La Chine taxe lourdement les vins australiens, Camberra prépare sa défense

La Chine a accentué vendredi sa pression sur l’Australie avec l’imposition de mesures antidumping visant les vins australiens importés, dernier signe des tensions diplomatiques croissantes entre les deux partenaires commerciaux. L’Australie a déjà annoncé qu’elle ‘défendra ardemment’ son secteur viticole et compte saisir l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Dans un communiqué, le ministère chinois du Commerce indique qu’une enquête préliminaire montre que l’industrie viticole chinoise a subi un ‘préjudice important’ en raison d’un dumping sur le vin australien. A compter de samedi, les importations de vin australien seront soumises à des surtaxes comprises entre 107,1 et 212,1%, précise le document.

Le dumping, dont Pékin accuse Canberra, est une pratique qui consiste notamment à vendre à l’étranger à des prix inférieurs à ceux pratiqués sur le marché national.

De son côté, ‘le gouvernement australien défendra vigoureusement ce secteur’ contre cette décision, a déclaré David Littleproud, qui entend ‘épuiser toutes les voies (de recours) possibles via l’OMC’ contre ces surtaxes annoncées vendredi par Pékin.

‘Nous avons dix jours pour faire appel, et nous travaillerons en étroite collaboration avec l’industrie à ce sujet’, a déclaré M. Littleproud, laissant sous-entendre que cette mesure pourrait être politique et liée aux tensions croissantes entre les deux pays.

‘Nous sommes profondément préoccupés par cette situation’, a-t-il ajouté. ‘A la lumière des récents commentaires de la Chine, cela donne l’impression que cette décision est fondée sur autre chose que sur un quelconque acte répréhensible de la part de l’industrie du vin.’

Appel à l’OMC

Littleproud a appelé à des discussions avec la Chine – bien que les contacts au niveau ministériel se soient taris ces derniers mois – mais a déclaré que l’Australie pourrait se tourner vers l’OMC pour obtenir de l’aide.

‘Il est évident que nous allons épuiser toutes les possibilités (de recours) offertes par l’OMC’, a-t-il déclaré.

En vertu des règles de l’OMC, les États membres peuvent demander que les droits de douane ou autres obstacles au commerce soient examinés. Si la mesure annoncée par Pékin était jugée inéquitable, l’Australie pourrait obtenir le droit d’imposer des taxes d’une valeur similaire sur les produits chinois.

Des relations plus que tendues

Les relations entre Pékin et Canberra sont tendues depuis que le Premier ministre australien Scott Morrison s’est aligné sur les Etats-Unis, en appelant en avril à une enquête internationale sur les origines de l’épidémie de nouveau coronavirus.

Fin avril, l’ambassadeur de Chine à Canberra, Cheng Jingye, avait averti que la demande d’enquête australienne sur le Covid-19 pourrait entraîner un boycott de la part des consommateurs chinois.

‘Peut-être que les gens diront ‘Pourquoi boire du vin australien? Manger du boeuf australien? », avait déclaré l’ambassadeur dans une menace à peine voilée.

Les exportations de vin australien vers le pays asiatique ont atteint l’an passé 1,25 milliard de dollars australiens (760 millions d’euros), selon Canberra. C’est le plus grand marché à l’export pour ce produit.

Principal partenaire commercial de l’Australie, la Chine avait déjà restreint les importations de boeuf australien, imposé des droits de douane sur l’orge australien et découragé ses citoyens de se rendre dans le pays.

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