« Le S&P 500 devrait connaître un nouveau record l’année prochaine, mais il y aura d’abord une forte chute en 2023 »

L’analyste en chef de Morgan Stanley ne voit pas d’un bon œil le rallye de ce début d’année. Il s’attend à de fortes chutes boursières (25%) cette année, avant une vraie embellie. En cause : la baisse des bénéfices des entreprises.

Dans l’actu : une analyse du stratégiste en chef de Morgan Stanley, Mike Wilson.

  • Il s’attend à une année compliquée à la bourse. Il voit le S&P 500 perdre environ 25% et glisser jusque 3.000 points, soit plus bas qu’en 2022. Une des causes : l’inflation et les taux d’intérêt, entre autres.
  • Sur les ondes de CNBC, il admet qu’il pensait que la Fed était sur le point d’arrêter les hausses des taux. Mais avec le ralentissement de la désinflation au mois de janvier, il estime qu’il y aura deux à trois hausses des taux de plus.
    • « Cette nouvelle a déjà été intégrée dans le marché des obligations ces derniers jours (avec la hausse des taux de rendement sur les obligations, NDLR), mais pas encore dans le marché boursier. Les actions sont toujours trop chères », explique-t-il.
    • En d’autres mots, les actions devraient encore chuter.

Les bénéfices en baisse

L’essentiel : la baisse des bénéfices des entreprises.

  • C’est l’autre raison de la baisse des actions, continue-t-il. Les bénéfices des entreprises sont amenés à chuter, selon ses estimations. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il avance ce type d’arguments.
    • Il ajoute que la récession est toujours évitable, mais que les bénéfices chuteront tout de même. En cas de récession, ils chuteront encore plus.
  • « La dégradation des marges est inévitable (…) La question est celle de la rentabilité. L’inflation augmente votre levier d’exploitation », explique-t-il.
    • Mais il ajoute une note d’optimisme : « Nous allons le surmonter. Ce n’est pas la fin du monde, ce n’est pas 2008, ce n’est pas une crise financière… C’est juste une récession des bénéfices à l’ancienne, et cela à cause des surprofits dont on a pu profiter durant la crise sanitaire. »
  • Contraste : les dernières nouvelles qui remontent des bénéfices sont plutôt positives. Environ trois quarts des entreprises du S&P 500 ont déjà annoncé leurs résultats trimestriels. 7 entreprises sur 10 ont fait mieux que prévu.

2024 : nouveau record du S&P 500

À l’avenir : une reprise plus solide.

  • Après cette baisse provoquée par l’inflation, les hausses des taux d’intérêt et leurs impacts sur les marges bénéficiaires, le marché devrait reprendre de plus belle, ajoute Wilson. Dans d’autres analyses, il expliquait qu’il s’attendait à ce que l’indice phare remonte à 3.900 points à la fin de l’année, après la chute à 3.000.
  • Ici, il donne des perspectives à plus long terme que fin 2023. « Nous avons fait beaucoup de bon travail. Les valorisations ont baissé pour les valeurs vraiment spéculatives », continue-t-il. « Je pense que nous pourrions voir de nouveaux sommets probablement l’année prochaine si tout se passe comme nous le pensons. »
  • Le précédent record du S&P 500 était de près de 4.800 points. Ce mercredi, il a clôturé à 3.991 points.

Le détail : quand le pessimiste devient optimiste…

  • Malgré quelques notes positives dans son analyse, Wilson compte parmi les pessimistes de Wall Street. Il n’y va en effet pas avec le dos de la cuillère dans ses prises de parole : ces dernières semaines, il a traité le marché de « toxicomane sous héroïne » et l’a comparé à la zone de la mort du Mont Everest (pas plus tard que ce dimanche, dans une note).
    • C’est une zone où il y a très peu d’oxygène, soit directement fatale, soit qui pousse les alpinistes à prendre les mauvaises décisions, par stress ou à cause de la faiblesse physique.
    • Bref, la hausse des cours de ce début d’année ne lui plait visiblement pas du tout.
  • Or justement, si même un grand bear se met à des analyses bullish (à long terme), cela peut être un signe de bon augure pour les temps à venir.
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