Depuis quelques jours, l’idée de la formation d’une force d’intervention européenne commune a de nouveau émergé. La conséquence d’un départ de l’Afghanistan trop précipité au goût de l’UE, qui n’a eu d’autre choix que de suivre le calendrier américain. Toutefois, la Suède a déjà fait savoir qu’elle s’opposait à ce projet. Et elle n’est pas la seule.
« Tous les pays de l’UE présents en Afghanistan se sont mobilisés autour de l’aéroport de Kaboul au cours des dernières semaines. Ils ont coopéré entre eux et partagé leur capacité de transport. Mais en tant qu’Européens, nous n’avons pas pu envoyer 6.000 soldats pour sécuriser la zone. Les États-Unis l’ont pu. L’UE doit pouvoir intervenir pour protéger nos intérêts lorsque les Américains ne veulent pas être impliqués ».
La semaine dernière, Josep Borrell, Haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, a remis sur la table le projet de force d’intervention propre à l’Union. Celle-ci serait composée de 5.000 hommes et pourrait intervenir rapidement en cas de crise telle que celle qui a éclaté en Afghanistan au mois d’août, à la demande des Nations Unies ou de l’Otan, mais en partant sur un pied d’égalité par rapport aux Américains.
Au printemps dernier, c’étaient 14 pays membres de l’Union européenne qui avaient signé une résolution en ce sens.
« Les États-Unis sont l’épine dorsale de la sécurité européenne »
Le ministre suédoise de la Défense, Peter Hultqvist, s’est totalement opposé à cette idée, rapporte Euractiv. Pour lui, l’Union européenne ne doit pas organiser un système de défense propre. Il estime qu’elle doit conserver des liens très forts avec les Etats-Unis.
« Je ne vois pas cela comme la ligne principale pour résoudre ces problèmes », a déclaré M. Hultqvist. « La coopération avec les États-Unis est l’épine dorsale de la sécurité européenne. » Le lien outre-Atlantique reste particulièrement important pour l’équilibre et la stabilité « dans notre partie du monde », a-t-il ajouté.
Une déclaration qui jette un froid sur le débat qui occupe actuellement les différents ministres de la Défense de l’Union. D’autant plus que la Suède n’est pas la seule à s’opposer au projet. La Pologne et les pays baltes n’en sont, eux non plus, pas partisans.
Notons que la Suède n’est pas membre de l’Otan, bien que son parlement et sa population semblent de plus en plus favorables à formuler une demande d’adhésion dans le futur.
La France va intensifier sa demande
Comme l’indique Euractiv, l’Union présentera un projet de proposition d’une éventuelle « première force d’entrée » en novembre et souhaite conclure l’accord lorsque la France prendra la présidence semestrielle du Conseil de l’UE. C’est-à-dire à partir de janvier 2022. A ce moment-là, Emmanuel Macron renforcera probablement ses appels du pied en vue de la constitution d’une telle force d’intervention commune.
De son côté, le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, dont le portefeuille comprend notamment la défense, a déclaré que la défense commune n’était « plus optionnelle » et que l’UE devait devenir capable de mener des missions militaires en « pleine autonomie » à sa frontière et ailleurs.
L’Allemagne semble plutôt préférer des « coalitions volontaires ». Ce qui verrait les États-membres s’allier volontairement pour affronter les crises futures, tout en laissant donc le choix de ne pas y participer. Mais il s’agit là du point de vue d’Angela Merkel, qui cèdera son poste de chancelière cet automne.
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