Les ruses des entreprises de tabac pour contourner l’interdiction des cigarettes au menthol

Alors que la fin des cigarettes au menthol est programmée pour mai 2020, l’industrie du tabac redouble d’imagination pour continuer de fournir aux fumeurs leur dose de menthe.

2020 sera une année charnière pour l’industrie du tabac: l’interdiction des arômes ajoutés aux cigarettes et au tabac à rouler doit tomber le 20 mai à cause de leur nocivité. Souvent jugée à tort comme plus inoffensives pour leur goût ‘light’, les cigarettes au menthol se révèlent en vérité bien plus dangereuses.

Comme l’indique le site tabacstop.be, le ‘bon’ goût de la fumée pousse le fumeur à inhaler encore plus fort, ce qui permet aux substances chimiques de pénétrer plus profondément dans les poumons. Conséquence: le risque de cancers situés plus profondément dans les poumons augmente. D’autant plus que le menthol qui y est ajouté vise à séduire surtout les fumeurs les plus jeunes et à pousser à la consommation.

Dans l’Eurobaromètre spécial 458 de la Commission européenne portant sur l’attitude des Européens à l’égard du tabac et de la cigarette électronique, on constate ainsi que près de la moitié (48 %) des personnes interrogées qui fument au moins une fois par mois jettent leur dévolu sur des cigarettes aux caractéristiques particulières. Si les choix les plus populaires sont les cigarettes sans additif (17%) et les cigarettes légères (16%), le goût menthol (8 %) arrivent en tête des arômes appréciés par les fumeurs.

Special Eurobarometer 458 – European Commission

Petites bandes de carton et cigarillos

Pour contourner cette interdiction, Bloomberg révèle que les entreprises de tabac font preuve de ‘créativité’ pour continuer à vendre ces arômes, d’une façon ou d’une autre. Car si ces cigarettes mentholées représentent moins de 5 % du marché en Europe occidentale, elles génèrent bien 10 milliards d’euros de ventes sur le continent, selon l’analyste d’Euromonitor Jose Becerril.

Imperial Brands, l’un des cinq grands groupes de tabac internationaux et le principal fabricant de tabac au Royaume-Uni, a ainsi commencé à vendre dès janvier des bandes de carton bien particulières. Insérées dans un paquet de cigarettes ou un sachet de tabac à rouler, elles leur procurent le fameux arôme de menthe poivrée.

Imperial Brands

De son côté, la firme rivale Japan Tobacco a eu l’idée de miser sur les cigarillos, pour l’instant exemptés de l’interdiction, en les dotant de capsules qui libèrent du menthol via la pression d’un bouton.

La cigarette électronique au menthol de Philip Morris

‘C’est un comportement honteux de la part des entreprises qui disent ne pas essayer de rendre les jeunes dépendants’, juge Deborah Arnott, directrice générale d’Action on Smoking and Health (Action contre le tabagisme et la santé), une organisation caritative de santé publique qui travaille à l’élimination des dommages causés par le tabac. ‘Si le gouvernement n’agit pas rapidement pour mettre un terme à ces pratiques, nous nous attendons à ce qu’elles se répandent rapidement.’

Deborah Arnott souhaite sans doute que les pouvoirs publics prennent exemple sur la FDA (Food and Drug Administration) américaine qui a déjà interdit la plupart des cigarettes aromatisées et examine désormais les possibilités de réglementer le menthol.

Les mesures de l’UE risquent par ailleurs de conduire les amateurs de menthol vers des alternatives, tels que l’IQOS, la nouvelle cigarette électronique de Philip Morris. Ce dispositif de tabac chauffé est actuellement exempté de l’interdiction. Selon le fabricant, il est moins toxique qu’une cigarette normale… Ce qui reste encore à démontrer. Ce qui est sûr pour l’instant, c’est que la nicotine de l’IQOS atteint très rapidement le cerveau, la rendant d’autant plus addictive…

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