Les sondages plombent le PS : « Ce n’est pas une bonne nouvelle pour la coalition fédérale »

Le Grand Barômètre IPSOS-RTL-Le Soir-HLN-VTM a fait deux grandes victimes: le PS et l’Open VLD. Soit le parti avec le plus grand nombre de sièges et le parti du Premier ministre, l’axe de la Vivaldi. Au sein de ce même gouvernement fédéral, le prochain point de friction est déjà connu: la prolongation ou non des mesures Corona.

« Ce n’est pas une bonne nouvelle pour la coalition. Et ce n’était déjà pas évident. » Des sources au sein du gouvernement fédéral se sont gratté la tête ce week-end, après un sondage qui a mis en évidence la vulnérabilité des socialistes francophones, et qui a attribué au plus grand parti de la Vivaldi la plus grosse perte : le MR et le PTB-PVDA talonnent désormais le PS. Cela ne rend pas plus stable la construction Vivaldi, dans laquelle le PS a le plus de sièges, mais ne fournit pas le Premier ministre. Beaucoup se posent donc la question suivante rue de la Loi: les socialistes chercheront-ils à marquer au fer « rouge » le gouvernement De Croo I ? Le secrétaire d’État à la Relance Thomas Dermine (PS) réclame déjà 1,2 milliard pour un fonds d’aide aux inondations en Wallonie, dont la moitié devrait provenir de fonds fédéraux.

Dans l’actualité : le sondage de vendredi dernier a eu des répercussions tout le week-end et fait encore des vagues ce lundi.

Les détails : une certaine inquiétude gagne la coalition Vivaldi.

  • « Je suis étonné de l’influence des sondages sur l’humeur et la confiance au sein d’un parti et sur le comportement de certains autres acteurs », a déclaré Joachim Coens, le président de CD&V.
  • Coens restera peut-être toujours l’outsider de Damme, celui qui ne maîtrisera jamais complètement les coutumes de la rue de la Loi, mais sa déclaration est un truisme: les sondages sont importants. Malgré les marges d’erreur, ils donnent des ailes en cas de bons résultats, mais ils incitent aussi à vouloir s’affirmer en cas de mauvais résultats.
  • Et de petits pourcentages sont souvent suffisants. Regardez le CD&V de Coens justement : il y avait une légère euphorie vendredi. Car après les désastreux 10% des sondages précédents, les démocrates-chrétiens flamands sont remontés avec 12,6% pour redevenir le 3e parti flamand. « C’est un soulagement », nous glisse-t-on dans les milieux du CD&V.
  • Le fait que ce sondage soit « statistiquement insignifiant », c’est-à-dire qu’il pourrait tout aussi bien s’agir d’une marge d’erreur, n’a pas d’importance : pour le CD&V, il s’agit d’une avancée et d’un sentiment complètement différent à l’approche de l’automne. On positive enfin.
  • Ce qui est vrai pour le CD&V dans le sens positif l’est aussi pour le PS dans l’autre sens. Les socialistes francophones reçoivent un uppercut. Ils sont retombés à 21,4 % en Wallonie. Dans des baromètres précédents, ce pourcentage était encore de 24,9 %, et même de 26,1 % lors des dernières élections. Le MR, avec 20,3 %, est dans un mouchoir de poche. Le PTB et ses 18,7 % profitent eux de l’ivresse de l’opposition.

Ce que cela signifie : pas grand-chose de bon, pour l’équipe Vivaldi.

