Pour maintenir une présence dans l’espace, la NASA doit miser sur une station spatiale privée et touristique

Les temps sont propices à l’ouverture d’un nouveau chapitre dans la conquête de l’espace. La Lune et Mars font rêver un public qui attend de se trouver de nouveaux héros parmi les pionniers des futures bases permanentes qu’on lui annonce, les entreprises privées sont sur la brèche, et les États se relancent dans une concurrence qui, avec un peu de chance, restera saine. L’ennui, c’est que le matériel, lui, n’a pas droit à un second souffle, et la NASA doit compter sur le secteur privé pour s’assurer qu’il y ait toujours un station spatiale en orbite après 2030.

La Station spatiale internationale (ISS), lancée en 1998 et gérée collectivement par 19 nations, voit se manifester de plus en plus de symptômes de sa grande vieillesse, alors que sa mise à la retraite était initialement prévue pour 2024. Or, si elle veut remplir ses objectifs -le retour de l’humanité sur la Lune dans la décennie à venir et l’arrivée sur Mars dans les années 2030 – la NASA a besoin d’un lieu propice à l’expérimentation. Difficile en effet d’étudier l’effet sur le corps et l’esprit humain de séjours prolongés dans l’espace tout en gardant les pieds sur notre Terre.

L’ISS devra tenir jusqu’en 2030

Aucune alternative américaine ou européenne n’étant pour l’instant envisagée (à l’inverse des Chinois, voire des Russes) l’agence spatiale américaine table sur un prolongement de la carrière de l’ISS jusqu’en 2030, même si celui-ci n’a pas encore été officiellement décidé. Mais même ainsi, les derniers rapports alertent que ça ne sera pas suffisant pour mener à bien toutes les missions prévues, selon le site spécialisé Space.com : « Selon les plans actuels de l’Agence [NASA], l’atténuation des risques pour la santé et les démonstrations technologiques ne seront pas terminées d’ici 2030, date prévue pour le retrait de l’ISS » peut-on lire dans un rapport de 41 pages publié le 30 novembre dernier.

Face à ce manque annoncé de base en orbite, la NASA a décidé d’opter pour la même stratégie que pour les fusées et capsules de nouvelle génération : faire appel au secteur privé. L’agence encourage le développement de stations spatiales privées pour combler un possible manque de station purement scientifique. L’objectif étant qu’au moins un de ces avant-postes commerciaux soit opérationnel d’ici 2028: « Nous avons constaté que les actions à court terme de l’Agence sont prometteuses, les récents efforts de la NASA ayant suscité l’intérêt et la croissance du marché, notamment pour les missions d’astronautes privés. »

Une station privée qui prendra son autonomie

La société Axiom Space prévoit d’effectuer quatre missions privées avec équipage vers l’ISS à bord des capsules Crew Dragon au cours des deux prochaines années, avant de lancer un module commercial vers l’ISS en septembre 2024, puis à envoyer trois autres modules au cours des trois prochaines années. « Avec la livraison du quatrième module, la station Axiom aura la capacité d’être indépendante de l’ISS et pourra ensuite se séparer pour devenir une station spatiale indépendante de nouvelle génération avec des quartiers d’équipage améliorés, une capacité de charge utile accrue et un module de fabrication et de laboratoire de recherche dédié », a précisé Matt Ondler, directeur de la technologie d’Axiom, à Space.com. « Ce calendrier correspond à la fin de vie prévue de l’ISS, de sorte qu’il devrait y avoir une transition transparente sans interruption de la présence humaine en orbite terrestre basse. »

Un nouveau chapitre de l’exploration spatiale qui commence donc, mais sous une bannière qui risque bien de devenir commerciale avant d’être scientifique.

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