« L’Europe est en danger » : un haut diplomate propose une doctrine militaire européenne

Le responsable de la politique étrangère de l’Union européenn a prévenu mercredi qu’il fallait prendre une décision sur une action militaire commune à l’étranger.

Josep Borrell a déclaré aux journalistes que son premier projet de « boussole stratégique » (stategic compass) est crucial pour la sécurité. Cette boussole doit constituer la doctrine militaire de l’UE et est liée au « concept stratégique » de l’OTAN. Une doctrine militaire décrit les principes qui déterminent la manière dont les forces armées sont déployées. Une doctrine comprend des règles pour la planification, la préparation et la conduite des opérations militaires.

« L’Europe est en danger », a déclaré M. Borrell dans l’avant-propos du document stratégique qui a été envoyé aux 27 États membres de l’UE pour discussion. « Nous devons disposer de capacités rapidement déployables », explique le diplomate dont les propos sont rapportés par Reuters.

Concrètement, l’une de ses idées est une force de crise européenne de 5 000 hommes. Il a toutefois souligné que l’alliance de l’OTAN menée par les États-Unis restait la principale responsable de la défense de l’Europe. Il s’agirait ici d’une force faite sur mesure pour de petites interventions ciblées.

Les ministres des affaires étrangères et de la défense de l’UE se réuniront lundi prochain pour examiner le projet. La décision sera prise en mars au plus tôt.

Pas au niveau américain

Bien que les pays européens disposent d’un personnel militaire bien formé, les ressources sont fatalement réparties sur 27 armées. Les États membres ne disposent pas donc pas des capacités logistiques et de commandement et de contrôle des États-Unis. Pour cette raison, l’UE ne peut pas égaler les capacités de collecte de renseignements des ses alliés

L’Europe est-elle vraiment en danger ? Les diplomates indiquent qu’ils regardent en direction des frontières de l’Europe, notamment par rapport à la situation sur la frontière polonaise. Il n’est pas exclu que des casques bleus de l’OTAN soient entretemps déployés.

La crise migratoire et humanitaire relance une fois de plus le débat sur une capacité militaire commune à l’Europe. Pas pour de grandes opérations militaires de grande envergure à l’étranger mais pour assurer une certaine forme de sécurité intérieure. Néanmoins, de nombreux Etats européens rechignent toujours à voir des troupes étrangères, fussent-elles d’autres pays de l’Union, sur leur sol.

« Les menaces se multiplient »

L’UE fait valoir qu’elle pourrait être un allié plus utile aux États-Unis si elle développait des capacités militaires autonomes. Joe Biden a donné sa bénédiction à ce sujet lors d’une conversation avec le président français Emmanuel Macron le mois dernier.

Le Brexit a peut-être privé l’UE d’une puissance militaire importante. Mais cela donne à la France la possibilité, avec Berlin, de jouer un rôle plus important dans la défense de l’UE.

« Nous avons une responsabilité stratégique. Les citoyens veulent être protégés. Le soft power ne suffit pas », a déclaré M. Borrell. « Toutes les menaces auxquelles nous sommes confrontés sont en augmentation et la capacité des États membres à y faire face est inadéquate et en déclin », a écrit M. Borrell dans l’avant-propos du projet.

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