Affaire Vitae: choqués par la justice belge, des milliers de signataires réclament la réouverture de la plateforme

Le compteur de signatures s’affole un peu en ce moment sur le site de pétitions Change.org. Des noms à consonnance asiatique s’ajoutent à un rythme soutenu à la déjà longue des partisans de Vitae. Leur revendication: que le réseau social fermé par notre parquet fédéral soit rouvert.

« NOUS SOMMES VITAE », scande en intro la pétition lancée en ligne il y a cinq jours. Peu de temps donc après l’intervention des autorités belges. Pour rappel, mardi dernier, la police fédérale a procédé à l’arrestation de cinq personnes dans le cadre du démantèlement d’une vaste fraude impliquant des cryptomonnaies.

Vitae, un prototype de réseau social censé récompenser avec le token du même nom ses membres pour leur activité sur la plateforme, a capté des dizaines de millions d’euros. Mais, selon la justice, cela aurait vraisemblablement fait des milliers de victimes dans le monde au travers d’un système de Ponzi.

Comme Business AM vous l’indiquait dans sa newsletter Cryptorama, parmi les personnes privées de liberté en Belgique, deux entrepreneurs anversois, le Chief Commercial Officer, Mendy Z., et le Chief Operating Officer, Shrage P., ont été interrogés comme suspects.

Si le cours de la crypto VITAE s’était effondré en conséquence, perdant plus de 82% de sa valeur, la blockchain continue elle manifestement de tourner. Avec, comme si de rien n’était au moment d’écrire ces quelques lignes, une centaine d’utilisateurs connectés, des dizaines de milliers de tokens changeant de mains et autant de milliers d’euros…

Le prix du token est d’ailleurs occupé à rebondir de plus de 50% à 0,3 $, remplumant la capitalisation de marché aux alentours de 6 millions d’euros.

Une communauté soudée qui « condamne » l’action judiciaire

Pendant ce temps, sur la récente pétition adressée à notre parquet fédéral par un membre prétendument basé au Royaume-Uni, des signataires expriment chaque minute leur désapprobation. En réponse à la mise hors ligne « choquante » de la plateforme, ces membres se revendiquant de « la communauté mondiale de Vitae » disent vouloir parler d’une seule voix pour « condamner cette action » de la justice belge.

Par cette missive, les signataires réaffirment leur « confiance à 100% dans les fondateurs du média social Vitae, dans les pratiques commerciales de Vitae AG (l’entreprise constituée en Suisse pour gérer les activités, ndla) ». Mais surtout, les adeptes livrent une sorte de profession de foi à l’égard de « la vision Vitae », qu’ils estiment d’une intégrité irréprochable alors que l’objectif reste « d’avancer collectivement vers la prospérité mondiale ».

À chaque fois que le nombre de signatures récoltées franchit un seuil symbolique sur la plateforme Change, l’auteur de la pétition vient haranguer les foules. « Nous nous débrouillons très bien, mais nous avons encore besoin de PLUS de signatures pour avoir un impact. La vérité doit sortir. Si vous croyez en la liberté d’expression, veuillez signer cette pétition », avait lancé celui ou celle se cachant derrière le pseudo I Stevenson.

Un véritable culte ?

Autant de petits messages galvanisant, certains provenant aussi naturellement des pétitionnaires.

« C’est une cause en laquelle je crois, dans toutes les entreprises nous rencontrons le mal et le bien, c’était la possibilité de donner un meilleur revenu à tous ceux qui en ont besoin et ce n’est pas fini. Vous savez tous qu’il n’y a plus de liberté d’expression, nos données sont vendues aux entreprises de publicité, nous avons la raison d’être libres et de construire une prospérité mondiale croissante », plaide une certaine Karine de Schaerbeek.

En tout cas, les nouvelles entrées sur le listing de soutien ne cessent de se succéder. Laissant songeur quant à l’authenticité de tous ces profils sans aucun historique de « clictantisme » sur le site Change et renseignés pour l’instant majoritairement au Vietnam ou en Inde. Des bots ? Des fermes à clics ? Ou la famille Vitae démontre-t-elle toute sa cohésion face à une injustice ?

Certains messages empruntent même parfois des formules presque sectaires. « Vitae change ma vie. Nous aimons Vitae. Nous aimons Mendy Z. », commente Prashant dans une ville de l’Uttar Pradesh.

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