Le président américain a changé de ton après avoir longtemps été accusé d’être dans le déni face à la flambée du coronavirus. Pourquoi ce revirement de situation?
Ce mardi, le président Donald Trump a pour la première fois tenu un discours fort différent de celui qu’il avait l’habitude de prononcer depuis le début de l’épidémie. Il a admis publiquement que la pandémie prenait des proportions ‘inquiétantes’ dans une partie des États-Unis. Il s’est également montré plus attentif vis-à-vis des experts. Comment expliquer ce changement soudain?
Des chiffres interpellants dans le sud
On déplore à ce jour 144.173 décès et 3.970.671 contaminations sur l’ensemble du territoire américain. Il faut dire que le président a longuement été critiqué pour sa mauvaise gestion de l’épidémie et pour ses exploits à l’écran. On se souviendra notamment de son allusion à l’eau de javel comme ‘méthode efficace’ pour éradiquer le virus et de sa récente décision de retirer les États-Unis de l’OMS.
Les États-Unis ont enregistré ce mardi 21 juillet, pour le huitième jour consécutif, plus de 60.000 nouveaux cas de contamination au Coronavirus en l’espace de 24 heures, comme le rapporte l’université de Johns Hopkins. Les chiffres repartent à la hausse dans plusieurs États du sud tenus par les Républicains, comme la Floride, la Californie et le Texas, ce qui ne laisse rien présager de bon pour le scrutin du 3 novembre.
Joe Biden, favori
Alors que dimanche dernier, le président annonçait son intention de ne pas rendre le masque obligatoire, décrétant que le ‘virus [allait] partir tout seul’, il a aujourd’hui encouragé la population à se recouvrir le visage lorsque le respect de la distanciation sociale n’était pas possible. Il a également accordé plus de crédit aux recommandations des experts, qui préconisent d’éviter les lieux bondés. ‘Porter le masque est un geste patriotique’, a-t-il déclaré. ‘Que vous aimiez les masques ou non, ils ont un impact. J’en porterai avec joie (…) tout ce qui peut potentiellement aider est une bonne chose’, a-t-il ajouté.
Un hasard? Pas vraiment. Il y a quatre jours, un sondage réalisé par ABC et le Washington Post révélait un écart de 15 points dans les intentions de vote entre Joe Biden et Donald Trump, une différence significative à 100 jours du scrutin. Il y a quatre ans, à la même époque, l’écart entre Hillary Clinton et Donald Trump n’était que de trois points.
Rallier tous les États à sa cause?
Ce discours vise également indirectement les États démocrates, où le président Trump a récemment déployé des troupes d’agents fédéraux, notamment à New York et à Portland, pour mettre fin aux manifestations contre la violence policière et le racisme.
Des manifestants auraient été arrêtés sans qu’on leur fournisse de motif et ces méthodes sont largement contestées par les démocrates : ‘leur présence cause plus de violences et plus de vandalisme, cela n’aide pas du tout [à calmer] la situation. Ils ne sont pas les bienvenus et nous voulons qu’ils partent’, a expliqué le maire de Portland Ted Wheeler.
Hier, l’État de New York a également déclaré aller en justice si le président persistait. L’État estime ces interventions inappropriées, le président misant sur sa fermeté pour séduire des électeurs en vue des prochaines élections.
Contrairement aux interminables « briefings » du printemps, il a maîtrisé la durée de sa conférence de presse, qui a duré moins d’une demi-heure.Il ne l’a pas transformée en meeting de campagne ou en discours ‘anti-Biden’, comme il l’avait fait mi-juillet lors d’une intervention officiellement consacrée à la Chine. Enfin, il s’est engagé à tenir ce genre de conférence de presse ‘assez souvent’, et d’aborder aussi ‘d’autres sujets, notamment économiques’.
Cette stratégie se montrera-t-elle efficace? Résultat le 3 novembre prochain.