Plus de 500 nouveaux cas de covid-19 par jour: un chiffre moins alarmant qu’il n’y parait

Entre le 25 et le 31 juillet, la Belgique a recensé en moyenne 517,1 cas de coronavirus par jour, selon les chiffres publiés par Sciensano. Cela représente une augmentation de 60% par rapport à la semaine précédente. Et même si les chiffres ne cessent d’augmenter depuis plus de deux semaines, l’heure n’est pas à la panique. Nous sommes loin de revivre la situation de mars. Explications.

La Belgique connait une seconde vague. Les contaminations sont reparties à la hausse depuis le 15 juillet, alors qu’elles baissaient depuis la mi-avril. Mais ces 4 analyses montrent qu’il ne s’agit pas du même tsunami que nous que celui vécu en mars dernier.

1. Les hospitalisations

Dans les hôpitaux, la situation n’est plus du tout la même que celle de mars. Par exemple, le nombre de nouvelles admissions est passé de 18 le 15 mars à 553, le 31 mars. Le mois dernier, nous sommes passés de 12 nouvelles hospitalisations le 16 juillet à 26 le 1er août. Les situations sont incomparables. A titre d’exemple, il n’y a plus aucun patient Covid-19 dans les hôpitaux de la province du Luxembourg.

Sciensano

Même chose avec les lits occupés dans les unités de soin intensif. Selon Sciensano, le 1er août, le nombre de malades infectés par le covid-19 dans ces services était de 56. Un chiffre à peine plus haut que le 15 mars, où ont en comptait 54. Il ne faut évidemment pas que l’augmentation s’accélère, mais actuellement, en un mois, le nombre de lits occupés n’a même pas doublé. Il n’avait fallu que 3 jours en mars pour que les occupations fassent fois deux.

2. La population touchée

Les nouveaux cas de covid-19 ne sont plus du tout situés dans la même tranche d’âge qu’en mars.

Sciensano

Au début de l’épidémie, c’était surtout les personnes de plus de 50 ans qui étaient infectées par le coronavirus. Aujourd’hui, on remarque qu’elles sont beaucoup plus épargnées et que ce sont surtout les plus jeunes qui sont touchés.

Nous avons tiré des leçons de ce début de crise : nous savons que les personnes plus âgées ont plus de risques de développer une forme grave de la maladie. Elles sont donc plus protégées que ce soit dans les maisons de retraite ou chez elle, car mieux informées. Une grande partie des citoyens belges s’est rendu compte qu’il fallait prendre plus de précautions avec la population à risque.

Les jeunes font généralement des formes beaucoup moins graves de covid-19. La plupart n’ont pas besoin d’aller à l’hôpital et sortiront presque indemnes de la maladie.

Cela signifie donc que les hôpitaux seront moins surchargés et que le nombre de décès ne devrait pas à nouveau exploser. Mais attention : ce ne sera le cas que si les personnes infectées ne vont pas inconsciemment contaminer des personnes à risque au cours des prochaines semaines.

3. Le nombre de tests

‘Plus on cherche, plus on trouve’, diront certains pour expliquer l’augmentation du nombre de cas. En effet, les laboratoires effectue bien plus de tests pour le covid-19, notamment ces 7 derniers jours, par rapport au mois de juillet par exemple. En gardant un pourcentage de tests positifs équivalent, il est logique de voir une augmentation de cas détectés maintenant que nous faisons 25.000 tests par jour.

Cependant, selon les experts de Sciensano, l’augmentation du nombre de tests réalisés n’est en réalité que de 20%. Cela ne suffit donc pas à expliquer l’augmentation de près de 60% des cas que nous observons ces derniers jours.

Il est vrai que si nous regardons les chiffres bruts, il semble y avoir une augmentation de plus de 50% du nombre de tests réalisés. On passe en effet de moins de 15.000 tests mi-juillet à près de 25.000 à la fin du mois. Mais selon Sciensano, cela s’explique par une nouvelle manière de compter les tests. Au début du mois, l’institut scientifique comptait le nombre de personnes testées, aujourd’hui, il compte le nombre de tests effectués. Une même personne peut faire le test plusieurs fois si les résultats ne sont pas concluants. Cela explique, entre autres, cette augmentation impressionnante.

Sciensano

En outre, le contact tracing commence à fonctionner là où il était inexistant il y a 5 mois. Actuellement, lorsqu’une personne est déclarée positive, elle doit renseigner les personnes avec qui elle a été en contact. Ces personnes seront testées, et si elles sont positives, ses proches seront contactés. Plus il y a de nouveaux cas, plus il y a de tests effectués et plus les cas positifs sont détectés.

4. L’expérience

L’évolution de l’épidémie est aujourd’hui suivie par tous les experts de l’État. Dès qu’une augmentation des cas a été observée, le gouvernement a directement été prévenu et il a pris des mesures en conséquence. Ainsi, nos libertés ont été à nouveau restreintes. Nous vivons une sorte de second confinement, mais cette fois-ci social. Chaque foyer est restreint à voir 5 proches, pas plus. Pour beaucoup, c’est dur à vivre. Mais cela a directement pour but de réduire les risques de propagation du virus.

Ces nouvelles mesures sanitaires, comme le port du masque, n’existaient pas en mars. À l’époque, les politiques ont tardé à confiner la population, l’épidémie était pourtant déjà bien en route dès les vacances de carnaval.

En outre, aujourd’hui, les experts et les politiques en savent beaucoup plus sur la maladie et peuvent donc mieux réagir. Par exemple, les bourgmestres vont désormais recevoir un bulletin personnalisé sur la situation épidémiologique dans leur commune. Ils pourront ainsi prendre des mesures rapidement – dans la limite de leurs compétences – pour freiner la propagation si un pic de nouveaux cas est détecté.

En limitant le taux de contamination dès le début d’une reprise, on évite que la seconde vague se transforme en tsunami.

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