Les pro-corona pass n’ont pas dit leur dernier mot

Georges-Louis Bouchez (MR) en avait fait presque un combat personnel. Il a finalement été soutenu par le Premier ministre qui déclarait à la sortie du Codeco qu’il ne voulait pas d’une ‘société du pass’. Mais quelques poches de résistance n’ont peut-être pas dit leur dernier mot.

Le président du MR a eu la tête du corona pass. En tout cas sa dénomination et sa limitation dans le temps. L’intention du gouvernement et du Premier ministre n’a jamais été d’imposer un pass pour aller au restaurant ou chez le coiffeur, mais un Covid Safe Ticket sera bel et bien mis en place à partir du 13 août pour tous les événements de plus de 5.000 personnes.

Dans le viseur: les festivals Pukkelpop et Tomorrowland, ainsi que le Grand Prix de F1 de Francorchamps. Comment obtenir ce précieux sésame ? Via une attestation que vous pourrez trouver dans votre dossier E-Health ou sur présentation d’un test PCR négatif. Les tests rapides à l’entrée sont également possibles mais font déjà l’objet d’une polémique. Quid des files à l’entrée ? Bref, une date a déjà été arrêtée pour l’expiration du ticket: le 30 septembre. Le monde politique espère que la page de la vaccination sera bien entamée, voire presque tournée à ce moment-là.

Pousser à la vaccination

Un élan d’optimisme qui n’est pas partagé par tous. C’est d’ailleurs l’un des principaux arguments des pro-corona pass, dont font partie le ministre de la Santé Franck Vandenbroucke (sp.a) ou le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort (PS): donner des privilèges à ceux qui sont vaccinés doit pousser ceux qui ne le sont pas à passer à l’action.

En septembre, tout le monde devrait avoir eu le choix de se faire vacciner. C’est là que les choses commenceront à se compliquer comme on l’a vu aux États-Unis ou même en Israël: ceux qui restent sont les plus difficiles à convaincre et ils mettent en danger l’immunité collective.

Mais même dès maintenant, un corona-pass pourrait faire sens, selon ses partisans, pour ne pas bloquer une partie de la population dans ses activités. L’argument de la liberté et de la non-discrimination avancé par les libéraux est en effet tout relatif, comme l’exprime assez justement Elie Cogan, professeur émérite à l’ULB et spécialiste en médecine interne au Chirec-Delta, dans les colonnes du Soir: ‘On est en train d’empêcher les personnes dont l’espérance de vie est limitée biologiquement de se réunir parce que tout le monde n’a pas encore eu l’occasion d’avoir accès à la vaccination. Il n’y a aucune raison d’attendre puisque c’est justement le fait d’atteindre un niveau d’immunité collective suffisant qui permettra de ne plus avoir besoin d’un pass.’

Relance du débat ?

Le ministre de la Santé pourra se reposer sur deux décisions pour relancer éventuellement le débat: d’abord, il doit justement recevoir un rapport la semaine prochaine du commissariat corona. Un rapport qui doit dresser une liste des privilèges éventuels pour les millions de personnes vaccinées. Est évoqué: la possibilité de se rassembler en intérieur pour les vacciner, la fin des tests obligatoires ou encore des périodes de quarantaine après un voyage.

L’autre recommandation, c’est celle quelque peu inattendue du Comité bioéthique de Belgique. Sans en être le premier fan, le Comité ne se montre pas formellement contre le corona-pass. Le Comité énumère toutefois une série de garde-fous : l’alternative (test PCR négatif ou preuve d’une infection passée) doit être gratuite jusqu’à l’accès à la vaccination de tous, les autorités doivent veiller à ne pas laisser s’installer une fracture numérique, ou encore lutter contre les fraudes et le marché noir. En outre, pas question de conditionner l’accès à l’école, à l’hôpital ou dans les commerces alimentaires à l’obtention d’un pass.

Suivant ces conditions, un pass ‘est éthiquement sain’ selon le Comité qui encourage même à donner plus de libertés aux vaccinés: permettre les contacts rapprochés de ces personnes, aussi bien au niveau familial qu’entre amis.

Un corona-pass sera de toute façon d’actualité. Il s’agira du certificat vert européen dont les modalités sont toujours discutées par les Etats membres. Ce pass permettra tout simplement de voyager.

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