Pas de récession, une chute de l’inflation au second semestre, et la bourse de retour dans le vert, mais ce ne sera pas grâce à la Fed: les prévisions optimistes de JP Morgan

Contrairement à d’autres banques et de nombreux autres acteurs économiques, JP Morgan présente des estimations assez optimistes pour l’économie américaine et mondiale. La récession serait évitée, l’inflation retomberait, les actions récupéreraient leurs pertes de la première moitié de l’année, et le taux de croissance remonterait d’un cran. Des bonnes nouvelles qui sont cependant liées à des conditions : un armistice (très probable, selon la banque) en Ukraine et la fin des confinements en Chine.

Les oiseaux de malheur de l’économie américaine sont multiples. La récente augmentation des taux d’intérêt de la part de la Réserve fédérale a donné de l’eau à leur moulin : les différentes voix de du monde économique, comme les banques et les stratégistes, ont depuis toutes revues à la hausse les chances qu’une récession arrive. Même Jerome Powell, qui définissait encore ces estimations comme des exagérations il y a une semaine, trouve maintenant aussi que la récession est « certainement une possibilité« .

Dans ce contexte, le panorama que la banque de Wall Street, JP Morgan, donne de l’économie est un vrai contraste. Dans un rapport relayé par MarketsInsider, la banque estime, contrairement à son patron, que l’économie évitera la récession, et cela donnera lieu à une envolée du marché boursier.

L’inflation coupée en deux par un armistice en Ukraine

C’est que la banque s’attend à une forte diminution de l’inflation pour la deuxième moitié de l’année. Elle devrait baisser à 4,2% (une plus forte chute que celle des prévisions officielles pour les Etats-Unis, qui affichent 5,7% en fin d’année), et la Fed changerait de cap, ce qui éviterait alors le ralentissement économique dû aux fortes hausses des taux d’intérêt. Deux éléments qui feraient que le marché boursier repart à la hausse.

Mais cette baisse ne se produira pas comme par magie, elle est de fait liée à une condition. Cette condition est un armistice entre l’Ukraine et la Russie, qui selon JP Morgan arriverait au courant de la deuxième moitié de l’année. Pour cause : les différents pays, et notamment la Russie, se rendront pleinement compte du coût économique de la guerre.

La guerre en Ukraine, rappelons-le, n’est cependant pas la seule raison de l’inflation. La reprise économique après la pandémie, où la demande dépasse l’offre dans de nombreux domaines, et les congestions dans les chaines d’approvisionnement, jouent également un rôle important.

Le retour en force de la croissance, tirée par la Chine

L’inflation baisse, la récession est évitée et les indices boursiers reprennent de la couleur : ce ne sont pas les seules bonnes nouvelles des prévisions économiques de la banque. Elle ajoute encore une cerise sur le gâteau : les taux de croissance. « Nous voyons la croissance mondiale s’accélérer, passant de 1,3 % au premier semestre de cette année à 3,1 % au second semestre », écrit Marko Kolanovic, analyste de la banque.

Là encore, le chiffre dépend d’une condition : que la Chine ne se reconfine plus comme elle l’a fait au printemps de cette année. Dans ce cas, le taux de croissance du second semestre de l’Empire du Milieu sera de 7,5%, et il sera le cheval de trait du PIB mondial. Il fera profiter d’autres économies émergentes en même temps.

La banque est un des seuls acteurs économiques à prévoir de telles améliorations, qui restent néanmoins liées à des conditions incertaines. Mais JP Morgan le sait bien, tout n’est pas rose. « Ce n’est pas que nous pensons que le monde et les économies sont en grande forme, mais simplement qu’un investisseur moyen s’attend à une catastrophe économique, et si cela ne se matérialise pas, les classes d’actifs risquées (qui sont les plus en berne avec les conditions économiques, NDLR) pourraient récupérer la plupart de leurs pertes du premier semestre », conclut l’analyste. Une partie du salut du marché boursier serait donc assuré par la spéculation et la surinterprétation de ces améliorations.

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