L’Indonésie va créer un « Jurassic Park du Dragon de Komodo », malgré un torrent de critiques

UNESCO, population locale, activistes: les lanceurs d’alerte sont nombreux. Mais rien n’y fait. L’Indonésie va bel et bien construire son « Jurassic Park du Dragon de Komodo », au cœur d’un site classé.

Depuis plusieurs mois, l’Indonésie est occupée à construire de nouveaux centres touristiques au sein du parc national de Komodo. La zone, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, abrite l’animal qui porte son nom. On y recense environ 3.000 individus.

Le Dragon de Komodo est le plus imposant lézard du monde. Il peut mesurer jusqu’à 3 m de long et peser jusqu’à 90 kg. Réputé pour être un terrible prédateur, il peut courir jusqu’à 20 km/h, plonger à quelques mètres de profondeur et grimper aux arbres. Ses griffes très puissantes et ses dents acérées lui permettent même de s’attaquer aux buffles. Nul besoin de préciser qu’une seule morsure peut suffire à tuer un être humain, bien qu’il s’y attaque très rarement.

« Pas de danger »

Avec ses nouveaux emplacements touristiques, l’Indonésie a l’intention de développer une « destination écotouristique de classe mondiale ». Les autorités restent assez mystérieuses, mais elles assurent que tout sera conçu en adéquation avec l’environnement, et donc pour ne pas perturber les animaux. Objectif: doubler le nombre de touristes dans la région, pour passer à 500.000 par an.

Depuis que le projet a été annoncé, bon nombre de critiques se sont abattues sur les autorités. La population locale, renforcée par des activistes, a fait part de ses inquiétudes pour leur environnement. Les détracteurs du projet craignent notamment la réaction des Dragons de Komodo, qui n’ont jamais été habitués à des travaux d’une telle ampleur et qui verront l’étendue de leur lieu de vie réduite. Ils ont eu tôt fait de nommer le projet « Jurassic Park du Dragon de Komodo », prêts à user de tous les ressorts et comparaisons pour alerter sur la gravité de la situation.

L’UNESCO elle-même a décidé de se manifester. Elle a souligné le fait que le projet – quels que soient sa nature et ses objectifs – pourrait avoir un lourd impact tant sur les Dragons de Komodo, que sur leur environnement et les habitants de la région. Le mois dernier, elle a demandé à l’Indonésie de fournir une nouvelle étude sur les conséquences possibles de ces constructions touristiques.

À l’automne dernier, des défenseurs de l’environnement avaient publié des photos dénonçant le fait que les Dragons de Komodo subissaient pour la première fois de leur existence le bruit et la pollution des camions envoyés pour débuter les travaux.

Malgré tout, les autorités indonésiennes ont confirmé la tenue du projet, martelant qu’il serait réalisé soigneusement, en harmonie avec l’environnement.

« Ce projet va se poursuivre… il a été prouvé qu’il n’a aucun impact », a encore assuré la semaine passée un haut fonctionnaire du ministère indonésien de l’Environnement.

Après avoir laissé l’UNESCO sans réponse pendant plusieurs semaines, le responsable indonésien a également indiqué qu’une nouvelle évaluation était en cours de rédaction, comme demandé, et que ses résultats seraient publiés en septembre. Au vu de son assurance, tout porte à croire que ses conclusions n’empièteront pas sur le bon déroulement des opérations.

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