La quête continue pour la planète N°9 de notre système solaire

Découvrir une exoplanète, c’est devenu presque banal dans une carrière d’astronome. Mais celui ou celle qui prouvera l’existence d’une neuvième planète, encore considérée comme hypothétique, au sein de notre propre système solaire – à un jet de pierre à l’échelle de l’espace, donc – s’assurera une place à côté de Galilée dans le grand panthéon des sciences.

Combien de planètes orbitent autour de notre soleil ? La réponse a longtemps été neuf, et c’est ce que la majorité des gens ont retenu de l’école, mais ce nombre a été réduit à huit en 2006, quand Pluton a été rétrogradée au rang secondaire de « planète naine ». Une décision de l’Union astronomique internationale qui n’a pas fait l’unanimité, mais sans laquelle il aurait fallu compter Éris, qui est un quart plus grande, et sûrement d’autres objets lointains de taille comparable. Il faut bien tracer la limite quelque part.

Mais ce n’est pas pour autant que ce chiffre ne changera plus, car les astronomes suspectent depuis longtemps la présence d’une autre planète – une vraie cette fois, et même plutôt massive. Une quête qui commence réellement en 1906 avec les calculs de l’astronome amateur Percival Lowell, qui estime probable qu’un objet massif influence par sa gravité les orbites de Neptune et d’Uranus. Il le nomme provisoirement Planet X, mais il ne l’a jamais trouvé… Tout en lançant les bases de la recherche qui mènera justement à la découverte de la petite Pluton.

Un Graal de l’astronomie

La Planet X, rebaptisée plus fréquemment de nos jours Planet 9, est devenue un Graal de l’astronomie. Avec, pour certains, le même aspect légendaire ; le survol de Neptune par Voyager 2 en 1989 a permis de mieux connaître cette planète, et d’estimer que si son orbite et son influence sur celle d’Uranus semblaient étranges de prime abord, c’est parce que sa masse avait été mal estimée.

Mais les anomalies persistent malgré ces nouvelles données. Des astéroïdes massifs transneptuniens comme Sedna, dont l’orbite a été identifiée en 2004, suivent des trajectoires difficilement justifiables par l’état de nos connaissances. Et d’autres objets similaires présentent ces mêmes bizarreries. La théorie de la Planet 9 revient sur le devant de la scène astronomique.

Au début de 2016, deux chercheurs de l’institut de technologie de Californie ont décrit comment les orbites similaires de six objets transneptuniens extrêmes (OTNE) pourraient être expliquées par la fameuse neuvième planète, et ont proposé une orbite possible, très elliptique, qui passerait entre 59.840 et 119.700 milliards de kilomètres, soit entre 13 et 26 fois la distance entre le Soleil et Neptune. Vraiment très loin donc à l’échelle de notre système. Depuis, d’autres études, plus récentes – la dernière date de 2022 – ont contribué à populariser la théorie de la neuvième planète tout en argumentant en faveur de la probabilité de son existence.

Super-Terre ou petite Neptune

La planète aurait une masse 5 et 6 fois supérieure à celle de la Terre et un rayon de 2 à 4 fois plus grand. Cela en ferait donc une super-Terre si elle est tellurique – solide – ou une sorte de mini-Neptune si elle s’avère gazeuse. Nous essayons de la détecter en recherchant la lumière du soleil qu’elle peut refléter, mais comme elle se situe vraiment très loin, et qu’on ne connait pas ses caractéristiques exactes, autant chercher une touffe de foin dans une fabrique d’aiguilles. D’autant que les fenêtres d’opportunité sont courtes, rappelle Science Alert : il faut encore une nuit sans Lune, au-dessus d’un observatoire idéalement situé pour observer la bonne partie du ciel au bon moment, pour espérer apercevoir le reflet qui la trahira. Bref, la quête n’est pas près de se terminer.

Attention bien sûr : l’hypothèse de la planète 9 demeure encore non démontrée, et ces étranges perturbations dans les orbites peuvent avoir pour origine un autre phénomène inconnu. Planet 9 reste un surnom usuel : tant qu’une planète n’est pas découverte effectivement, elle n’a pas de nom officiel. Une fois découverte, c’est un comité ad hoc de l’Union astronomique internationale qui valide le nom, sur proposition justifiée de la personne qui a fait la découverte. Une belle façon d’entrer dans l’Histoire.

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