Comment la néo-banque Chime domine l’empire des banques numériques

En l’espace de quelques années, la société américaine de néo-banque Chime s’est bâti un véritable empire. Elle détient aujourd’hui 35% des comptes bancaires numériques aux USA. Chime s’est imposée sur l’échiquier du marché numérique, devenant un exemple pour ses concurrents, mais aussi pour les autres banques et coopératives de crédits. Si la banque n’est pas pour autant sans failles, comment expliquer un tel succès?

À l’heure actuelle, pas moins de 8% des consommateurs américains considèrent les banques numériques comme Chime ou Varo comme leur ‘banque principale’. Mais les chiffres sont différents chez les consommateurs qui possèdent deux comptes bancaires ou plus, où les banques numériques détiennent une part de marché de 14%. Ces chiffres sont également plus élevés chez les Américains possédant trois comptes, où le secteur s’est accaparé une part plus grande du gâteau (17%). 

Au total, aux Etats-Unis, les consommateurs auraient ouvert pas moins de 27 millions de comptes auprès de banques en ligne.

Chime, c’est quoi? C’est une néo-banque technologique qui fournit des services financiers gratuits via une appli mobile. Elle n’a pas de succursales physiques et ne facture pas de frais mensuels ou de découvert. En décembre dernier, l’entreprise californienne a bouclé la plus grande levée de fonds jamais réalisée par une néo-banque avec 400 millions de dollars. Sa valorisation était alors grimpée à 5,8 milliards de dollars contre 1,5 milliard en début d’année. En février 2020, Chime comptait 8 millions de titulaires de comptes.

Aujourd’hui, Chime détient une part de 35% de tous les comptes bancaires numériques. Ses principaux concurrents sont Ally Bank, avec 9 % du marché des services bancaires numériques, et Varo Money, avec 6 %.

Pourquoi cette néo-banque remporte-t-elle un tel succès? 

D’après le magazine, Forbes, il semblerait que trois caractéristiques  différencient Chime des autres banques : 

Bien qu’elle soit gratuite, la néo-banque propose plusieurs services qui lui ont permis de développer une clientèle importante.

1) Les clients accèdent (plus) rapidement à leur argent. Près d’un quart des clients de Chime ont déclaré avoir choisi la fintech comme banque principale parce qu’elle leur offrait un accès anticipé de deux jours sur leurs chèques de paie, ou sur les mesures de relance du gouvernement suite à la crise ou encore, sur les chèques de remboursement d’impôts.

La fonction ‘Get paid early’ permet aux clients de toucher leurs chèques plus tôt. Source: Chime

2) Chime propose une fonction qui permet à ses clients d’effectuer des achats par carte de débit à découvert. Ce qui signifie que les clients peuvent effectuer des achats et dans certains cas, aller en négatif sans que cela n’occasionne des frais supplémentaires.

3) Les carte de crédit avec réserve d’argent. Les consommateurs de Chime, principalement des personnes à faibles et moyens revenus, sont pour beaucoup détenteurs d’une carte avec réserve d’argent qu’ils peuvent utiliser au besoin. Près de 15% des clients de Chime possèdent cette carte. 

4) Autre aspect non négligeable, Chime est très bien référencée sur Google. Les consommateurs qui recherchent un terme comme ‘découvert gratuit’ sont directement dirigés vers la néo-banque et vers la page adéquate du site. 

Mais la néo-banque doit encore relever un certain nombre de défis :

  • Elle doit diversifier ses clients. Les deux tiers des clients de Chime ont moins de 40 ans. Seuls 15% d’entre eux ont un diplôme universitaire (contre 44 % pour le reste de la population américaine) et seuls 12 % gagnent plus de 75.000 dollars par an (contre 33 % des autres Américains). Ils ne rapportent pas beaucoup d’argent à la banque.
  • Générer/diversifier ses revenus. 
  • Augmenter ses tarifs. Pour continuer à croître et à élargir sa clientèle, Chime devrait maintenir ses dépenses de marketing élevées ( qui s’appuie sur de nombreuses publicités) et elle ne pourra le faire que si elle augmente ses coûts d’acquisition, donc en offrant un service payant.

Pour concurrencer Chime, les autres banques pourraient diversifier leur clientèle, leurs clients étant souvent trop âgés. Elle pourraient développer un portefeuille de clients plus jeunes.

Elles devraient donc trouver d’autres sources de revenus. Elles pourraient aussi envisager des partenariats fintech et trouver des arguments de ventes comme le fait Chime avec ses chèques anticipés. Enfin, les institutions de taille moyenne devraient améliorer leurs compétences numériques pour espérer un jour concurrencer la néo-banque. 

Les néo-banques en Belgique?

N26, Revolut, Bunq, MOnese, Holvi… Toutes ces néobanques belges sont gratuites et disponibles sur l’ensemble du territoire. Certaines formules proposant des services plus ‘poussés’ sont néanmoins payantes, même si elles restent moins onéreuses que celles proposées par les banques classiques. Historiques détaillés, partages d’addition, coffre-fort virtuel, les néobanques proposent une série d’options assez ludiques ainsi que des frais de changes intéressants, voire gratuits dans certains cas.

Mais il y a un mais. Si les néo-banques semblent séduisantes, leurs services, lorsque la formule est gratuite, restent plutôt limités. Pour certaines d’entre elles, la carte de banque n’est pas disponible avec une formule gratuite.

Aussi, opter pour une néo-banque signifie parfois avoir un compte dans un autre pays, ce qui peut poser problème si par exemple, vous avez un abonnement Spotify ou autre. Aux yeux de ces entreprises, vous serez des résidents étrangers et devrez envoyer des justificatifs.

Enfin, la carte de débit liée à ce compte n’est pas toujours une carte Bancontact (qui reste la carte la plus fréquemment utilisée en Belgique). Celle-ci est souvent remplacée par une carte Visa ou par une MasterCard.

Il est donc recommandé de tester ce type de banque pendant quelques jours ou quelques semaines avant de sauter le pas.

Cela a un coût

Il faut savoir que les banques classiques proposent aussi des comptes gratuits en ligne. Mais ils offrent de moins en moins de services, car ils coûtent beaucoup d’argent aux banques.

Les banques ont d’ailleurs tendance à faire marche arrière, en offrant des comptes avec de nombreux services pour quelques euros par mois.

Plus