Rapport alarmant de l’AIE : « On assiste à une reprise post-pandémie non durable. On ne réduira nos émissions que de 40% d’ici 2050 »

A moins de trois semaines du lancement de l’importantissime sommet sur le climat de la CO26, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publie un rapport annuel alarmant. Partis comme nous le sommes actuellement, nous n’atteindrons pas du tout les objectifs climatiques attendus.

Avec son rapport, l’AIE espère que les pays du monde entier disposeront d’un « guide » susceptible de mener leurs dirigeants à prendre les bonnes décisions lors de la COP26. S’ils le lisent attentivement, ils comprendront qu’il est urgent de prendre davantage de mesures pour préserver notre planète.

En effet, d’après les estimations de l’AIE, si les pays respectent les engagements tenus jusqu’à présent (et encore faut-il qu’ils le fassent), les émissions de carbone ne diminueront que de 40% d’ici 2050.

L’organisation a souligné la nette différence entre les plans actuels et le changement nécessaire pour atteindre l’objectif de zéro émission nette pour le milieu du siècle était « frappante ». D’après elle, combler ce fossé nécessite jusqu’à 4 milliards de dollars d’investissements supplémentaires au cours de la prochaine décennie.

Nous sommes déjà en train de louper le coche

Interrogé par le Guardian, Faith Birol, le directeur exécutif de l’AIE, a pointé du doigt la situation actuelle. « Nous assistons à une reprise non durable après la pandémie », a-t-il déclaré. Il se réfère notamment à la forte croissance de l’utilisation du charbon, qui contribue à la deuxième plus grande augmentation des émissions de CO2 de l’histoire.

Un avertissement qui intervient au moment où l’Europe, entre autres, fait face à une flambée des prix du gaz qui menacent d’augmenter les coûts de l’hiver pour les consommateurs, de fermer des usines et de perturber les chaînes d’approvisionnement sous pression pour les produits alimentaires et le commerce de détail.

Cette crise met en évidence la dépendance du Vieux Continent vis-à-vis du gaz, son secteur des énergies renouvelables n’étant pas encore en mesure de répondre à ses besoins énergétiques.

Pour l’AIE, il s’agit là d’un « avertissement préalable » du risque d’avancer trop lentement vers le renouvelable. M. Birol a tenu à qualifier d' »inexactes et trompeuses » les récentes affirmations – notamment relayées par Vladimir Poutine – selon lesquelles cette forte hausse des prix de l’énergie était en partie causée par la transition verte.

« Nous verrons que dans un monde d’énergie propre, les chocs dus au doublement des prix du pétrole et du gaz seront beaucoup moins ressentis par les consommateurs », a-t-il assuré.

Accent sur les pays émergents

Dans son interview, M. Birol a également tenu à mettre en évidence la nécessité pour les pays les plus riches d’aider les nations émergentes à elles aussi prendre des engagements en matière de réduction des émissions. Pour lui, 70% des 4 milliards de dollars d’investissements supplémentaires doivent aller aux marchés émergents et aux économies en développement.

Il aimerait également que les institutions telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international soient tenues de donner la priorité aux projets d’énergie propre dans ces pays. Ce qui agirait comme un catalyseur pour les capitaux privés.

« Les dirigeants mondiaux devraient dire que nous sommes déterminés: si vous investissez dans les anciennes sources d’énergie, les sources d’énergie sales, vous risquez de perdre votre argent. Si vous investissez dans les énergies propres, vous ferez de beaux profits », a-t-il déclaré.

Note positive

Si l’AIE tient à tirer la sonnette d’alarme, elle veut également donner des motifs d’encouragement au monde. Selon elle, une grande partie des investissements supplémentaires nécessaires pour atteindre l’objectif de zéro émission nette pourrait être réalisée relativement facilement.

En outre, elle estime que plus de 40% de la réduction requise des émissions pourrait provenir de mesures « rentables », telles que l’amélioration de l’efficacité, la limitation des fuites de gaz ou l’installation d’éoliennes ou de panneaux solaires là où ils sont déjà bon marché et efficaces.

Enfin, l’AIE souligne que le « net zéro » est porteur d’opportunité économiques. Les seuls engagements actuels en matière de réduction des émissions permettraient déjà de créer 13 millions d’emplois. Un chiffre qui pourrait doubler en cas d’intensification des mesures allant dans ce sens.

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