La Russie se braque et réclame des millions d’euros à la Norvège pour 42 rennes ayant pénétré son territoire

La Russie, furieuse que des rennes norvégiens aient franchi sa frontière, demande des millions d’euros de dédommagements à Oslo. Un différend qui pourrait faire sourire… s’il n’avait pas été ponctué par l’abattage de plusieurs dizaines d’animaux.

Dans l’actu : un conflit entre la Russie et la Norvège pour des rennes.

  • La Norvège a annoncé cette semaine qu’elle allait réparer une portion de clôture à la frontière avec la Russie.
  • Une décision motivée par une note plutôt salée envoyée par ses voisins pour entrée illégale sur le territoire russe de la part de… rennes norvégiens.

Les détails : les cervidés saccageraient une réserve naturelle.

  • La Norvège et la Russie partagent une frontière de près de 200 kilomètres. Une bonne partie est délimitée par une barrière, censée empêcher les rennes scandinaves de rejoindre la réserve naturelle russe voisine de Pasvik.
  • Cette barrière anti-rennes existe depuis près de 70 ans. Elle permet d’éviter que les cervidés norvégiens ne viennent manger la mousse et les arbustes et piétiner la végétation du parc russe.
  • Or, cette barrière se fait vieillissante. Sur certaines sections en tout cas. De sorte que les rennes norvégiens parviennent désormais à la franchir allègrement. L’équipe de la réserve naturelle russe en a dénombré 42 qui ont passé la frontière entre décembre 2022 et janvier 2023.
  • Les Russes ont fait les comptes : ils réclament un peu plus de 4 millions d’euros à la Norvège.

Si vous vous demandez comment la Russie peut être certaine que ces 42 rennes sont bien norvégiens, la réponse est simple : il n’y a aucun éleveur russe dans cette région. « Il s’avère que leurs rennes mangent chez nous et que les éleveurs norvégiens les utilisent ensuite pour la viande », a expliqué la directrice de la réserve russe à B-port, un média local. « Si nous avions des rennes sauvages [du côté russe de la réserve], il n’y aurait pas de questions à poser à la Norvège, car il s’agirait alors d’une population commune.

40 des 42 rennes ont été tués par la Norvège

Et maintenant : quelle solution ?

  • Selon un expert indépendant en conservation des zones protégées russes interrogé par le Moscow Times, les arguments avancés par les Russes sont pertinents : les rennes risquent effectivement « d’avoir un impact considérable sur l’écosystème » de la réserve naturelle russe. Leur présence peut provoquer l’érosion des sols et la dégradation de la vie végétale.
  • Toutefois, selon lui, les dédommagements réclamés entrent en contradiction avec un accord russo-norvégien de 1977 qui oblige la Russie à autoriser ces animaux à traverser la frontière russe.
    • C’est donc une première dans cette région, et peut-être même une première mondiale, avance-t-il.
  • Pour l’instant, la Norvège n’a pas encore donné suite à la réclamation russe. Les autorités russes locales ont déjà prévenu qu’elles n’hésiteraient pas à faire remonter l’affaire auprès du ministère russe des Affaires étrangères si le pays scandinave refusait de payer.
  • En attendant, l’Agence norvégienne de l’agriculture a annoncé qu’elle allait consacrer un peu plus de 320.000 euros au remplacement d’une section de barrière d’environ sept kilomètres.
    • La tâche s’annonce périlleuse, car les ouvriers norvégiens devront éviter de poser le pied de l’autre côté de la frontière.
    • « Si un travailleur pénétrait sur le territoire russe sans visa russe, cela équivaudrait à une entrée illégale », a indiqué un responsable norvégien.

Quant aux rennes qui se sont rendus coupables d’immigration illégale, 40 d’entre eux ont été rapatriés en Norvège avant d’y être… abattus, a rapporté l’agence de presse américaine AP. Les deux cervidés restants, toujours perdus dans la nature, devraient bientôt subir le même sort. Pour éviter qu’ils rééditent leur escapade en terre russe.

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