais aussi, pourquoi pas, comme cargo.

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