Le tracing en Belgique : encore de nombreuses incertitudes autour de l’app Coronalert

L’application Coronalert a fait l’objet de vives critiques ces derniers jours: résultats du risque aléatoires, difficulté à entrer le code suite à un test, questionnement sur sa réelle efficacité… Bref, on se demande où en est le tracing en Belgique, outil indispensable pour lutter contre une épidémie. Une simple mise à jour de l’application suffira-t-elle ?

Ce mardi midi encore sur le plateau de LN24, Yves Coppieters, médecin épidémiologiste à l’ULB, dressait un constat sans faux-fuyant pour notre pays: ‘On court après le virus. On ne parvient pas à briser les chaînes de transmissions. Et donc le virus circule fort. On n’arrive pas à identifier précisément les foyers pour isoler les personnes contaminées’.

Une Belgique inefficace, la faute à tous

En d’autres mots, le tracing est pour le moment inopérant dans notre pays. Le tracing en Belgique, c’est déjà une longue histoire de couacs. Comme le fut la saga des masques et maintenant du testing. Manque d’anticipation, mauvaise communication, trop de complexité… l’heure n’est plus vraiment à pointer les responsabilités mais plutôt à agir. Après tout, du côté de la population, beaucoup n’ont pas été irréprochables sur le respect des mesures.

La Belgique a d’abord fait appel à des moyens humains, des call centers, qui étaient chargés d’appeler l’entourage des personnes positives, suite à la signalisation d’un médecin généraliste. Le système a très vite montré ses limites. Manque de moyens, de personnel… les chiffres d’aujourd’hui prouvent que le tracing n’a pas été efficace (ce n’est bien sûr pas le seul fautif comme vu plus haut). En Asie, le tracing sert à identifier les foyers et à agir le plus rapidement possible pour isoler les personnes contaminées. Pour empêcher par la suite la propagation du virus. Avec un résultat probant.

L’application

Cela doit être également le rôle de l’application Coronalert. Alors qu’est-ce qui cloche ?

  • Coronalert fonctionne comme suit: vous faites un test chez votre médecin, dans un hôpital ou dans un centre de tests. Vous obtenez ensuite un code à entrer dans l’application. Il doit être saisi par le médecin manuellement. Le patient positif reçoit alors une notification, lui indiquant que – s’il le souhaite – il peut alerter toute personne s’étant trouvée à moins de 1,5 mètre de distance durant plus de 15 minutes.

  • Premier problème: ce code compte 17 chiffres. Ce qui a multiplié les erreurs. Deuxième problème: certains ont tout simplement oublié ou négligé d’encoder le code après le test. Troisième problème: l’application met parfois un certain temps pour enregistrer ce code. ‘Plus de 32 heures plus tard’, indiquent certains internautes. En 32 heures, il peut se passer beaucoup de choses.

  • Résultat: l’application perd beaucoup en efficacité. Au lieu de se mettre en quarantaine, les personnes potentiellement contaminées et asymptomatiques circulent librement.

  • Solution : l’application va recevoir une mise à jour. Il vous sera envoyé un SMS menant à un formulaire qui contient les fameux 17 chiffres. Il s’agira alors d’une simple validation. Le médecin ne devra plus passer son temps à péniblement entrer le code dans l’application.

Lire aussi : Coronalert et vie privée: voici pourquoi l’app ne détourne pas vos données personnelles

Et après ?

Cette mise à jour ne résout évidemment pas tous les soucis. D’abord, l’application a été téléchargée plus de 1.400.000 fois au dernier comptage. Ça peut paraitre impressionnant. Mais c’est inutile si ce million de personnes ne se croise jamais. Et même si l’application est installée, il faut s’assurer que le Bluetooth de votre smartphone soit activé, et mieux encore, votre localisation.

Ensuite, il y a le souci de la nouvelle priorisation des tests vers les cas symptomatiques. Ce qui laisse à l’air libre tous les autres. Les tests des cas asymptomatiques (ou plutôt des personnes ayant été en contact avec des personnes infectées) permettaient d’alimenter l’application en données. Elle en sera privée.

De plus, il faudra compter sur la bonne volonté de ces personnes pour se mettre en quarantaine. On peut supposer que c’était le cas avec les personnes présentant des symptômes. Mais c’est beaucoup moins sûr avec des personnes qui ne sentent pas les effets du virus.

En attendant, cette application ne sera efficace que si le plus grand nombre la télécharge.

Pas encore téléchargé l’application ? Voici le chemin à prendre.

Plus