Ce sont 200.000 résidents du Royaume-Uni qui ont quitté le pays en 2020. Leur nombre arrive donc au plus bas depuis 2015, malgré la possibilité pour les Européens d’acquérir un statut de résident, temporaire ou permanent. Et les sondages laissent à penser que ce n’est qu’un début.
C’était une des nombreuses conséquences évoquées d’un Brexit, et celle-ci fait partie de celles qui semblent bien se réaliser : les citoyens européens résidant en Grande-Bretagne sont nombreux à choisir de quitter le pays. Le bureau britannique des statistiques (Office of National Statistics – ONS) vient de révéler les chiffres de 2020 de son étude annuelle sur la population insulaire, et ce sont pas moins de 200.000 citoyens de l’UE habitant la Grande-Bretagne qui ont déjà décidé de plier bagage.
L’année précédente, le Royaume-Uni comptait 3,7 millions de citoyens européens sur son sol. L’année où le Brexit est devenu effectif, il n’était déjà plus que 3,5 millions, sur une population totale de 67 millions, en dépit des démarches mises en place par le pays pour garantir la continuité de leur séjour. La Grande-Bretagne met en effet à leur disposition plusieurs options sous le EU Settlement Scheme : les Européens peuvent soit briguer le statut de résident, qui leur donne le droit à vie de résider dans le pays, ou de semi-résidents, ce qui équivaut à une autorisation de séjour de 5 ans qui peut ensuite devenir permanente. Selon le Bureau de l’Intérieur (Home Office), 97% des demandeurs ont pu obtenir un de ces statuts. Mais l’administration affiche un total de 6 millions de procédures enclenchées, ce qui ne colle pas avec le nombre de résidents concernés dans le pays. Une différence difficilement explicable, à part peut-être si un grand nombre de personnes a enclenché des procédures multiples, ce qui serait le cas d’au moins 6% des demandes selon l’ONS. Et environ 60.000 personnes ont manqué l’échéance pour introduire cette démarche, selon le Daily Mail.
La proportion d’étrangers européens dans le secteur britannique de l’emploi a accusé une baisse de 8,7% en juin dernier par rapport au début de la pandémie, vers mars 2020. Le coronavirus est pointé comme un facteur aggravant de cet exode des Européens. A l’Ons, on rappelle que ces données restent sujettes à caution et on tempère: « Il est trop tôt pour dire s’il s’agit de départs temporaires dus à la pandémie et au Brexit ou de la poursuite d’une tendance qui aurait pu se dessiner de toute façon. Au fur et à mesure que nous rassemblerons plus de données, le tableau deviendra beaucoup plus clair ». Il n’empêche que ces départs placent le nombre de résidents étrangers venus de l’UE au Royaume-Uni à son niveau le plus bas depuis 2015.
Selon une étude du Independent Monitoring Authority for the Citizens’ Rights Agreements (IMA) menée sur 3.000 citoyens européens résidants en Grande-Bretagne, un sur trois n’aurait pas confiance envers le gouvernement britannique pour maintenir ses droits, et un sur dix ferait déjà des plans pour quitter le Royaume-Uni.
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