Un « rideau de bulles » pour couper l’herbe sous le pied aux ouragans dans le golfe du Mexique

Le réchauffement climatique a un impact direct sur les phénomènes météorologiques extrêmes qui se multiplient au fil des années, devenant toujours plus menaçants pour l’Homme. Or, alors qu’on sait (presque bien) prévenir leur apparition, les contrôler est un défi qui n’est pas encore dans nos cordes. On peut cependant tenter de réduire leur intensité. C’est justement ce que souhaite faire une société norvégienne avec les ouragans.

Au cours des 100 dernières années, le nombre d’ouragans a doublé pour atteindre 85 par an. Classé parmi les risques naturels les plus courants, ce phénomène météorologique naturel fait plusieurs centaines voire milliers de victimes par an et les dégâts qu’il cause se chiffrent en milliards de dollars. Mais tous les ouragans ne se valent pas. Certains sont anecdotiques, d’autres particulièrement catastrophiques. Tout dépend de leur intensité. C’est là qu’entre en scène la société norvégienne OceanTherm qui souhaite réduire l’intensité des ouragans grâce à un concept déjà utilisé dans le pays nordique.

Comment se forme un ouragan ?

Tout d’abord, ce qu’il faut savoir c’est qu’un ouragan est avant tout un cyclone tropical, au même titre qu’un typhon ou qu’un cyclone. Seule leur localisation les différencie. On parle d’ouragans dans l’Atlantique et le Pacifique Nord, de typhons dans le nord-ouest du Pacifique et de cyclones dans l’océan indien et le Pacifique Sud.

Ils se forment généralement à la fin de l’été, dans les régions tropicales, quand la température à la surface de l’eau est la plus élevée (26° sur une profondeur de 50 mètres minimum). L’eau chaude s’évapore dans l’air qui devient chaud à son tour et humide. Cet air monte dans le ciel, jusqu’à ce qu’il se refroidisse, de même que l’eau qu’il contenait créant ainsi d’énormes nuages. En se condensant, l’eau libère de la chaleur. Un transfert de chaleur qui favorise l’apparition de nuage et de pluies très abondantes, mais qui fait également évaporer l’eau à la surface des océans créant un cercle vicieux. Il faut également des vents qui soufflent dans la même direction pour qu’un tourbillon se forme. Après quoi, c’est la force de Coriolis qui entre en jeu. En raison de la rotation de la Terre, tout mouvement est dévié vers la droite dans l’hémisphère Nord et vers la gauche dans l’hémisphère Sud. Cela favorise la formation d’un tourbillon.

Un phénomène plus ou moins intense qui ne va pas forcément se transformer en ouragan. Il faut en effet que la vitesse des vents atteigne 119 km/h pour parler d’un ouragan. Les cyclones tropicaux sont d’ailleurs classés en fonction de la vitesse des vents, allant de 119 km/h (dommages) à plus de 252 km/h (dommages extrêmes).

Refroidir les océans

L’idée de la société norvégienne repose tout simplement sur le fait de refroidir la surface des océans, afin d’éviter l’évaporation de l’eau et la création de nuages. Un processus déjà utilisé en Norvège et connu sous le nom de « rideau de bulles ». Dans le pays nordique, cette solution est utilisée pour éviter que les fjords ne gèlent en hiver. Des navires-citernes équipés de puissants compresseurs et d’un système de tuyaux perforés projettent de l’eau chaude, afin que la surface ne gèle pas.

Pour réduire l’intensité des ouragans, le PDG d’OceanThem, Olav Hollingsaeter, projette de faire le contraire et d’injecter de l’eau froide à une centaine de mètres de profondeur afin qu’elle se mélange naturellement avec l’eau chaude en surface et que cette dernière se refroidisse de quelques degrés. Cela serait suffisant pour éviter que les conditions idéales soient réunies pour qu’un ouragan se forme.

Un plan qui a des chances de fonctionner, comme l’a montré une étude récente de l’institut de recherche indépendant norvégien SINTEF, consulté par Space.com. Mettre en place un « rideau de bulles » de 30 km de long à une profondeur de 100 mètres permettrait de refroidir de 5 degrés l’eau à la surface des océans.

Cette solution défendue par OceanTherm n’a pour l’instant été testée qu’en laboratoire, à travers des simulations informatiques, mais les résultats sont plus qu’encourageants, selon Paal Skjetne, chercheur scientifique principal au SINTEF. OceanTherm souhaite désormais tester son concept à petite échelle, mais en condition réelle, dans le golfe du Mexique.

Un prix conséquent, mais moindre malgré tout

Le recours aux rideaux de bulles pour réduire la puissance des ouragans couterait environ 350 millions de dollars par saison d’ouragans, selon les estimations d’Hollingsaeter. Un montant important, mais qui reste bien en dessous des dégâts causés par l’ouragan Katrina en 2005 qui a couté 180 milliards de dollars et ceux d’Ida en aout 2021 (65 milliards de dollars).

Bien que les tentatives de contrôle du temps et du climat sont loin de faire l’unanimité, la progression du réchauffement climatique qui entraine une multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes pourrait faire changer les opinions concernant la géo-ingénierie et booster le développement de ce type de concept.

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