Menaces de crise des migrants à la frontière polonaise: l’armée biélorusse y escorte les réfugiés

La situation s’empire à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. De plus en plus de réfugiés veulent passer, depuis la Biélorussie, dans l’UE, via la Pologne. Ce que la Pologne ne compte pas laisser faire. Le pays a déjà mobilisé plus de 22.000 soldats pour protéger la frontière. Aujourd’hui la Biélorussie a envoyé un convoi de mille réfugiés, escorté par des soldats, à la frontière.

La tactique est la provocation de la Biélorussie envers l’UE. Le président biélorusse Loukachenko rapatrie par avion des migrants d’Afrique et du Moyen-Orient, avant de les envoyer vers l’Union Européenne. Le président est sur un pied de guerre avec l’UE.

Voici une vidéo de la situation à la frontière:

Selon les derniers plans, une quarantaine de vols ont lieu chaque semaine vers la capitale biélorusse, Minsk, et ce depuis Istanbul, Damas et Dubaï. Selon Welt am Sonntag, les vols devraient continuer jusqu’en mars. Il y a le double de vols entre le Moyen-Orient et Minsk, par rapport à l’hiver 2019/2020.

Le vol Ryanair 4978

La relation entre la Biélorussie et l’UE s’est refroidie fortement l’année dernière. À l’issue des élections présidentielles, Loukachenko a de nouveau été élu, avec plus de 80% des voix ; résultat qui serait dû à de la fraude et de la corruption. De larges manifestations ont alors eu lieu, qui ont mené à des émeutes et l’arrestation des opposants politiques.

Les manifestations ont été brutalement réprimées Loukachenko, sa police et son armée. Des activistes ont été tabassés à coups de matraque, gazés à la bombe lacrymogène et laissés pour morts. Des journalistes, malgré leur statut protégé, n’ont pas échappé aux violences. En total, neuf personnes sont mortes dans les manifestations.

La tension était à son comble lorsque la président a fait atterrir le vol Ryanair 4878 en Biélorussie, suite à une prétendue alerte à la bombe. Le but était surtout d’arrêter le journaliste critique du régime Roman Protasevich, qui se trouvait à bord. Protasevich est connu en Biélorussie comme rédacteur-en-chef du média Nexta, diffusé via le Telegram, et qui s’est souvent retourné contre le régime. La compagne de Protasevich, Sofia Sapega, se trouvait à bord du vol, et a été arrêtée « pour avoir enfreint la loi biélorusse ». Les accusations n’ont pas plus été explicitées.

Contre-action

Sur ce, l’UE a décidé de prononcer des sanctions contre le dictateur. Les vols de la compagnie biélorusse Belavia ont été interdits d’atterrissage dans les États membres, et l’import de marchandises biélorusses a en partie été refusé. Depuis, les deux camps ne peuvent plus se voir.

L' »import » de migrants, pour les envoyer vers l’UE, en est la réponse de Loukachenko. Après avoir envoyé des migrants en Lituanie (ce qu’il continue toujours à faire), il les envoie désormais en Pologne. Avec l’aide de l’armée, il chasse les migrants vers la frontière. Les réfugiés, qui la plupart du temps fuient la guerre et la persécution pour la chance d’un meilleur avenir et d’une vie digne en Europe, se retrouvent alors pris dans ce jeu. Dans leur dos, des fusils russes, devant eux les bombes lacrymogènes et les barbelés des Polonais. Le Sénat polonais a entre temps voté une proposition de loi pour construire un véritable mur à la frontière avec le voisin biélorusse.

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