‘Où est la logique?’: des entrepreneurs dénoncent le ‘coronakafka’

Alors que le secteur du commerce au détail peut rouvrir aujourd’hui, certaines entreprises toujours fermées dénoncent les choix ‘arbitraires’ et ‘illogiques’ du gouvernement.

Les magasins de vélos et les fleuristes poussent un soupir de soulagement. Ils peuvent enfin rouvrir aujourd’hui, alors que les quincailleries et les jardineries accueillent des clients depuis le 18 avril. Et cela malgré qu’il soit possible d’acheter des accessoires de vélos dans les magasins de bricolage et des fleurs dans les pépinières. La fédération de la mobilité Traxio et le syndicat neutre pour indépendants avaient qualifié ce traitement de ‘concurrence déloyale’.

Commerces ambulants

Mais l’attente n’est pas finie pour tout le monde. L’incompréhension augmente, notamment pour les vendeurs ambulants présents habituellement sur les marchés. Les différents gouvernements ont décidé de ne pas encore autoriser l’organisation de marchés. Et cela afin de laisser le temps aux communes de se préparer. ‘Nous ne pouvons pas tout ouvrir en même temps’, a déclaré la Première ministre, Sophie Wilmès. Une réouverture des marchés à partir du 18 mai est envisagée.

Les commerçants ambulants ont fait remarquer que les marchés locaux en France ont repris depuis longtemps. Ils affirment aussi que les marchés extérieurs rendent les supermarchés plus sûrs, car moins surbondés. ‘Nous pouvons garantir la même sécurité que les magasins. Pourquoi ne nous fait-on pas confiance?’ se demande la fédération nationale des commerçants ambulants, qui parle de ‘discrimination’. En Wallonie, certains vendeurs désespérés vont jusqu’à proposer de bloquer les enseignes des grandes chaînes de supermarchés.

‘Nous aurions préféré voir les marchés faire leur retour’, a déclaré l’administrateur délégué d’Unizo, Danny Van Assche. ‘Les vendeurs sont prêts à travailler en toute sécurité’. Un petit soulagement tout de même: les étals individuels extérieurs peuvent être autorisés par les autorités locales.

Organisation des salons

Les événements de masse sont eux interdits jusqu’au 31 août, ce qui inclut les festivals mais aussi les grandes conférences. ‘Cela n’a aucun sens de mettre tout le monde dans le même panier’, déclarent les organisateurs de salons. ‘Lors d’un congrès, vous pouvez très bien réguler le flux de visiteurs selon les mêmes règles de distanciation sociale que dans les magasins.’

‘Les salons ne sont pas des événements de masse. Des mesures de sécurité peuvent être mises en place et respectées. Les expositions sont également des leviers pour l’économie. Redémarrons le secteur en toute sécurité’, demande Brussels Expo, l’exploitant des palais du Heysel. Il fait d’ailleurs remarquer que de l’autre côté de la frontière, en Allemagne (plus précisément en Rhénanie du Nord-Westphalie), les expositions et les congrès seront autorisés à partir du 30 mai. Mais il faut dire aussi que l’Allemagne a mieux réussi à contenir l’épidémie et possède une impressionnante capacité de tests.

Décisions locales

En outre, les entrepreneurs font parfois face à des divergences de point de vue entre les communes. Toutes n’interprètent pas les décisions de la même manière. Ainsi, la chaîne de café de Flandre occidentale, IzyCoffee, a été autorisée à vendre du café à emporter à Izegem, mais pas à Tielt ni à Torhout. Ces deux communes considèrent qu’IzyCoffee est un café au sens strict et qu’il ne peut donc pas ouvrir.

‘La presse locale l’a surnommé le « coronakafka ». Les sandwicheries ont été autorisées à vendre un sandwiche à emporter avec un café, mais nous ne pouvons pas vendre du café à emporter avec un sandwiche’, explique son fondateur Bart Buyse. Finalement, il a réussi à convaincre les communes de Tielt et Torhout et les trois commerces peuvent maintenant être ouverts. ‘Tout comme les sandwicheries, les salons de thé et les restaurants qui proposent des plats à emporter.’

De nouveaux cas similaires vont émerger avec la réouverture progressive de l’économie belge, prédit Buyse dans un article d’opinion. ‘Pour y remédier, nous aurons besoin d’un leadership politique à tous les niveaux et d’une coopération entre les mondes politique et économique. Il est logique que les grandes entreprises rouvrent en premier. Mais il ne faut pas oublier les PME et les startups.’

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