« La quête de la vie éternelle des milliardaires profitera à toute l’humanité »

Les super-riches n’hésitent pas à dépenser des millions de dollars dans la recherche pour voir la vie humaine prolongée, et ce, malgré le fait que les projets puissent mettre des dizaines d’années à se concrétiser.

Les ambitions des milliardaires du secteur des technologies ne se limitent pas à faire de l’espace le nouvel eldorado du tourisme. Nombre d’entre eux souhaitent également tromper la mort à coup de millions de dollars investis dans la recherche et les technologies. C’est notamment le cas de Jeff Bezos (Amazon, Blue Origin), Larry Page (Alphabet, maison mère de Google) ou encore Larry Ellison d’Oracle (multinationale de technologie informatique) et Peter Thiel de Palantir (entreprise de services et d’édition logicielle spécialisée dans l’analyse et la science des données).

L’ex-PDG d’Amazon aurait d’ailleurs récemment pris part au développement d’une nouvelle startup, Altos Labs, dont l’objectif premier est de rajeunir les personnes, tout en cherchant à leur offrir la vie éternelle.

Une quête réservée aux milliardaires ?

Les super-riches dépensent sans compter dans les médicaments, thérapies et autres technologies sensées prolonger la durée de vie de l’Homme, et ce, alors même qu’aucune percée significative n’est garantie. Vu leurs moyens, ils peuvent se leur permettre. Mais tous ces investissements laissent penser qu’en cas de découverte révolutionnaire, ils seront les seuls à profiter. Du moins, pendant un temps.

“Les technologies qui ne sont initialement abordables que pour les riches deviennent généralement plus largement disponibles avec le temps”, a déclaré Stefan Schubert, chercheur à la London School of Economics and Political Science, à CNBC. Le passé lui donne raison. Au fil des ans, les technologies (PC, GSM, smartphone), activités (cinéma, voyages) et autres biens (voitures, maisons, etc.) inaccessibles au plus grand nombre se sont démocratisés.

Les milliardaires, des cobayes ?

Pour le cofondateur de Skype et investisseur technologique Jann Tallinn, la quête de la vie éternelle des milliardaires profitera à l’humanité dans son ensemble. “Je pense que la mort involontaire est clairement moralement mauvaise, ce qui fait de la quête de la longévité une chose moralement noble dans laquelle s’engager”, a déclaré Tallinn.

Ce dernier comprend le sentiment d’injustice que certains peuvent ressentir lorsqu’un bien ou une activité réservés aux plus riches voit le jour, mais selon lui, exiger qu’un nouveau service soit disponible au plus grand nombre avant même que ce dernier soit concret est contre-productif. Il a également tenu à souligner que « les premiers utilisateurs ont toujours tendance à payer plus et à prendre des risques plus importants que le ‘marché de masse’ ».

Des bienfaits, bien avant la vie éternelle

La recherche pour tromper la mort pourrait mener à de nombreux bienfaits dans le domaine de la santé, et ce, bien avant qu’un élixir de vie éternelle soit trouvé. Il est notamment question de pouvoir réduire l’apparition ou la gravité de certaines maladies liées à l’âge, notamment la démence.

« Prolonger la durée de vie maximale de manière significative à court terme me semble peu probable ; mais identifier et arrêter les facteurs liés au vieillissement qui augmentent la prépondérance et la gravité des conditions liées à l’âge est plus plausible », a déclaré Sean O hÉigeartaigh, codirecteur du Center for the Study of Existential Risk de l’Université de Cambridge, à CNBC.

Une bonne chose pour la Terre ?

Difficile de ne pas se poser des questions sur les conséquences qu’un remède contre la mort pourrait avoir sur la planète. Le fait est qu’à l’heure actuelle, les ressources naturelles de la Terre sont déjà mises à rudes épreuves. La vie éternelle ne ferait que croitre la population mondiale, entrainant de lourdes conséquences sociales, mais aussi climatiques.

Une augmentation de la population mondiale pourrait entrainer une hausse de la pollution anthropique. À quoi bon vivre éternellement sur une planète affublée d’une date de péremption ? Le développement de solutions pour vivre plus longtemps devrait se faire en parallèle de mesures fortes pour protéger la Terre. Un changement sociétal profond devrait également être opéré, notamment vis-à-vis de l’euthanasie. C’est en tout cas la pensée de Sean O hEigeartaigh.

Si la vie éternelle devient une réalité, le droit à choisir sa mort sera en effet primordial.

Dans tous les cas, les investissements de plusieurs millions de dollars dans la recherche pour la vie éternelle ne devraient pas donner leurs fruits avant de très nombreuses années. Les milliardaires qui ont eux-mêmes investi dans ce domaine pourraient, in fine, ne pas en profiter. D’ailleurs, à l’heure actuelle, bien que des pointures telles que Jeff Bezos ou Larry Page y croient dur comme fer, la vie éternelle ressemble encore aujourd’hui à un fantasme. Seul l’avenir nous dira s’ils étaient finalement, là aussi, des visionnaires.  

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