Virgin Galactic, Blue Origin, SpaceX : que nous réserve l’avenir du tourisme spatial ?

Le 11 juillet dernier, l’entreprise américaine Virgin Galactic a réalisé le premier vol spatial touristique de l’Histoire, suivie neuf jours plus tard par la firme Blue Origin, ouvrant ainsi la voie du tourisme spatial aux entreprises privées. À quoi peut-on s’attendre maintenant ?

Pourquoi est-ce important ?

La conquête de l’espace par les entreprises privées annonce une nouvelle ère, celle de la « démocratisation » de l’accès à l’espace. L’objectif premier de ces sociétés privées est en effet de permettre à tout un chacun – moyennant finance – d’accéder aux étoiles. Un objectif plutôt altruiste sur le papier, mais qui se révèle en réalité inaccessible pour la très grande majorité de la population mondiale. De plus, ce type de projet pose de nombreuses questions, notamment à termes de pollution et d’éthique. L’Humain doit-il vraiment tout conquérir ?

Premiers touristes spatiaux, vraiment ?

Le 11 juillet dernier, le fondateur de Virgin Galactic, Richard Branson, et le reste de l’équipage de l’avion spatial VSS Unity se sont envolés pour l’espace, devenant ainsi les premiers touristes spatiaux. Sauf que dans les faits, ce n’est pas vraiment le cas. Bien avant eux, des personnes lambda ont en effet eu la chance de voir la Terre depuis l’espace. Elles ont même posé le pied dans la Station spatiale internationale (ISS).

Au début des années 2000, pour pallier ses problèmes budgétaires, l’agence spatiale russe a en effet autorisé des individus lambda à s’envoler à bord du vaisseau spatial Soyouz vers l’ISS, initiant ainsi le tourisme spatial. Une opportunité extraordinaire qui se chiffrait à des dizaines de millions de dollars, entre 20 et 35.

Ici, les projets développés par Virgin Galactic ou Blue Origin se veulent beaucoup plus accessibles, bien qu’un portefeuille particulièrement bien rempli soit tout de même nécessaire pour observer la Terre depuis l’espace.

Au final, l’expérience n’est pas du tout la même que les voyages spatiaux, elle est beaucoup plus modeste puisqu’elle consiste à s’envoler vers la ligne Karman – frontière entre l’atmosphère terrestre et l’espace –, à rester quelques minutes en apesanteur et à retomber aussi sec sur Terre. Une expérience beaucoup plus courte qui se fait à bord d’un avion spatial et qui n’exige pas de longue formation.

Une offre commerciale en attente

Bien qu’elle vienne de décrocher le titre de première entreprise privée à avoir effectué un vol touristique dans l’espace, la société Virgin Galactic n’est pas encore prête à lancer officiellement son offre commerciale.

Avant de se lancer véritablement sur le marché du tourisme spatial, l’entreprise Richard Branson doit en effet encore réaliser deux vols d’essai d’ici la fin de l’année. Il est également question de quelques modifications au niveau du design de l’appareil, afin de pouvoir augmenter la cadence de vol.

Pour l’heure, Virgin Galactic n’a pas encore indiqué la date à laquelle son offre commerciale sera lancée. Malgré l’incertitude, plus de 600 personnes ont déjà déboursé 250.000 dollars pour s’assurer une place sur l’un des prochains vols de l’entreprise, et ce, bien avant son premier vol réussi. Preuve que le concept séduit. On notera d’ailleurs que l’excentrique milliardaire Elon Musk, fondateur de SpaceX, s’est offert un billet.  

Même son de cloche du côté de Blue Origin. L’entreprise de Jeff Bezos doit encore réaliser plusieurs vols d’essai avant de pouvoir lancer son offre commerciale pour des vols touristiques vers l’espace. Une offre qui ne devrait pas être lancée avant l’année prochaine. Et là encore, les candidats pour les futurs vols spatiaux touristiques à bord d’un engin Blue Origin sont nombreux. Proposée aux enchères, une place pour le vol inaugural de l’entreprise a été vendue 28 millions de dollars.  

SpaceX n’est pas loin

Virgin Galactic et Blue Origin ne sont évidemment pas les seules entreprises d’aéronautique à vouloir prendre part au tourisme spatial. La société d’Elon Musk participe également à la course. Et bien qu’elle ait pris un peu de retard par rapport à ses concurrentes, SpaceX entend bien proposer prochainement sa propre expérience. Ici, il n’est pas seulement question d’un vol suborbital, mais d’une expérience qui se rapproche plus des voyages spatiaux.

Dès septembre prochain, SpaceX souhaite en effet proposer des voyages de plusieurs jours à bord de sa capsule Crew Dragon. Cette dernière effectuera une orbite autour de la Terre toutes les 90 minutes. Un concept quelque peu différent qui rencontre également beaucoup de succès. Les billets des 4 premiers vols sur les 10 prévus sont déjà réservés.

Des projets beaucoup plus ambitieux

Beaucoup d’entreprises privées ont tenté de se lancer dans la conquête de l’espace, malheureusement la majorité d’entre elles ont échoué et abandonné leur projet. Pourtant, de nouveaux projets spatiaux voient régulièrement le jour, plus ambitieux les uns que les autres. C’est ainsi que l’entreprise française Zephalto travaille sur une sorte de montgolfière capable d’élever jusqu’à la stratosphère une sorte de nacelle pour observer la Terre depuis les étoiles. C’est le cas aussi de la société Space Perspective qui vous envoie en l’air à 30 km d’altitude contre 125.000 dollars.

La Russie souhaite revenir sur le marché du tourisme spatial dès 2023, en embarquant à bord du vaisseau spatial Soyouz de nouveaux touristes vers l’ISS. Il est également prévu que l’un d’entre eux fasse une sortie dans l’espace. Côté américain, la maison de production Space Hero veut créer une émission de téléréalité en envoyant des candidats à bord de l’ISS.

Jeff Bezos ne compte pas s’arrêter au tourisme spatial et projette sérieusement de coloniser la Lune, afin d’y implanter nos industries les plus polluantes et donc, de préserver la Terre.

Le fondateur de SpaceX, quant à lui, vise plutôt Mars. Elon Musk rêve en effet de s’installer sur la planète rouge et d’y développer une immense colonie, pour sauver l’humanité.

On peut également citer le projet d’ascenseur spatial de l’entreprise japonaise Obayashi Corp. La firme nippone souhaite en effet relier la Terre à l’ISS via un immense ascenseur spatial. En projet qui parait totalement invraisemblable, pourtant l’entreprise y croit dur comme fer. Elle travaille dessus depuis près de dix ans et a déjà envoyé un prototype dans l’espace. Pour l’heure, les barrières technologiques ne lui permettent pas encore de concrétiser son projet à l’échelle, mais Obayashi Corp vise tout de même l’horizon 2050 pour faire de son rêve une réalité.

Enfin – et la liste est loin d’être exhaustive –, on peut également citer les projets d’hôtels dans l’espace, quintessence du tourisme spatial. Plusieurs sociétés souhaitent en effet construire des hôtels en dehors de l’atmosphère terrestre. Des personnes fortunées pourraient ainsi s’envoler pour l’espace et observer la Terre durant plusieurs jours, tout en profitant des avantages d’un hôtel traditionnel. Des projets particulièrement ambitieux qui devraient mettre plusieurs dizaines d’années à voir le jour.

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