Alors que l’armée ukrainienne mène une offensive inattendue, elle consomme rapidement ses munitions ; les industries militaires occidentales vont devoir garder la cadence pour nourrir la bataille. Et à part aux États-Unis, aucune ne s’imaginait, il y a peu devoir, viser les rythmes de production d’un conflit de haute intensité.
C’était la grande surprise de la semaine dernière : après une longue période de pilonnage et de guerre de position dans le sud, voilà que l’armée ukrainienne mène à bien une percée dans le nord. Depuis quelques jours, les noms des localités libérées s’égrainent les uns après les autres, alors que les Ukrainiens reprennent plus de terrain que les Russes n’en ont conquis depuis trois mois. Nul ne sait toutefois jusqu’à quand cette percée sera exploitable, ni où se stabilisera le nouveau front. Mais une chose est certaine : les succès ukrainiens dépendent de la constance du soutien matériel occidental.
Un effort continu depuis six mois qu’il n’est pas si simple à maintenir, alors que dans de nombreux pays, le réflexe avant la guerre en Ukraine était plutôt à la diminution des stocks. Mais depuis six mois, les industries de l’armement européennes et américaines apprennent à se remobiliser dans l’urgence, afin de soutenir l’effort de guerre ukrainien, mais aussi de reconstituer les stocks nationaux, fortement réduits par les livraisons.
Coordination et mobilisation
Dans cette situation, coordination et mobilisation sont essentielles. Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a annoncé cette semaine la tenue prochaine d’une réunion spéciale des directeurs de l’armement du groupe de contact pour la défense de l’Ukraine qui compte près de 50 pays, relève BFM Business. « Ils discuteront de la façon dont nos industries de défense peuvent équiper au mieux les futures forces armées de l’Ukraine », a-t-il précisé lors d’une conférence de presse. Cette réunion, la première du genre, se tiendra à Bruxelles le 28 septembre prochain.
L’objectif sera de mettre en place des flux d’approvisionnement continus, tout en prenant en compte l’interopérabilité des différents systèmes d’armes livrés aux Ukrainiens. En théorie, les systèmes des différents pays de l’OTAN sont tous compatibles entre eux, mais l’Ukraine utilise du matériel de différentes générations, ainsi que des stocks d’origine soviétique, même si la tendance va plutôt à l’occidentalisation du matériel. Or, après une telle offensive, les Ukrainiens ont probablement largement entamé leurs provisions de munitions.
« La consommation de munitions est très importante dans cette guerre en Ukraine », résumait dernièrement le général Mark Milley, chef d’état-major américain. « L’objectif est d’essayer de déterminer les besoins, les demandes et ensuite de comparer ceci à l’offre, que ce soit les stocks des pays ou ce qui peut être produit par l’industrie d’armement. »
800.000 obus
Les États-Unis ont récemment validé une nouvelle enveloppe de 675 millions de dollars en fournitures diverses destinées à l’arsenal ukrainien. L’UE, quant à elle, a annoncé en juillet un financement européen de 500 millions d’euros sur deux ans pour faciliter des achats communs d’armements, en particulier des missiles antiaériens et des pièces d’artillerie au calibre 155 mm ainsi que leurs munitions. Mais le premier pourvoyeur d’armes restera l’oncle Sam : à eux seuls, les États-Unis ont déjà fourni plus de 15 milliards en aides diverses à l’Ukraine, dont 800.000 obus, nécessaires pour répondre à la très puissante artillerie russe. La France participe aussi à cet effort à son échelle, et a fourni à Kiev 18 canons CAESAR. L’industrie nationale doit maintenant remplacer ses pièces pour sa propre armée.