Une bataille rangée, et plusieurs dizaines de soldats de l’ONU blessés : que se passe-t-il au Kosovo ?

Des affrontements à Zvecan, au nord du Kosovo – à majorité serbe – ont fait une quarantaine de blessés parmi les soldats hongrois et italiens de la force d’intervention déployée par l’OTAN. Ces dernières années, les tensions ethniques renaissent dans la région. La poudrière des Balkans existe toujours, et le brasier russo-ukrainien pourrait faire des étincelles.

Pourquoi est-ce important ?

Depuis plusieurs mois, les tensions montent au Kosovo, en particulier dans les zones frontières avec la Serbie, qui sont ethniquement serbes en majorité. Des troubles ethniques se ravivent d'ailleurs dans d'autres pays des Balkans, comme en Bosnie-Herzégovine. L'ONU et l'OTAN estimaient déjà qu'un déploiement de forces pourrait s'avérer nécessaire.

Dans l’actualité : des soldats de la KFOR – la Force pour le Kosovo déployée par l’OTAN – se sont interposés lundi soir face à des manifestations dans différentes localités du Kosovo du Nord. Celles-ci ciblaient les nouveaux maires de ces localités, qui tentaient de prendre leurs fonctions.

  • Les municipalités de Zubin Potok, Zvecan, Mitrovica Nord et Leposavic, où vivent d’importantes populations d’origine serbe, ont fait l’objet d’un vote extraordinaire en avril, après la démission en masse des représentants serbes suite à la polémique sur les plaques d’immatriculation – Pristina voulant imposer une taxe sur les plaques étrangères, donc serbes.
  • En conséquence, les officiels nouvellement élus sont tous ethniquement kosovars, ce qui n’est pas pour plaire à la population serbe locale – ni de l’autre côté de la frontière. Le taux de participation a été le plus faible de l’histoire du Kosovo, en partie parce que Belgrade a demandé aux Serbes de ne pas participer au scrutin. D’où le déploiement de la KFOR.
  • Mais à Zvecan la confrontation a tourné à l’affrontement. Les deux camps se rejettent la responsabilité, mais ce qui est certain, c’est que le bilan est lourd. Une quarantaine de soldats – des Hongrois et des Italiens – ont été blessés, heureusement sans qu’aucun ne soit en danger vital. Des policiers kosovars ont été blessés aussi. Le bilan est inconnu du côté des manifestants.

Les Balkans, à nouveau une poudrière ?

La situation est des plus tendues : vendredi, le président serbe Alexander Vucic a rapproché l’armée de la frontière, la plaçant au niveau d’alerte le plus élevé. De l’autre côté, après les troubles, on accuse Belgrade d’avoir envoyé des provocateurs dans les rangs des manifestants pour pousser à l’affrontement – ce qui est difficilement vérifiable.

  • Le contexte international se rajoute à ces tensions locales : les Serbes, traditionnellement russophiles, restent largement favorables à la Russie dans sa guerre en Ukraine – et ce malgré l’afflux de Russes opposés au régime de Poutine ou réfractaires à la mobilisation en Serbie.
  • Il faut dire que pour les Serbes, l’OTAN est un ennemi traditionnel depuis les bombardements de 1999, qui firent entre 2.000 et 3.000 morts, dont plusieurs centaines de civils.
  • La situation est tendue aussi en Bosnie-Herzégovine voisine, où les autonomistes serbes locaux ont multiplié les déclarations musclées à l’encontre de l’État multi-ethnique. Une scission au sein des forces policières et militaires a été évoquée, et l’OTAN envisage là aussi de renforcer son dispositif de maintien de la paix.
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