« La Belgique risque de connaître une longue période de tensions politiques et sociales »

Dans une note adressée à un public international, Philippe Ledent, économiste chez ING Belgique, met en garde contre des troubles sociaux prolongés dans notre pays. « Il n’existe aucun vaccin contre les tensions politiques et sociales en Belgique », écrit-il.

Selon le service de recherche d’ING, les dernières mesures mises en place pour lutter contre la crise du coronavirus vont ralentir l’économie belge, mais l’impact sera relativement limité. L’économiste Philippe Ledent semble plus préoccupé par la perte de confiance vis-à-vis des responsables politiques et par les tensions sociales découlant de leurs décisions.

Le spectacle politique, avec trois comités de concertation en moins de trois semaines et des compromis qui n’ont pas été défendus par la suite, a également été décrit par certains des politiciens impliqués comme « ne valant pas la peine pas d’être répété ».

« Les tensions politiques et sociales que nous observons actuellement pourraient avoir un impact à long terme et rendre plus difficile la prise de décisions sur des questions importantes de politique économique », écrit M. Ledent. Il voit des problèmes émerger dans trois domaines cruciaux :

  • Réforme des pensions: « Une première proposition, pas vraiment convaincante, a été présentée il y a quelques mois. Depuis, il n’y a eu aucun progrès faute de compromis. »
  • Réforme fiscale : Un nouvel impôt sur le revenu des personnes physiques est attendu pour début 2022.
  • Sortie du nucléaire : « Cela déterminera la politique énergétique de l’économie belge dans les années à venir. »

« Les tensions pendant la crise du Covid pourraient laisser des traces, rendant plus difficile tout compromis sur ces grandes réformes », craint l’économiste.

Budget

Et puis il y a le problème structurel qui pèse sur le gouvernement depuis des décennies : les finances publiques chancelantes. Selon ING, il est peu probable qu’une correction soit apportée à l’important déficit public (6,6 % du produit intérieur brut en 2021, et probablement plus de 5 % dans les années à venir), car les interventions drastiques sont politiquement difficiles à vendre dans le climat social actuel.

Pour M. Ledent, le fait que des manifestations des pompiers, du personnel soignant et même des policiers se soient ajoutées à celles contre les mesures sanitaires doit être sérieusement pris en considération. « Ces mouvements illustrent à quel point toute mesure visant à réduire les dépenses publiques ou à influencer le pouvoir d’achat sera politiquement intenable dans les années à venir », conclut-il.

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