Les grands mammifères font un retour spectaculaire en Europe : il y a 30 fois plus de bisons qu’en 1960

Les programmes européens de conservation et une agriculture plus productive qu’extensive ont replacé sur la carte les grands mammifères européens, autrefois au bord de l’extinction.

Dans la première moitié du XXe siècle, il ne restait plus qu’une fraction de la population de mammifères européens. Plusieurs milliers d’années de chasse, de destruction de l’habitat et d’exploitation les avaient conduits à un déclin tragique, et plusieurs espèces ont même été complètement éliminées. Mais au cours des 50 dernières années, les populations de mammifères ont augmenté de façon spectaculaire en Europe, écrit Our World in Data.

Selon la chercheuse Hannah Ritchie, plusieurs espèces de notre région font un spectaculaire retour. Par exemple, les emblématiques bisons d’Europe, ours bruns et élans prospèrent tous à nouveau dans les forêts du continent.

Le bison d’Europe, le plus grand herbivore du continent, avait quasiment disparu au cours des 500 dernières années en raison de la perte de son habitat et de la chasse pour sa peau et sa viande. Cependant cet animal autrefois très répandu en Europe, qui était représenté sur des peintures rupestres dans nos régions il y a des milliers d’années, avait presque disparu au début du XXe siècle. Seules quelques dizaines d’entre eux survivaient en captivité.

Mais le bison européen a survécu et fait même un retour en force. Ces animaux vivent désormais dans dans les États baltes, en Russie occidentale, en Ukraine et même en Allemagne. Au total, il y aurait au moins 2.500 individus sur le continent. C’est au moins 30 fois plus qu’en 1960.

« Grâce à des efforts de conservation fructueux, leur nombre a augmenté à nouveau. Le bison n’est pas seul. Dans le monde entier, nous trouvons des exemples de programmes de conservation réussis qui ont permis de restaurer des populations animales », écrit le professeur Ritchie, responsable de cette étude.

140 fois plus de castors

Our World in Data se base sur une étude réalisée en 2013 par Zoological Society of London, Birdlife International et Rewilding Europe. Ces organisations ont examiné comment les population de 18 espèces de mammifères ont évolué depuis 1960, et Our World in Data a réalisé une infographie remarquable à ce sujet.

Les populations de castors ont fortement augmenté en Europe : elles auraient été multipliées par 140 depuis 1960. Il y a 60 ans, il ne restait plus que 2.400 castors à l’état sauvage. Aujourd’hui, on compte au moins 330.000 de ces animaux en Europe. Et l’étude n’a pris en compte que les pays du continent européen ; dans l’ensemble de l’Eurasie, il y aurait plus d’un million de castors.

Le nombre d’ours bruns a quant à lui doublé en 50 ans, le nombre d’élans a triplé et le nombre de cerfs rouges a été multiplié par cinq. Seul le lynx pardelle, un félin très rare et solitaire exclusif de la péninsule ibérique, a vu ses effectifs diminuer. Pourtant, la dernière décennie a été marquée par de bonnes nouvelles pour ce prédateur : il est passé de la liste des espèces « en danger critique d’extinction » à celle des espèces « en danger » en 2015.

Mettre fin aux activités qui tuent les animaux

Comment les pays européens ont-ils réussi à faire en sorte que leurs populations de mammifères augmentent à nouveau ?

Selon Ritchie, la réponse à cette question est simple: « En un mot, il s’agit de mettre fin aux activités qui tuent les mammifères en premier lieu », écrit-il. Il s’agit principalement de protéger efficacement les animaux contre la chasse, de mettre fin à la surexploitation des ressources naturelles et de réduire la destruction d’habitats essentiels.

Les pays européens auraient également utilisé moins de terres agricoles au cours des 50 dernières années, permettant à la nature de gagner du terrain. « Une productivité agricole élevée est la clé de la protection de la vie sauvage. Nous devons produire plus avec moins afin de laisser la place à l’épanouissement de la faune sauvage mondiale », estime encore Ritchie.

Selon lui, une autre question clé consiste à limiter la chasse aux grands mammifères. La population d’ours en Suède, par exemple, se serait rétablie principalement après que le gouvernement ait introduit un quota de chasse pour les ours en 1981. La Suède a également mis en place des incitations financières pour encourager la protection des gloutons.

L’interdiction de la chasse aux phoques dans toute l’Europe, à l’exception de l’Islande et de la Norvège, a également contribué à augmenter le nombre de phoques de 900 % au cours des 50 dernières années. Aujourd’hui, on compte plus de 165.000 phoques en Europe. Vers 1960, il n’y en avait plus que 16.500.

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