La Chine rit de la situation en Afghanistan et vise Taïwan: « Pas la première fois que les USA abandonnent leurs alliés, et pas la dernière »

Si de nombreux pays décident de procéder à l’évacuation en urgence de leur ambassade à Kaboul, ce n’est pas le cas de la Chine. Pékin entend bien entretenir des « relations amicales » avec les talibans. Dans le même temps, les Chinois regardent la situation avec un air amusé, en profitant pour faire peur à Taïwan.

Si les talibans ont si facilement repris le pouvoir en Afghanistan, c’est car les États-Unis ont rappelé leurs troupes stationnées dans le pays, après vingt années passés sur place. Cible de nombreuses critiques, Joe Biden n’a pourtant aucun remord. Selon lui, ce retrait est « bon pour les Américains ».

S’il y a bien un pays qui ne semble pas dérangé par la situation en Afghanistan, c’est la Chine. Via sa porte-parole de la diplomatie, Hua Chunyin, Pékin a fait part de son intention de cultiver des « relations amicales » avec les talibans. Ceux-ci ont « indiqué à plusieurs reprises leur espoir de développer de bonnes relations avec la Chine », a-t-elle précisé.

La Chine compte-t-elle notamment profiter du lithium et des autres métaux précieux qui sont maintenant dans les mains talibans pour les négocier au nez et à la barbe du reste du monde ? C’est une possibilité à ne surtout pas exclure.

« Un présage du futur destin de Taïwan ? »

Parallèlement, les journaux étatiques chinois se délectent de la situation. Et en profitent pour rire de Taïwan. Depuis de nombreuses années, l’île peut compter sur le soutien des États-Unis dans le cadre des tensions croissantes avec la Chine, qui veut la reprendre sous sa coupe. Washington a même armé Taipei. Mais les Américains seraient-ils prêts à combattre aux côtés des Taïwanais lorsque la guerre contre les Chinois se déclenchera ? C’est peu probable.

Dans cette optique, le retrait de l’US Army en Afghanistan plait à la Chine. C’est ainsi que le Global Times, le principal journal étatique de langue anglaise, n’a pas hésité à lancer de nombreuses piques à l’égard de Taïwan en ce début de semaine.

Dans un article, on lit par exemple que « l’échec des États-Unis en Afghanistan devrait servir d’avertissement aux sécessionnistes de l’île, qui doivent comprendre qu’ils ne peuvent pas compter sur Washington, car l’Afghanistan n’est pas le premier endroit où les États-Unis ont abandonné leurs alliés, et ce ne sera pas le dernier, ont prévenu les experts. »

« La situation en Afghanistan a soudainement connu un changement radical après l’abandon du pays par les États-Unis. Et Washington est parti malgré la dégradation de la situation à Kaboul. Est-ce une sorte de présage du futur destin de Taïwan ? », provoque un autre éditorial.

Dans le Global Times, on retrouve également un dessin de presse représentant un pygargue à tête blanche (autrement dit, les USA) accompagnant la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen vers un fossé. Dans l’article qui suit, le journaliste se réfère à l’histoire des États-Unis, rappelant plusieurs épisodes lors desquels ils ont « abandonné leurs alliés pour protéger leurs intérêts »: abandon des Kurdes en Syrie en 2019, du Sud-Vietnam en 1975 et même… de Louis XIV avant la Révolution française.

« Ils doivent être en train de commander un drapeau chinois »

Le rédacteur en chef du Global Times, Hu Xijin, s’est montré particulièrement provocateur à l’égard de Taïwan. Et pas seulement dans son journal, puisqu’il s’y est également donné à cœur joie sur Twitter.

« Après la chute du régime de Kaboul, les autorités taïwanaises doivent trembler ». « La transition du pouvoir en Afghanistan est encore plus fluide que la transition présidentielle aux États-Unis ». « Les responsables de Taipei doivent doucement commander par courrier un drapeau rouge à cinq étoiles sur le continent chinois. Il sera utile un jour quand ils se rendront face à la PLA (l’Armée populaire de libération, ndlr ». M. Hu a semblé très amusé par la situation.

Les moqueries chinoises sont-elles justifiées ? Pour Randy Phillips, un ancien officier de la CIA qui a travaillé en Chine, en partie.

« Il ne fait aucun doute que la débâcle de l’Afghanistan représente un coup dur pour la crédibilité des États-Unis et ne fera que renforcer la conviction des dirigeants chinois que les États-Unis sont une puissance en déclin et un tigre de papier. Le risque d’erreur de calcul en mer de Chine méridionale vient d’augmenter considérablement », a-t-il analysé, interrogé par NBC News.

Cependant, si son principal journal étatique de langue anglaise ironise, Pékin ne doit tout de même pas prendre la situation à la légère, selon M. Phillips. « Ce développement représente également un défi pour la Chine, dans la mesure où la Chine a bénéficié de la sécurité imposée par les États-Unis dans un pays islamiste fondamentaliste situé dans son arrière-cour », a-t-il rappelé.

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