Bientôt la fin de la hausse des taux ? « Les marchés sont sous héroïne »

La Fed diminue, à nouveau, la charge, en augmentant le taux d’intérêt de 25 points de base seulement. Wall Street part en flèche suivant cette nouvelle, continuant sur sa lancée depuis le début de l’année. Pour le stratégiste de Morgan Stanley, Mike Wilson, les marchés sont « sous héroïne » car ils restent trop concentrés sur la Fed et ce qu’ils voient comme la fin prochaine des hausses des taux. Dans les vapes, ils ne distingueraient pas le vrai danger : la chute des revenus des entreprises.

Les faits : le rallye boursier de ce début d’année.

  • Près de 8% pour le S&P 500, près de 14% pour le Nasdaq 100 : Wall Street commence l’année très fort.
  • L’idée qui alimente cette hausse, en somme : la baisse de l’inflation, la fin de la hausse des taux d’intérêt et la première réduction potentielle, cette année encore, et le potentiel atterrissage en douceur, ou du moins une récession finalement courte et légère.

Un marché toxicomane

L’essentiel : Gare à la hausse des coûts pour les entreprises.

  • Un rallye qui ne convainc pas Mike Wilson, stratégiste en chef de Morgan Stanley, et ce pour deux raisons, intimement liées.
    • 1/ La Fed ne va pas baisser les taux de sitôt (le marché du travail étant toujours tendu et la réouverture de la Chine pouvant relancer l’inflation).
    • 2/ Les bénéfices des entreprises vont continuer à chuter (élément qu’il réitère d’ailleurs régulièrement, mais sous un autre point de vue), car les coûts augmentent plus vite que les ventes, ce qui va réduire les marges bénéficiaires.

« Une fois que les gens se rendront compte que la Fed ne réduit pas les taux – qu’il n’y a plus d’héroïne, pour ainsi dire – alors nous verrons les prix des fondamentaux, qui se détériorent clairement à notre avis. »

Mike Wilson, relayé par Fortune
  • Les marchés, drogués, en extase et comme dans un délire ou une hallucination devront tôt ou tard mettre la seringue de côté (et s’apercevoir que les hausses des taux continuent et que, derrière ce voile, les bénéfices chutent). La descente sera alors brutale et le marché devra régurgiter ce qu’il a dans le ventre lors de son sevrage, pour continuer l’image de Wilson, qui voit le S&P 500 chuter de plus de 25% d’ici la moitié de l’année (avant de remonter de 30%, mais de manière plus saine, sur de bonnes bases).

Reality check

Zoom arrière : L’analyse de Wilson date de mardi. Depuis, la Fed a bel et bien augmenté le taux d’intérêt (de 25 points de base).

  • Le président de l’institution monétaire Jerome Powell a même indiqué qu’il fallait s’attendre à « plusieurs » autres hausses des taux. Néanmoins, Wall Street est parti en flèche : le S&P 500 a gagné plus d’1%, le Nasdaq plus de 2% sur la fin de la journée de mercredi (commencée de manière très plate avant l’annonce de la décision).
  • Ce qui amène la question suivante : les marchés prennent-ils en compte le fait que les hausses vont continuer, en sachant que ce ne sera finalement pas si grave pour les entreprises (et ont-ils inclus ces hausses des taux dans les prix des actions) ? Ou au contraire se shootent-ils à l’idée que la hausse est bientôt finie, montrant à la Fed qu’ils ne la croient pas ? Ou autrement dit, cette hausse des cours donne-t-elle raison aux marchés ou à Wilson ? Seul le temps nous le dira.
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