La Slovaquie va-t-elle offrir 500 euros aux citoyens qui se rendent aux urnes ? « Le seul moyen d’éviter ce que l’Allemagne a vécu dans les années 1930 »

Les propos sont forts, la proposition également. Pour motiver les Slovaques à aller voter, le ministre des Finances veut les récompenser avec une enveloppe de 500 euros.

Pourquoi est-ce important ?

La Slovaquie est engluée dans une crise politique depuis près de deux ans. Principal élément déclencheur : l'achat de vaccins anti-Covid russes par le Premier ministre sans avoir obtenu l'accord de ses partenaires de coalition. Une situation qui pourrait profiter à l'opposition.

Dans l’actu : la proposition originale de l’ex-Premier ministre slovaque.

  • Chaque Slovaque qui vote lors des élections législatives anticipées de septembre devrait recevoir 500 euros (pas imposés), estime Igor Matovic, ancien Premier ministre et actuel ministre des Finances slovaque.
  • Cela devrait permettre, selon lui, d’éviter que le pays ne devienne une deuxième Hongrie – et c’est là sa comparaison la moins osée.

Le détail : 500 euros pour « sauver la démocratie ».

  • Matovic craint que les élections de septembre n’enregistrent le plus faible taux de participation de l’histoire de la Slovaquie. Excédés par les querelles gouvernementales et fatigués par la pandémie et la crise économique qui a suivi, les Slovaques pourraient bouder les urnes.
  • Ce qui, selon lui, pourrait profiter à des partis d’opposition peu soucieux de l’avenir démocratique du pays. Ceux-ci seraient prêts à mettre en place un régime autoritaire, à l’image de ce qu’il s’est passé dans la Hongrie voisine de Viktor Orban, avance-t-il. Chose que ces derniers réfutent totalement.
  • « En réalité, nous craignons que dans un avenir proche la Slovaquie ne soit affectée par quelque chose comme l’Allemagne dans les années 1930 après la grande crise économique », a osé Matovic, cité par Topky.
  • Selon lui, cette récompense de 500 euros pourrait être le moyen de « sauver la démocratie ».
    • « C’est peut-être un montant choquant, mais d’un autre côté, nous vivons dans une époque choquante et les résultats peuvent être choquants pour tous les démocrates. Un gros pansement pour une grosse plaie. Ce n’est pas de la corruption électorale », a-t-il argumenté.

L’opposition s’indigne

Les réactions : vives.

  • Plus qu’une simple déclaration d’intention, Matovic a déjà soumis sa proposition au Conseil national, le parlement slovaque.
  • Matovic fait partie de l’alliance OĽaNO-NOVA, la plus représentée au sein du parlement. Sa proposition n’est donc pas à prendre à la légère. D’autant plus que Sme-Rodina, son principal partenaire de coalition (et, soit dit en passant, d’extrême droite), trouve l’idée intéressante, à condition que Matovic explique comment il trouvera le milliard et demi d’euros nécessaires à couvrir cette initiative.
  • Dans l’opposition (majoritaire, nous l’expliquons ci-dessous), les réactions ont fusé.
    • Du côté des libéraux du SaS, on accuse Matovic d’avoir atteint le « summum du populisme » et de lancer la Slovaquie dans une « mission suicide ».
    • Chez les sociaux-démocrates de Hlas-SD, on parle d’un « non-sens qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde ».

Contexte : élections anticipées.

  • Devenu Premier ministre d’un gouvernement conservateur-libéral au tout début de la pandémie, Matovic a démissionné en avril 2021 suite à un scandale qui l’a vu acheté des vaccins anti-Covid russes sans l’aval de ses partenaires de coalition.
  • Matovic est devenu ministre des Finances dans le gouvernement (légèrement) remanié qui a été mis sur pied dans la foulée, avec les mêmes partis. Celui-ci, dirigé par un autre membre de son parti (Eduard Heger), est toujours en fonction actuellement. Mais plus pour très longtemps.
  • En effet, le gouvernement Heger est devenu minoritaire en septembre 2022 suite au départ d’un des quatre partis de la coalition (SaS).
  • Le gouvernement Heger a ensuite été renversé en fin d’année via une motion de censure. D’où la tenue d’élections anticipées en septembre prochain.
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