Pour le Premier ministre slovène, « La pression exercée sur la Lituanie et d’autres pays européens ne profitera pas au gouvernement chinois »

Après la Lituanie, la Slovénie veut maintenant développer ses relations commerciales avec Taïwan. Le Premier ministre slovène Janez Janša a qualifié de « ridicule » et « effrayante » la réaction de Pékin à la récente coopération entre la Lituanie et Taïwan.

En novembre, la Lituanie a ouvert un « bureau de représentation de Taiwan » à Vilnius. Le pays balte a donc fait un pas de plus que la plupart des États membres de l’UE dans le maintien de liens diplomatiques officiels avec Taïwan. À Bruxelles, par exemple, le bureau local de Taïwan est appelé « bureau de représentation de Taipei ». Cette petite nuance est particulièrement sensible pour les autorités taïwanaises et chinoises.

Depuis, Pékin est furieux contre Taïwan et a déclenché des sanctions économiques et diplomatiques à son encontre. En réponse, Taïwan a mis en place deux fonds d’investissement, d’une valeur totale de 1,2 milliard de dollars, pour atténuer les dommages économiques.

Toute l’affaire en Lituanie était un pari de Taipei pour encourager les autres États membres de l’UE à se ranger du côté de Taïwan. Ce pari semble désormais payant. Le Premier ministre slovène Janez Janša a déclaré lundi, dans une interview accordée à la chaîne de télévision indienne Doordarshan, que son pays envisageait de développer ses relations avec Taïwan.

Pression sur les États membres de l’UE

La décision de la Slovénie n’aurait toutefois pas la même portée que celle de la Lituanie. « Nous travaillons sur un échange de représentants. Bien sûr, pas au même niveau qu’une ambassade. Elle serait similaire à la représentation dans les autres États membres de l’UE », estime M. Janša. Il s’agirait donc probablement d’un « bureau de représentation de Taipei » à Ljubljana.

Selon M. Janša, la Chine protesterait bruyamment chaque fois qu’un État membre de l’UE autoriserait un tel bastion taïwanais sur son territoire. « Mais la pression exercée sur la Lituanie et d’autres pays européens ne profitera pas au gouvernement chinois. À long terme, il n’y a que des perdants dans cette affaire », prévient le Premier ministre slovène.

La pression dont parle Janša est réelle et a été ressentie par la Lituanie depuis décembre. Selon la Commission européenne, la Chine bloquerait l’importation de certains produits de l’UE s’ils contiennent des composants provenant de Lituanie. Le fabricant allemand de pneumatiques Continental aurait déjà été mis sous pression de cette manière.

Tenir le gouvernement chinois responsable d’une réponse rapide à la pandémie

Janša avait également quelque chose à dire sur le traitement de Taïwan par la Chine. « Je soutiendrais le peuple taïwanais s’il veut rejoindre la Chine. Si vous regardez la situation à Hong Kong, vous pouvez voir que cela se passe d’une manière inappropriée. Je les soutiendrais également s’ils veulent continuer à vivre de manière indépendante. Il est effrayant d’isoler un pays aussi petit et souverain », affirme le dirigeant slovène.

Enfin, quelques remarques intéressantes sur son expérience personnelle avec Taïwan et la pandémie de Covid-19 : « J’ai appelé mes homologues taïwanais pendant la pandémie pour partager nos expériences. Personnellement, j’ai visité le pays 4 ou 5 fois. C’est une démocratie. […] Il est dommage que la Chine bloque l’adhésion de Taïwan à l’Organisation mondiale de la santé, car il pourrait être utile pour la Chine d’avoir un pays voisin qui en soit membre. Après tout, le virus ne connaît pas de frontières. […] La Chine ne s’est clairement pas bien comportée au début de la pandémie. Nous devons en débattre et demander des comptes au gouvernement chinois. »

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