Rarissime: face à la Biélorussie, quatre pays de l’UE menacent de déclencher l’article 4 du traité de l’Otan

La situation aux frontières entre la Biélorussie et ses voisins membres de l’Union européenne est explosive. Face à une arrivée massive de migrants dont Minsk est accusé d’être à l’origine, quatre pays de l’UE viennent de s’accorder sur un point: si l’un d’eux déclenche l’article 4 du traité de l’Otan, ils se soutiendront.

En fin de semaine dernière, la Pologne avait annoncé qu’elle envisageait de déclencher l’article 4 du traité de l’Otan. Son Premier ministre, Mateusz Morawiecki, avait qualifié d’ »inévitable » l’implication de l’alliance dans ce dossier, indiquant « avoir besoin de mesures concrètes » face à la Biélorussie.

Ce mardi, la Pologne a reçu un soutien de poids. À l’issue d’une réunion entre les présidents estonien, letton, lituanien et polonais, les quatre pays ont annoncé qu’ils se soutiendraient si l’un d’eux décidait d’invoquer cet article 4. La Lettonie a même indiqué que, pour sa part, elle n’était « qu’à un pas » de le faire.

Pour l’instant, aucun de ces quatre États membres de l’UE n’a toutefois décidé de mettre ses menaces à exécution. Ils préfèrent encore attendre d’observer l’évolution de la situation, et surtout le comportement de la Biélorussie et de son allié russe.

Que dit l’article 4 du traité de l’Otan ?

L’article 4 du traité fondateur de l’Otan stipule que les « parties se consulteront chaque fois que, de l’avis de l’une d’elles, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de l’une des parties sera menacée ». Son déclenchement « prévoit que les pays membres peuvent porter une question à l’attention du Conseil de l’Atlantique Nord et l’examiner avec les Alliés ».

Depuis la création de l’Otan en 1949, il n’a été invoqué qu’à six reprises, dont cinq fois par la Turquie: en 2003 en lien avec la guerre d’Irak, puis deux fois en 2012, une fois en 2015 et une fois en 2020, principalement en lien avec des conflits en Syrie). Le seul autre pays à l’avoir déclenché est… la Pologne. En 2014, Varsovie avait agi de la sorte en raison des conflits éclatant dans l’Ukraine voisine, estimant qu’ils constituaient une menace pour les pays de l’Alliance voisins, et qu’ils avaient des implications directes et sérieuses pour la sécurité et la stabilité de la zone euro-atlantique.

Au sujet de cette crise migratoire, au sein de l’Otan, la Pologne peut déjà compter sur d’importants alliés, tels que les États-Unis, le Royaume-Uni ou encore la France. Après une réunion du Conseil de Sécurité de l’ONU jeudi, ces trois grandes puissances, accompagnées d’autre pays, ont accusé Minsk de vouloir « déstabiliser » ses voisins. Côté britannique, le ministère de la Défense a même déjà envoyé des militaires à la frontière polono-biélorusse.

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