Pourquoi nous faisons face à une semaine décisive pour les marchés

Réunions des banques centrales, rapport sur l’emploi américain, résultats des Big Tech… La semaine qui s’annonce pourrait signer la fin du bull market ou lui donner un tremplin supplémentaire.

Taux d’intérêt

  • C’est sans doute l’élément macro le plus décisif : la Fed (mercredi) et la BCE (jeudi) annonceront cette semaine une nouvelle hausse des taux d’intérêt. La question que tout le monde se pose est de savoir de combien : 0,25 ou 0,50%, à savoir une nouvelle baisse de la hausse des taux ou une prolongation de la tendance précédente.
  • L’inflation est clairement en repli des deux côtés de l’Atlantique, mais certains craignent une inflation de second tour qui se maintiendrait à un niveau plus élevé que prévu cette année. C’est certainement vrai pour l’Europe qui fait face à une inflation liée au coût (prix de l’énergie) plutôt qu’à une inflation liée à l’offre, comme aux États-Unis (marché en surchauffe et spirale salaires-prix). Cette inflation persistante pourrait faire augmenter le pic des taux d’intérêt.
  • Dans les deux cas, la BCE et la Fed disposent encore de marge de manœuvre. L’Europe semble renouer avec la croissance, tandis que l’emploi aux États-Unis reste extrêmement tendu.

Rapport sur l’emploi US

  • Ce qui nous mène au point suivant : le nouveau rapport sur l’emploi américain qui sera publié de manière assez contre-intuitive vendredi, soit après la décision de la Fed.
  • Vous les savez, la banque centrale tente de refroidir l’économie et l’un des principaux indicateurs sur lequel la Fed se base est la création de jobs. Les économistes s’attendent à 185.000 jobs créés, soit un vrai ralentissement par rapport aux 223.000 de décembre et au 263.000 de novembre. Pour le moment, le taux de chômage est historiquement bas, à 3,5%.
  • Le salaire horaire sera un autre indicateur déterminant à tenir à l’œil. Ça ralentit doucement mais surement de côté-là : les experts s’attendent à une augmentation de 4,3% contre 4,6% en décembre et 5,1% en novembre, sur une base annuelle.

Les résultats des entreprises pour Q4 2022

  • Après une année à ne regarder que l’attitude des banques centrales, le marché revient à ses fondamentaux : investir dans les entreprises qui ont de bons résultats. Une donnée qui redeviendra indispensable en 2023 et dépassera les craintes liées aux décisions des banques centrales.
  • Cette semaine sera une autre semaine de résultats cruciaux pour la tech : après Microsoft et Tesla la semaine dernière, place à Alphabet, Apple, Meta et Amazon.
  • Pour l’heure, les résultats qui sont déjà tombés ont montré un ralentissement de la demande. Même les grandes banques qui auraient dû profiter des taux hauts n’ont pas connu de résultats mirobolants. Pire : elles constituent des réserves pour se mettre à l’abri des orages de 2023 (face aux défauts de paiement et au recul du nombre de crédits).

Bullish ou bearish ?

  • Après un début d’année en trombe, aussi bien pour les marchés européens que pour le Nasdaq, par exemple, la question est de savoir si l’on restera dans cette spirale positive. Les avis sont très partagés.
  • Jimmy Cramer, l’expert maison de la CNBC, estime que si une décision positive émane de la Fed mercredi (0,25%), ça risque d’être la fête sur les marchés.
  • Jeremy Grantham, investisseur d’exception, pense toujours que nous faisons face à un crash. Les espoirs de soft landing feront place à la récession. Il voit une dégringolade de 20 à 50% du S&P 500, malgré une correction de 20% en 2022.
  • Morgan Stanley pense que « le marché est trompeur » et qu’il doit encore faire face à la correction de la récession. JPMorgan est du même avis.