Une « petite » entreprise qui ne connait pas la crise: les actions du secteur américain de l’armement continuent à monter en flèche

L’économie n’aime pas l’incertitude : un peu partout dans le monde, l’instabilité croissante de notre planète fait plonger les bourses. C’est d’autant plus vrai alors que, depuis presque deux semaines, la guerre en Ukraine s’ajoute à l’incertitude énergétique et aux diverses pénuries de matières premières. A une exception près : les géants de l’armement voient, eux, leurs actions grimper à des niveaux records.

Ce lundi matin, l’annonce que les Occidentaux, Américains en tête, envisageaient de cesser purement et simplement d’importer du pétrole russe a fait grimper le prix du Brent jusqu’à frôler les 140 dollars le baril, tout en faisant dégringoler les principaux indices boursiers de Hong Kong à New York. A une exception, mais de taille : les actions liées aux entreprises américaines de l’aérospatiale et de l’armement se portent, elles, comme un charme.

Des taux de croissance de 5 à plus de 20% en quelques jours

Depuis l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février dernier, les valeurs de la défense montent vers des sommets et les analystes de Wall Street estiment qu’elles vont continuer à progresser, rapporte Forbes. L’ETF iShares U.S. Aerospace & Defense, le plus important de son genre avec 33 positions en actions, a augmenté de plus de 5 % depuis l’attaque, les actions de Raytheon Technologies ont augmenté de près de 8 %, celles de General Dynamics de 12 %, de Huntington Ingalls Industries de 14 %, de Lockheed Martin de 18 % et de Northrop Grumman de 22 %.

Ces différentes industries liées au complexe militaro-industriel américain bénéficient d’un climat très favorable à plusieurs égards : leur pays n’est pas en guerre -et ne le sera jamais, on l’espère- contre la Russie, mais celui-ci fournit par le biais de l’OTAN le gros de l’équipement léger cédé à l’armée ukrainienne.

En outre, et c’est sans doute bien plus rentable, de nombreux pays de l’Alliance réputés plutôt pacifistes, comme l’Allemagne et le Danemark viennent de fortement rehausser la part de leur PIB attribuée à leurs dépenses militaires, ce qui promet de nouveaux contrats. Le gouvernement allemand a déclaré que son budget de la défense représenterait désormais plus de 2 % de son PIB, contre 1,5 % auparavant ; le Japon prévoit également de porter son budget de la défense à plus de 1 % du PIB en 2022, pour la première fois depuis les années 1960.

De quoi convaincre de nouveaux acheteurs

Des pays ne faisant pas partie de l’OTAN, comme la Finlande, envisagent non seulement de poser leur candidature, mais achètent aussi du matériel américain flambant neuf, alors que ce genre de dépense publique suscitait généralement des controverses qui couraient depuis des années. Le pays nordique vient ainsi de passer commande pour 64 avions F-35 ultramodernes produits par Lockheed Martin. De quoi garantir encore de bonnes affaires pour les armuriers en tout genre, et l’évolution de la situation suggère que ce n’est pas près de s’arrêter, selon une note de Chris Senyek de Wolfe Research publiée en début de semaine: « Les tensions géopolitiques étant susceptibles de rester élevées, nous nous attendons à ce que de nombreux pays (tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’OTAN) cherchent à renforcer leurs capacités militaires et à augmenter les budgets de la défense sur une base séculaire. »

Source : Forbes

Dépendance aux produits de l’Oncle Sam

Les troupes ukrainiennes n’ont pas le temps, ni forcément les moyens, de se former à l’utilisation de matériel lourd construit au standard OTAN : les livraisons de l’Alliance se composent donc surtout d’armes à usage immédiat comme des lance-missiles, tandis que les pays d’Europe orientale ouvrent les portes de leurs arsenaux d’origine soviétique, un matériel plus familier aux Ukrainiens.

Mais ces pays des franges orientales de l’OTAN devront remplacer ces avions et ces véhicules de combat afin d’équiper leurs propres troupes, et le fournisseur tout désigné sera l’arsenal traditionnel du « monde libre » : celui de l’Oncle Sam. Au risque, comme certains le craignent en France et en Allemagne (deux pays avec des industries militaires nationales très développées), d’accentuer la dépendance aux fournitures américaines des armées du vieux continent.

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