  • Ces dernières semaines, l’équipe fédérale a déjà beaucoup souffert. De (trop) nombreuses disputes entre le PS et les libéraux, entre autres, ont éclaté tant au sujet des retraites, que de la réforme du travail ou du budget.
  • Un nouveau sondage apporte maintenant un élément supplémentaire : le plus grand parti au pouvoir est traqué dans sa propre circonscription électorale. Ce n’est jamais une pensée agréable pour une coalition, qui plus est dans la construction maladroite qu’est et reste la Vivaldi. Après tout, avec Alexander De Croo (Open Vld), c’est seulement le cinquième parti de la coalition qui délivre le Premier ministre, alors qu’il doit normalement faire consensus. Des tentatives pour calmer les esprits ne tiennent souvent pas 24 heures.
  • Une telle erreur de construction a également provoqué des tensions au sein de la coalition suédoise : Charles Michel (MR) était Premier ministre, mais pas l’homme qui avait le plus de pouvoir politique à la table.
  • D’ailleurs, les libéraux flamands ne semblent eux-mêmes pas bénéficier de la grande popularité de leur Premier ministre : ils sont bloqués à un maigre 11,4%.
  • Du côté socialiste, il ne faut pas chercher bien loin pour trouver la cause du coup porté vendredi. Ce que nous confirment des sources au sein même du PS : en Wallonie, la colère après les inondations est assez forte. Et le PS, avec le ministre-président en tête, Elio Di Rupo (PS), est considéré comme le principal responsable.
  • Di Rupo a fait du mauvais travail : il n’a pas toujours agi de manière décisive au moment opportun. Il a également commis quelques erreurs médiatiques, d’abord en rejetant avec véhémence une commission d’enquête au Parlement wallon, puis en devant finalement l’autoriser. Le résultat est clair : Di Rupo perd en popularité dans le baromètre des personnalités tant en Wallonie qu’à Bruxelles. Au sein de la famille socialiste, ici et là, « on dit qu’il se fait un peu vieux ». Un refrain connu.
  • Et un PS affaibli en Wallonie est un PS affaibli au fédéral : « Ce n’est pas une bonne nouvelle pour la coalition. Et ce n’était déjà pas facile. Il n’est pas nécessaire d’avoir une boule de cristal pour prédire que le PS sera désormais encore moins enclin à faire des concessions », a déclaré un membre du gouvernement.
  • Au sein du PS, on doit aussi admettre qu’il y a une certaine frustration de la base, des militants, mais aussi du syndicat socialiste. Une chose ressort : ce ne sont pas tant les retraites, la fiscalité ou le budget qui plombe les socialistes, mais une défaite qu’ils ont dû avaler au printemps dernier : l’AIP ou accord interprofessionnel.
  • « À l’ouverture de la nouvelle année de la FGTB, c’était frappant : la loi de 96, qui a été adaptée sous le gouvernement suédois (qui régit les négociations salariales et détermine les marges, ndlr) pèse très lourd sur leur estomac. N’oubliez pas que l’accord a été massivement rejeté par les syndicalistes », entend-on dans les milieux du PS. À coup sûr, le problème reviendra sur la table l’année prochaine lors des prochaines négociations interprofessionnelles.
  • La question est maintenant de savoir dans quelle mesure le sondage du PS pèsera sur les prochaines discussions budgétaires et sur le travail du gouvernement. Entre-temps, le Premier ministre est en train d’élaborer un cadre qui donnera corps à son discours sur l’état de l’Union, dans lequel tous les partis auront leur mot à dire.
  • À cet effet, Thomas Dermine (PS), le secrétaire d’Etat à la Relance, frappe déjà à la table. Dans Le Soir et De Standaard, il réclame des fonds pour la vallée de la Vesdre, durement touchée par les inondations l’été dernier. Le PS veut montrer qu’il prend la reconstruction au sérieux et qu’il peut donc « tenir ses promesses » pour sa région. L’image donnée par une classe politique à réaction après les inondations doit être ajustée.
  • La proposition de Dermine s’inspire du modèle allemand de fonds de solidarité, où toute une série d’inondations a également causé des dégâts massifs. L’idée est de verser un total de 1,2 milliard dans le fonds pour la reconstruction, dont 600 millions proviendraient de fonds fédéraux.

Personnalités: Wilmès superstar.

  • En Wallonie, Sophie Wilmès (MR) continue de surprendre avec des scores très élevés, se situant désormais à 64 % d’avis favorables. C’est loin devant Georges-Louis Bouchez (MR), qui n’atteint que 22% (16e place) et qui a contre lui 57% d’avis défavorables. Seul Bart De Wever (70 %) fait pire en Wallonie. On ne sait pas très bien à qui ou à quoi Wilmès doit cette nouvelle ascension, bien qu’elle ait joué un rôle dans la crise afghane.
  • Le PS doit panser ses plaies. Paul Magnette (43%, contre 46%) et Elio Di Rupo (31%, contre 35%) sont tous deux touchés.
  • À Bruxelles, le PTB-PVDA (15,1%) talonne les socialistes francophones (18,6%) avec une férocité croissante. Di Rupo perd du terrain et Paul Magnette stagne. Ecolo (19%) reste (de peu) en tête, le MR est 3e à 18,5%. Les trois partis sont là aussi dans un mouchoir de poche.

Plus