Fumée blanche entre Pékin et Washington : les entreprises chinoises pourront bien garder leur cotation aux Etats-Unis

Le gendarme boursier américain et son homologue chinois sont arrivés à un accord : le premier pourra faire un audit complet des entreprises chinoises cotées à Wall Street. Ces sociétés peuvent enfin respirer : le risque qu’elles voient leur cotation supprimée disparaît désormais officiellement. Reste à voir ce que découvriront les audits : une inquiétude qui a freiné l’enthousiasme à la bourse.

Pourquoi est-ce important ?

Ce dossier a tenu les marchés boursiers en haleine depuis plus de deux ans. Des entreprises chinoises risquaient de perdre leur cotation aux Etats-Unis, car Pékin refusait qu'elles se soumettent à l'audit obligatoire depuis 2020, pour des raisons de "sécurité nationale".

Dans l’actu : l’autorité compétente de la comptabilité des entreprises cotées en bourse aux Etats-Unis (PCAOB), qui dépend du gendarme boursier, la SEC, a annoncé jeudi avoir eu le feu vert pour passer les entreprises chinoises au peigne fin.

  • Environ 200 entreprises sont concernées, dont Alibaba. Elles peuvent désormais officiellement respirer, après de premiers signes qu’un accord serait possible.
  • « Pour la première fois dans l’histoire, nous sommes en mesure d’effectuer des inspections et des enquêtes complètes et approfondies afin de déceler les problèmes potentiels et de tenir les entreprises responsables de leur résolution », s’exprime Erica Williams, présidente de la PCAOB, relayée par Reuters.

L’essentiel : gare à ce que découvre l’audit.

  • « L’annonce d’aujourd’hui ne doit en aucun cas être interprétée comme un certificat de bonne santé pour les entreprises de Chine continentale et de Hong Kong », avertit Williams tout de suite.
  • Dans ses premières inspections, l’autorité a d’ailleurs constaté « de nombreuses déficiences potentielles », sans qu’il ne soit précisé desquelles il s’agit.
  • Ce qui devrait donner lieu à des inquiétudes, selon Tim Ghriskey, stratégiste pour Ingalls & Snyder, cité par Reuters : si des problèmes étaient constatés lors des audits, cela « pourrait être très mauvais pour le secteur, surtout s’il n’y a ensuite aucun effort pour les corriger ou les reconnaître ».
  • Cette inquiétude pèse même plus sur les cours des entreprises que la nouvelle qu’un accord a été trouvé et que les entreprises n’étaient officiellement plus sur la sellette à Wall Street. Alibaba a clôturé dans le rouge et gagne 1% ce vendredi, à l’heure d’écrire ces lignes, tout comme Baidu, JD.com, l’ETF spécialisé sur la Chine, l’iShares MCSI China et l’indice des entreprises chinoises du Nasdaq, le Golden Dragon.
    • Les hausses des taux d’intérêt de la part des banques centrales et leur ton strict pour les mois à venir ce mercredi et jeudi ne sont pas étrangers à cette baisse. Mais force est de constater que l’annonce de la fumée blanche n’a pas provoqué de feu d’artifice. Ni à Wall Street, ni à Hong Kong.

Le détail : la Chine et les Etats-Unis peuvent encore se mettre d’accord, c’est déjà quelque chose.

  • Les relations entre la première et la deuxième économie du monde ne sont pas au plus beau fixe. Cela se montre dans les liens économiques et commerciaux, notamment. Les Etats-Unis limitent les exportations de certaines puces électroniques vers la Chine. La Chine rétorque avec une plainte à l’OMC et une enveloppe gigantesque pour booster son secteur des puces. Voilà un exemple parmi d’autres qui montre que le commerce entre les deux est tendu.
  • Mais voici une nouvelle qui montre que Pékin et Washington peuvent encore trouver des accords. C’est une bonne nouvelle pour les entreprises chinoises, qui pourront continuer à chercher des financements ailleurs qu’en Chine, où l’économie n’est pas encore vraiment sortie de l’auberge. Tout comme pour celles qui veulent tenter l’aventure boursière aux Etats-Unis.
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