Les combats reprennent entre Arménie et Azerbaïdjan, malgré l’interposition de soldats russes

Depuis cette nuit, les nouvelles se font inquiétantes depuis le Haut-Karabagh, ou Nagorno-Karabakh, une région de Transcaucasie que se disputent l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Des tirs ont été échangés, et au moins un raid par drone a été mené, et ce malgré la présence d’une importante force d’interposition russe.

Appartenant en théorie à Bakou, la région, enclavée dans l’Azerbaïdjan mais majoritairement peuplée d’Arméniens, a proclamé son indépendance (non reconnue par la communauté internationale) à la chute de l’Union soviétique et a repoussé l’armée azérie avec l’aide d’Erevan en 1994-1995. Mais l’Azerbaïdjan a reconquis une grande partie du territoire en 2020, démontrant au passage les nouveaux usages militaires des drones « low cost » qu’on observe actuellement beaucoup en Ukraine.

Les deux camps se rejettent l’agression

Depuis la nuit de mercredi à jeudi, les combats semblent reprendre sur la ligne de front, malgré la présence d’une force d’interposition russe entre les deux anciennes républiques soviétiques. L’Azerbaïdjan a déclaré que ses forces avaient repoussé une attaque arménienne près de l’enclave rapporte Euractiv.

Le ministère azéri de la Défense a déclaré que l’Arménie avait gravement violé le cessez-le-feu en commettant un acte de sabotage qui a tué un soldat. En outre, Bakou a déclaré que ses forces avaient repoussé une tentative arménienne de s’emparer d’une colline dans une zone contrôlée par les forces de maintien de la paix russes.

Nouvelles frappes par drones

« En conséquence, ceux qui combattent pour les formations armées arméniennes illégales ont été tués et blessés », a-t-il déclaré dans un communiqué, exigeant que toutes les troupes arméniennes se retirent de la zone et promettant des contre-mesures « écrasantes » si nécessaire.

En réponse, le ministère arménien des Affaires étrangères a déclaré que l’Azerbaïdjan avait violé le cessez-le-feu en lançant une attaque dans les zones contrôlées par les Russes. Visiblement, l’armée azérie a utilisé ses drones pour mener des frappes sur les positions arméniennes, sans qu’on puisse toutefois être certain de l’ordre de ces événements. Ce jeudi matin, « Le contrôle a été établi sur plusieurs hauteurs importantes », dont des collines, a déclaré le ministère azerbaïdjanais de la Défense dans un communiqué, ajoutant que ses forces étaient en train de fortifier ces positions.

Sans surprise, l’Union européenne a appelé les deux pays au calme et les a enjoint à respecter le cessez-le-feu instauré tant bien que mal en 2020, de même que le Département d’État américain. Pendant ce temps, la Russie a déclaré que la situation dans les zones contrôlées par ses forces de maintien de la paix devenait plus tendue et a signalé au moins une violation du cessez-le-feu par les forces azéries, selon Interfax.

Près de 2.000 soldats russes sur place

Pour les Russes, un risque de reprise des hostilités entre deux pays qui font partie de leur ancienne zone d’influence n’est pas une bonne nouvelle. Car Arménie et Azerbaïdjan sont plus ou moins alliés à Moscou, même si ce dernier pays est devenu un partenaire privilégié de la Turquie, qui lui offre son armement. Alors que l’armée russe se retrouve enlisée en Ukraine et manque drastiquement de troupes fraiches, devoir maintenir le cessez-le-feu dans le Caucase risque de drainer des soldats et de la logistique plus utiles ailleurs. On parle de 1 960 soldats russes en armes, de 90 véhicules blindés et de 380 véhicules à moteur, ainsi que d’unités d’équipement spécial déployés par la Russie sur la ligne de front entre Azéris et Arméniens.

Depuis 2020, la Russie a dû intervenir à deux reprises pour maintenir la stabilité dans les anciennes frontières soviétiques ; la dernière fois, c’était au Kazakhstan, en proie à un début de révolte contre le pouvoir en place. Or, si le Kremlin prouve là sa capacité au déploiement rapide au-delà de ses frontières, Poutine n’a pas besoin de ça alors qu’il a déjà une vraie guerre sur les bras. Même s’il se refuse à l’appeler comme ça.

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