Dans un mois, la Russie subira l’embargo : elle ne pourra pas faire grand-chose pour limiter l’effondrement de ses exportations de pétrole

Avec l’embargo européen, le pétrole russe va perdre un marché important. Les exportations de pétrole russe devraient baisser, au total, d’un million de barils par jour. Et la Russie n’a pas vraiment de solutions pour écouler ce pétrole, serait-ce avec des techniques de camouflage ou en visant d’autres marchés.

L’essentiel : La Russie risque de voir ses exportations de pétrole chuter fortement.

  • Cet hiver, les exportations de pétrole russes devraient chuter lourdement, estime Russell Hardy, CEO de la société indépendante de négociation en énergie la plus importante du monde, interrogé par le Financial Times.
  • « On s’attend à ce que presque toutes les entreprises européennes tournent le dos aux affaires qui ne sont pas conformes », explique-t-il. En cause : l’embargo que l’Europe imposera, dès le 5 décembre, sur le pétrole russe.
  • L’expert s’attend à ce que l’embargo fasse chuter les exportations d’un million de barils par jour. Pour un ordre de grandeur : la Russie exporte en moyenne 4 à 5 millions de barils de pétrole brut par jour.

Le détail : pas d’échappatoire possible.

  • La Russie ne serait pas en mesure de se parer efficacement les sanctions occidentales. Elle se retrouverait sous pression, comme avec « un pistolet sur la tempe », pour trouver une solution, explique Hardy.
  • Moscou n’a en effet pas vraiment de solutions pour écouler cette part de pétrole qui va lui rester sur les bras. La Chine et l’Inde ont par exemple augmenté leurs importations de pétrole russe, mais après quelques mois, cette hausse s’est arrêtée. Depuis un pic juin, les exportations vers l’Asie sont en baisse, écrivions-nous au début du mois d’octobre. Ce repli intervient même avant que les quantités importées atteignent les niveaux colossaux que représente le marché européen.
  • L’Arabie Saoudite par exemple importe aussi du pétrole russe, pour alimenter ses centrales électriques. Le Royaume garde ainsi son propre pétrole pour la vente. Mais avec 48.000 barils par jour importés, on est aussi très loin du compte.
  • La Russie exploite une autre solution, et ce, déjà depuis le début de la guerre. Il s’agit de camoufler l’origine des navires, en éteignant leur transpondeur, ce qui cache le trajet parcouru. Le pétrole peut aussi être chargé sur un autre navire, par exemple au large de la Grèce ou en Malaisie.
  • Cependant, même si la Russie augmente le nombre de ces navires (ce qui serait probable) et utilise plus fréquemment la technique de transfert, elle n’échappera pas à la baisse des exportations, affirme Hardy.
  • Même constat pour Bjarne Schieldrop, analyste pour la banque norvégienne SEB, cité par le FT. Selon lui, il y aurait un total de 270 de ces navires voyageant en mode « incognito », mais la concurrence serait déjà forte avec d’autres nations sanctionnées, comme l’Iran et le Vénézuéla, pour mettre la main sur des navires. « Il y aura des interruptions des flux de pétrole brut russe vers le marché », prévoit-il.
  • Dans tous les cas, la Russie devra fortement brader les prix pour continuer à vendre son pétrole. Voilà un coup à ses finances publiques et à son trésor de guerre.

A l’avenir : Quel impact sur le marché? La grande inconnue.

  • Un million de barils par jour qui ne sont plus sur le marché, quel impact est-ce que cela aura sur les prix du pétrole? C’est encore difficile à dire.
  • En octobre par exemple, l’OPEP+, a réduit les quotas de production de deux millions de barils par jour. Les prix ont augmenté, mais sans atteindre la barre des 100 dollars. Puis, ils sont retombés. Les craintes de récession gardent un effet baissier sur le prix du pétrole.
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