Comment les États-Unis et le Japon vont s’allier contre la Chine

Le Japon et les États-Unis ont décidé de travailler ensemble pour adopter une position ferme contre la Chine. Tous deux ont leurs propres raisons de vouloir freiner la croissance de Pékin.

Selon le gouvernement Biden, la bataille entre le dragon chinois et l’aigle américain pour l’hégémonie technologique pose un risque croissant pour la sécurité nationale du pays. Le différend vieux de plusieurs décennies pour les îles Senkaku dans la mer de Chine s’est à nouveau ravivé entre Tokyo et Pékin.

Réunion ‘deux plus deux’

C’est pourquoi les ministres des Affaires étrangères et de la Défense du Japon et des États-Unis se réuniront la semaine prochaine pour un sommet ‘deux + deux’. Ils devraient publier une déclaration commune condamnant l’entrée de la Chine dans les eaux territoriales japonaises, explique le magazine d’information Nikkei Asia.

Les conflits pour les îles Senkaku durent depuis plusieurs décennies entre la Chine et le Japon. En 2012, le gouvernement japonais a acheté l’archipel pour environ 20 millions d’euros à son propriétaire privé. Mais la Chine revendique également la propriété de ce mini-archipel.

Début février, Pékin a adopté une nouvelle loi autorisant les garde-côtes chinois à utiliser la force contre leurs homologues japonais patrouillant dans ces eaux. Depuis lors, les navires de la garde côtière chinoise ont considérablement augmenté leurs incursions dans les eaux territoriales japonaises. Les médias japonais parlent d’un danger clair et existentiel.

Délicat triangle amoureux

Jusqu’à présent, Washington et Tokyo n’avaient pas osé qualifier l’expansion maritime de Pékin en mer de Chine de ‘menace réaliste’. Les déclarations conjointes précédentes soulignaient surtout l’importance de ‘la paix et de la stabilité’ dans la région, sans mentionner explicitement la Chine. Il existe en effet un équilibre très fragile entre trois des économies les plus puissantes au monde.

Le Japon et les États-Unis dépendent tous deux de la Chine pour leurs chaînes d’approvisionnement. Les États-Unis ont d’abord voulu éviter que les tensions ne se propagent dans l’économie. Le Japon cherchait de son côté à trouver un équilibre entre les réalités commerciales et les préoccupations sur la sécurité. Sur ce dernier point, la Chine est une menace proche, alors que les États-Unis restaient un allié lointain et potentiellement peu fiable. En outre, la Chine est un partenaire commercial encore plus important pour le Japon que pour les États-Unis.

Revirement politique

Une déclaration conjointe stricte contre Pékin signifierait donc un revirement de la politique nippo-américaine de la Chine. Dans un premier jet sur sa stratégie de sécurité nationale, Biden a qualifié la Chine de principale menace au statu quo international. La déclaration officielle publiée début mars déplaçait le centre d’attention de Washington non plus vers le terrorisme, et vers une possible confrontation avec des superpuissances telles que la Chine. Les enjeux de la compétition? Les sphères d’influence économiques et la puissance technologique.

La coopération avec le Japon est indispensable à la ligne dure que le gouvernement Biden prend contre la Chine. Tokyo, à son tour, ne peut pas résister aux incursions répétées dans ses eaux territoriales sans le soutien de Washington.

Les deux parties utiliseront également leur poids diplomatique pour dénoncer la situation à Hong Kong et les violations des droits humains avec les Ouïghours au Xinjiang, selon Nikkei Asia. La semaine prochaine, un second sommet sera également organisé entre le Japon, les États-Unis, l’Australie et l’Inde pour discuter de la coopération militaire dans la région du Pacifique. Notons que les deux nouveaux invités se sont à plusieurs reprises officiellement opposés à la domination chinoise dans la région.

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