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Le « nouvel axe pétrolier » veut faire augmenter les prix du pétrole : une mauvaise nouvelle pour la croissance (et l’inflation) des pays occidentaux

Le « nouvel axe pétrolier » veut faire augmenter les prix du pétrole : une mauvaise nouvelle pour la croissance (et l’inflation) des pays occidentaux
crédit: Getty Images

L’OPEP, mené par l’Arabie saoudite, s’accoquine de plus en plus avec Moscou, en s’approchant également de la Chine et même de l’Iran. Une stratégie coordonnée qui ne laisse pas de place aux doutes pour l’Occident.

Pourquoi est-ce important ?

L'OPEP, on le sait, préfère un baril cher. Les risques de ralentissement et la crise bancaire ont poussé les prix de l'or noir vers le bas ces derniers mois. Mais ils sont repartis à la hausse depuis la décision du cartel pétrolier de réduire la production.

Les faits : La réduction de production de l’OPEP et de la Russie.

  • Le 2 avril, les pays de l’OPEP ont décidé de réduire la production de pétrole de plus d’un million de barils par jour.
    • C’est la 2e coupe après celle d’octobre dernier, quand l’OPEP avait annoncé une réduction de 2 millions de barils par jour.
    • La Russie, membre de l’organisation élargie, avait aussi déjà décidé de son côté de réduire la production de 500.000 barils par jour. La semaine dernière, Moscou a porté ce chiffre à 700.000.
  • La baisse de l’OPEP entrera en vigueur en mai.
  • Depuis l’annonce, les prix de l’or noir augmentent. Le Brent se négocie à 86 dollars le baril (+8,9% depuis son niveau d’avant la décision) et le WTI à 82 (+9,3%).

Trou de deux millions de barils par jour sur le marché à la fin de l’année ?

L’essentiel : vers un gros déficit de l’offre ?

  • Depuis cette coupe, l’OPEP a publié son rapport mensuel sur le marché du pétrole. L’organisation écrit dans ce document, publié jeudi, consulté par Bloomberg et Reuters, qu’elle s’attend à un déficit de plus de deux millions de barils par jour sur le dernier trimestre. Cela veut dire que la demande dépassera fortement l’offre.
  • Lors du troisième trimestre, la différence sera d’ailleurs déjà importante : il devrait y avoir un déficit de 1,6 million de barils par jour.
  • Selon les calculs de Bloomberg, les réductions de la production augmentent le déficit. Il aurait été d’environ un million de barils par jour au troisième trimestre et 1,5 million au quatrième trimestre sans les coupes.

Le détail : objectif des coupes.

  • Sans les coupes, le deuxième trimestre aurait connu un excédent. Ce ne serait désormais plus le cas. L’OPEP profite du rapport pour justifier sa décision : elle la décrit comme une « mesure de précaution visant à soutenir la stabilité du marché ». Les stocks de pétrole seraient trop remplis et la production trop importante, par rapport à la demande.
  • Dans un premier temps, il est vrai, une coupe équilibrerait cette différence entre offre et demande. Mais à plus long terme, elle créera visiblement un large déficit.
    • Cela devrait bien sûr pousser les prix vers le haut. Certains analystes estiment que le baril pourrait bel et bien retourner vers les 100 dollars, sur le reste de l’année.
    • Reste à voir si ce déficit se concrétise, en fonction de l’évolution de l’offre et de la demande. Mais rien qu’une telle prédiction peut jouer sur les prix – ce qui ne déplaît pas à l’OPEP, au contraire.

Zoom arrière : « Un nouvel axe pétrolier ».

  • C’est ce qu’écrit l’expert des marchés de BFM Business, Marc Fiorentino, dans sa newsletter ce vendredi. L’Arabie Saoudite se détournerait de plus en plus des États-Unis pour choisir une politique de « non-alignement ». En d’autres mots, Riyad continue le « business as usual » avec Moscou et se rapproche de la Chine. Les clients chinois ne semblent d’ailleurs pas être impactés par la baisse de production.
    • « Il est trop tôt pour savoir si c’est une manœuvre des Saoudiens pour obtenir plus de concessions de la part des Américains ou si c’est une réorientation stratégique durable », réfléchit Fiorentino.
    • Rappelons que la visite de Biden à Riyad s’était soldée, deux semaines plus tard, par un échec cuisant : la première annonce de l’OPEP de sa réduction de production, en octobre dernier.
  • Mais dans tous les cas, ce « nouvel axe pétrolier » devrait avoir un impact sur l’inflation. Si l’Arabie Saoudite et l’OPEP arrivent ainsi à faire augmenter le prix du pétrole (en jouant avec les quotas de production et en faisant fi des demandes de l’Occident à produire plus), la baisse des prix de l’énergie pourrait être compromise. Cela malgré les risques de ralentissement économique en Europe et aux États-Unis.
    • Avec les prix de l’énergie élevés à nouveau, les économies occidentales pourraient encore plus voir l’activité ralentir, ce qui serait la porte ouverte à la stagflation.
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