Les minutes de la Fed laissent peu de doutes : plusieurs hausses des taux sont encore à venir

Les minutes, ou procès-verbal, de la Fed sont un document précieux pour les investisseurs. Ils peuvent y lire la tendance générale et/ou les opinions qui diffèrent parmi les banquiers centraux des États-Unis. C’est comme une jauge pour les prochaines mesures de politiques monétaires, comme les hausses des taux d’intérêt. Les minutes de la dernière réunion, publiées ce mercredi, laissent entendre qu’il faut s’attendre à plusieurs nouvelles hausses des taux.

Pourquoi est-ce important ?

Entre la dernière réunion et la publication du procès-verbal, il y a eu un changement de paradigme. Le chiffre de l'inflation pour le mois de janvier est tombé. Et elle n'a quasi pas reculé.

Dans l’actu : le procès-verbal de la dernière réunion de la Réserve fédérale, la banque centrale des États-Unis.

  • La réunion s’est déroulée le 31 janvier et le premier février. La Fed a décidé d’augmenter le taux d’intérêt de 25 points de base, soit un saut inférieur aux hausses précédentes. Il y avait eu plusieurs hausses de 50 et même 75 points de base.
  • La fourchette des taux principaux se trouve désormais à 4,5 – 4,75%.

« Inflation inacceptable »

L’essentiel : L’inflation est à la baisse, mais…

  • « Les participants ont noté que les données relatives à l’inflation reçues au cours des trois derniers mois faisaient apparaître une réduction bienvenue du rythme mensuel de la hausse des prix, mais ils ont souligné qu’il faudrait disposer de preuves beaucoup plus nombreuses de la progression d’un éventail plus large de prix pour être sûr que l’inflation est sur une trajectoire descendante durable », note le document. Un taux d’inflation qui reste néanmoins « élevé de manière inacceptable ».
  • Deux semaines après cette réunion, l’inflation du mois de janvier est venue contredire l’espoir qu’on pouvait avoir sur la pente descendante de l’inflation.
    • Les prix ont augmenté de 6,4% par rapport à janvier 2022, soit quasi la même chose qu’en décembre (6,5%). Pareil pour l’inflation sous-jacente (le nerf de la guerre) : elle n’a baissé que de 0,1%, et affiche 5,6%.
  • Or, la mission première de la Fed est de calmer l’inflation et de la ramener vers les 2%. Le procès-verbal le répète. Ainsi, d’autres hausses des taux seraient à prévoir.
    • « L’inflation restant bien supérieure à l’objectif de 2 % fixé par le Comité et le marché du travail demeurant très tendu, tous les participants ont continué de prévoir que des augmentations continues de la fourchette cible du taux des fonds fédéraux seraient appropriées pour atteindre les objectifs du Comité », peut-on lire.

Faire peur aux marchés

Le détail : la Fed veut avoir le dernier mot.

  • Quelle hausse des taux à la prochaine réunion ? Certains membres ont défendu une hausse de 50 points de base, pour venir à bout de l’inflation plus vite. Avec la baisse minimale de l’inflation américaine en janvier, ils vont sans doute revenir à la charge avec cette proposition lors de la prochaine réunion.
    • Repasser à 50 points après une hausse de 25 pourrait en tout cas paraître comme un aveu de faiblesse de la part de la Fed – une telle hausse semble donc plutôt improbable.
  • Mais dans tous les cas, il faudra s’attendre à un discours en faveur de mesures fortes, comme « il faut encore plusieurs hausses ». C’est que la Fed veut faire peur aux marchés, car une hausse des cours à la bourse peut entraver la lutte contre l’inflation. En ce début d’année, ceux-ci ont plutôt cru que la fin de la hausse des taux était proche et n’ont pas cru ou voulu croire les messages de la Fed.
    • Le message semble cependant porter, cette fois (et l’inflation de janvier y joue un rôle). La semaine dernière et ce mardi surtout, il y a eu de lourdes chutes à Wall Street. Ce mercredi, avec la publication des minutes, les cours étaient plats. Le S&P 500 a perdu 0,15% et le Nasdaq en a gagné 0,05.
    • Les grands acteurs du marché, comme les banques, commencent à changer leur fusil d’épaule. Elles s’attendent finalement à davantage de hausses des taux.
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