Les six premiers mois de l’année 2021 sont pour le moins contrastés pour la reine des crypto-monnaies. Après avoir atteint un sommet historique à 65.000 dollars, le Bitcoin a clôturé le premier semestre en chute de 47% par rapport à ce record. Plusieurs obstacles se dressent encore devant lui pour les 6 prochains moins.
1. La régulation
Ce n’est pas propre au bitcoin bien sûr. Mais les belles années des cryptomonnaies, quand elles n’étaient pas vraiment prises au sérieux, sont sans doute derrière elles. La Chine en est bien sûr l’exemple le plus révélateur. L’Empire du Milieu a tapé son industrie en fermant les opérations de minage à forte intensité énergétique. De grandes banques ont reçu l’ordre de ne plus traiter avec les cryptomonnaies, en plus d’Alipay, le plus grand service de paiement en ligne. Et tout indique que la régulation ne s’arrêtera pas là.
La régulation à tout-va, elle a aussi touché le Vieux continent, à commencer par le Royaume-Uni qui a interdit à Binance, la plus grande plateforme d’échange de crypto, d’entreprendre des activités réglementées. La Belgique tente elle aussi de légiférer, la question est revenue à plusieurs reprises sur la table du Parlement ces dernières semaines. Et le dernier à s’être prononcé n’est autre que le gouverneur de la Banque de France: « Qu’il s’agisse des monnaies numériques ou des paiements, nous, en Europe, devons être prêts à agir aussi vite que nécessaire, ou prendre le risque d’une érosion de notre souveraineté monétaire. » Un refrain protectionniste désormais bien connu des banques centrales.
Même au pays de l’ultralibéralisme, pas question de laisser ce marché qui pèse des centaines de milliards de dollars agir en toute impunité. Biden a nommé deux responsables du Trésor dont le seul objectif est clair : « Priorité à la régulation de la crypto. » Les mêmes arguments reviennent en boucle: lutter contre le blanchiment d’argent, l’utilisation illicite des cryptomonnaies, et la lutte contre le terrorisme.
2. La volatilité
Les fluctuations incessantes du bitcoin et des autres monnaies numériques sont toujours considérées comme son grand talon d’Achille. Il faut dire que passer de 64.829 dollars à 28.911 dollars en moins de deux mois a de quoi rebuter plus d’un investisseur.
Les défenseurs du bitcoin le voient comme l’or numérique. En période de crise, certains font de la reine des cryptomonnaie une valeur refuge. Un débat incessant a lieu entre les pro et les anti bictoin. Et pour le moment, il n’est clairement pas clos.
La progression à plus long terme reste intéressante. Si vous aviez acheté en début d’année pour revendre en avril, alors vous auriez doublé vos gains. Mais même en vendant maintenant, le bilan reste une hausse de 18%. C’est plus que la progression du S&P 500 qui est de 16% depuis le début de l’année. Et au cours des 12 derniers mois, la valeur du Bitcoin a triplé. Ne l’oublions pas.
« Une offre limitée et très inélastique sur des cryptos uniques peut exacerber la volatilité », explique UBS dans une récente note reprise par la CBNC. « Une utilisation limitée dans le monde réel et une volatilité extraordinaire des prix indiquent également que de nombreux acheteurs recherchent des gains spéculatifs. »
Cette volatilité rebutte-t-elle vraiment les investisseurs ? La volatalité n’est pas en soi un obstacle à une adoption institutionnelle du bitcoin: les mouvements des prix sont autant de chances de réaliser des bénéfices importants avec un investissement relativement faible.
3. L’environnement
S’il y a bien une chose que la crise sanitaire a un peu éclipsée, ce sont les enjeux environnementaux. Les événements actuels au Canada sous près de 50°C nous rappellent que la question climatique reste l’enjeu de ce siècle.
L’impact environnemental des cryptomonnaies et du bitcoin ne pourra pas être caché sous le paillasson. Tout le monde le sait, le minage requiert beaucoup d’électricité. Mais le problème n’est pas vraiment là. Le souci, c’est que cette électricité dépend pour le moment beaucoup trop d’énergies fossiles.
Si le bitcoin et les cryptomonnaies veulent survivre à long terme, il faudra qu’elle le fasse proprement.
4. Les stablecoins
Les monnaies dites stables, dont les prix sont censés être rattachés à des actifs du monde réel comme le dollar américain, font également l’objet d’une attention croissante. Pour certains, elles sont le futur des cryptomonnaies, mais pour d’autres un danger public.
Sur ce marché, c’est le Tether qui domine. Les investisseurs utilisent souvent le theter pour acheter d’autres cryptomonnaies, comme alternative au billet vert. Mais certains, dont le président de la Fed de Boston Eric Rosengren, craignent que cela mette en péril le système financier. L’émetteur du tether a-t-il suffisamment de réserves en dollars pour justifier son ancrage par rapport à celui-ci ? Beaucoup en doutent.
Theter est comparé aux fonds monétaires traditionnels, sans la réglementation qui va avec. Avec près de 60 milliards de jetons en circulation, le theter pèse plus que certaines grandes banques.
« Le tether est un problème massif », a déclaré Carol Alexander, professeur de finance à l’Université du Sussex, à CNBC. ″Les régulateurs semblent incapables de les arrêter jusqu’à présent. »
5. Les crypto-mèmes et les escroqueries
Avec une telle popularité, les cryptos ne peuvent échapper aux plans foireux. En Belgique, l’exemple le plus frappant est la start-up Vitae. Un réseau social fermé par la justice belge qui cachait une escroquerie de type Ponzy. Au niveau mondial, c’est évidemment le scandale AfriCrypt qui defraye la chronique: 3,6 milliards de dollars seraient partis en fumée suite à un exit scam. Une accusation dont se défendent les deux fondateurs. Mais le mal est fait: la réputation des cryptos se dégrade à vue d’oeil auprès d’un plus large public de non-initiés.
Ensuite, il y a bien sûr la spéculation autour du dogecoin et de ses consoeurs. Des cryptomonnaies qui a la base n’étaient que de grosses blagues prennent une énorme ampleur sur le marché. Les petits investisseurs s’y engouffrent à la recherche du casse du siècle. À un moment donné, le dogecoin valait plus que Ford ou d’autres grandes entreprises américaines. Depuis, la monnaie-mème s’est sérieusement calmée, et même les tweets d’Elon Musk n’y ont rien pu faire.
Mais derrière ces escroqueries et cette spéculation outrancière, il y a des drames humains. Seulement, dans un marché qui n’est pas régulé, difficile de demander de l’aide à l’Etat pour récupérer son dû.
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